1- Définition
Selon la définition qu’en donne la Haute Autorité de santé (HAS), la conciliation médicamenteuse « est un processus formalisé qui prend en compte, lors d’une nouvelle prescription, tous les médicaments pris et à prendre par le patient », qui repose donc « sur le partage d’informations et sur une coordination pluriprofessionnelle ». Son objectif est de prévenir et corriger « les erreurs médicamenteuses en favorisant la transmission d'informations complètes et exactes sur les médicaments du patient, entre professionnels de santé ». Généralement initiée par l’établissement de santé qui reçoit le patient, elle implique les professionnels de soins de ville, les patients et leur entourage et peut être réalisée par le pharmacien d’officine.
2- Faux amis
Assez peu connue dans la pratique à l’officine, la conciliation médicamenteuse est parfois confondue avec le bilan médicamenteux et le bilan de médication. Le bilan médicamenteux est la liste des traitements pris par le patient. Il sert de base à la conciliation médicamenteuse. Quant au bilan de médication, il recouvre une autre pratique qui devrait voir le jour en 2018 : il s’agit d’un entretien structuré entre le patient et le pharmacien d’officine visant à recueillir des informations sur l’observance, la perception des traitements, les modalités de prises et les effets indésirables, dont la synthèse sera transmise au médecin. Il visera les patients de 65 ans et plus en affection longue durée (ALD) et les plus de 75 ans polymédiqués. Le guide de la HAS rappelle aussi que la conciliation médicamenteuse n’est ni une analyse pharmaceutique des ordonnances qui « peut conduire à une intervention pharmaceutique », ni une analyse approfondie des causes d’erreurs médicamenteuses « contrairement aux démarches de gestion des risques a posteriori de type revue de morbidité-mortalité (RMM), revue des erreurs liées aux médicaments et aux dispositifs médicaux associés (REMED) et comité de retour d’expérience (CREX) ».
3- Les étapes
La conciliation médicamenteuse commence par le recueil d’informations auprès de différentes sources (au minimum trois) qui permet de réaliser un croisement des données. Il doit notamment tenir compte d’une automédication éventuelle, de l’historique médicamenteux, d’une possible non-adhérence thérapeutique du patient, des antécédents médicaments, des données biologiques et des allergies. Après recoupement et analyse des données, il est nécessaire de rédiger un bilan médicamenteux. Cette synthèse peut être réalisée par tout professionnel de santé, mais la HAS recommande de confier cette activité « à un membre de l’équipe pharmaceutique ou au pharmacien expert des produits de santé ». Ce bilan doit être validé, il sera ensuite intégré à toute nouvelle prescription ou comparé à la prescription en cours (et actualisé), et pourra servir de base d’échange entre médecins et pharmaciens. Le but est à la fois d’optimiser la prescription, la dispensation et l’administration des médicaments, et d’améliorer l’information du patient et de son entourage.
4- Un guide et des outils
La charge de travail est en grande partie centralisée sur les équipes pharmaceutiques qui effectuaient déjà tout ou partie de cette procédure, mais de manière non formalisée. Afin d’harmoniser la démarche et de la rendre la plus efficace possible, la HAS met à disposition des professionnels de santé une série d’outils : un guide complet comprenant des mises en situation, une fiche de recueil des médicaments par source d’information, une trame d’entretien avec le patient, une fiche de conciliation des traitements médicamenteux pour guider la synthèse et sa validation, une fiche d’information et un plan de prises destinés au patient et à son entourage sur les médicaments à prendre à domicile, et une fiche d’informations destinée aux professionnels de santé ville/hôpital sur les médicaments à poursuivre.
5- L’implication du pharmacien
Comme l’explique Stéphane Honoré, président de la Société française de pharmacie clinique (SFPC), c’est souvent le pharmacien hospitalier qui mène la conciliation à l’arrivée du patient dans l’établissement de soins. Pour lister les traitements administrés au patient en amont de son hospitalisation, il se met en contact avec les professionnels de santé de ville et en particulier avec le pharmacien d’officine. Pour la conciliation de sortie, il est amené à transmettre aux professionnels de santé de premier recours, dont le pharmacien de ville, tous les éléments utiles concernant l’hospitalisation du patient pour assurer le suivi des traitements. Le pharmacien d’officine dont un patient doit être hospitalisé peut aussi contacter les services hospitaliers pour anticiper leur demande. Il aura un rôle important de transmission si le patient change d’établissement hospitalier. « Il faut que nous prenions l’habitude de communiquer entre nous, de nous adresser un patient en expliquant le contexte comme le font les médecins entre eux », note Stéphane Honoré.
6- Formation initiale et continue
La SFPC a mis en place un module de formation continue ouvert à tous les pharmaciens. Professeur de pharmacie clinique à la faculté de pharmacie de Marseille, Stéphane Honoré a inclus un module sur la conciliation médicamenteuse depuis trois ans.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %