LES PHARMACIES le savent, souvent à leurs dépens : il existe de nombreux canaux parallèles, légaux ou non, pour s’approvisionner en médicaments. À la veille du soixante-dixième anniversaire du débarquement de Normandie, un moyen peu conventionnel pour envoyer des médicaments mérite d’être évoqué : les obus d’artillerie. Historien normand, Philippe Bauduin s’est intéressé au ravitaillement des troupes en sang et en médicaments, à une époque où la transfusion sanguine et la pénicilline prennent leur essor et permettent de sauver de nombreux blessés. Le 6 août 1944, lors des grandes batailles qui suivirent le débarquement, des troupes américaines se retrouvèrent encerclées par les Allemands à Mortain, un village de la Manche. Pour venir en aide aux blessés assiégés, d’autres régiments leur envoyèrent alors des médicaments et du plasma placés dans des obus, bien entendu vidés de leur charge explosive, puis tirés au canon en direction des troupes encerclées. Comme l’écrit M. Bauduin, les obus de 105 et de 155 étaient parfois utilisés, sans explosifs, pour envoyer des tracts et de la propagande destinée à démoraliser l’ennemi. La morphine, la pénicilline et le plasma furent solidement arrimés à l’intérieur des obus, et on combla les vides avec… des tablettes de chocolat. Toutefois, les médicaments supportèrent mal le « voyage » et cette action ne fit pas école, même si du plasma fut parfois expédié par les mêmes moyens lors d’autres batailles. Finalement, les encerclés de Mortain furent délivrés le 12 août par une contre-offensive américaine. L’histoire ne dit pas si les artilleurs américains furent influencés, dans leur initiative, par la forme traditionnelle des suppositoires, ni si ceux-ci rendent hommage, de nos jours encore, à la bataille de Mortain…
Souvenirs du débarquement
La drôle d’idée des artilleurs pharmaciens
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Publié le 02/06/2014
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DENIS DURAND DE BOUSINGEN
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3097
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