EN 2011, c’est le Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP) de Nantes qui avait donné l’alerte. Une multiplication d’atteintes cutanées sévères avait été observée après injection intraveineuse du Subutex et de ses génériques, après écrasement puis dilution des comprimés. Un mésusage malheureusement bien souvent constaté avec le produit de substitution aux opiacés. La première tâche du CEIP avait alors été d’identifier les différents types de lésions essentiellement représentées par des dermites livédoïdes allant parfois jusqu’à la nécrose.
Premier constat, ces effets secondaires concernent bien plus largement le mésusage de génériques que celui du princeps. Sur les 27 notifications cutanées, 23 sont en effet réalisées chez des patients s’étant injecté un générique de Subutex, rapporte l’ANSM. Puis, très vite, la question s’impose : qu’est-ce qui justifie cette inquiétante recrudescence de notifications de pharmacovigilance ? Pour le savoir, guidés par un avis de l’ANSM, les spécialistes du CEIP suspectèrent en premier lieu les excipients insolubles des comprimés. Les lésions étant plus fréquentes avec les génériques qu’avec le princeps, cette piste était naturellement privilégiée. Quatre types d’excipients dans les génériques (amidon de maïs, silice, talc et stéarate de magnésium), deux seulement dans le Subutex (amidon de maïs et stéarate de magnésium), les investigations menées visaient donc à chercher le lien de causalité entre la présence de silice et de talc et la survenue des lésions (lire « le Quotidien » du 16 mai 2013).
La preuve par le microscope.
Le CEIP demande donc au service de pharmacologie du CHU de Nantes de mener une étude in vitro sur les différentes suspensions préparées à partir du Subutex et de ses génériques. Sous l’œil du microscope, l’analyse granulométrique est formelle : la taille des particules insolubles est plus élevée et en quantité plus importante dans le cas du générique. Il n’en fallait pas plus pour lancer le chantier de la reformulation. Mission dont s’est acquitté le laboratoire Éthypharm, fournisseur des principaux génériqueurs (Mylan, Biogaran, Sandoz, Arrow et Teva). Sans talc ni silice, la nouvelle formule a subi le même essai (service de pharmacologie du CHU de Nantes), selon un protocole similaire, que celui mené sur les anciennes formules. Ses résultats positifs ont amené l’ANSM à valider la nouvelle formulation comme une alternative satisfaisante.
Les présentations « nouvelle formule » des génériques de la buprénorphine haut dosage devraient arriver dans les officines au quatrième trimestre de l’année.
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