Il y a un an, une trentaine de pharmaciens algériens soupçonnés d'irrégularités dans la délivrance de psychotropes étaient placés sous contrôle judiciaire. L'occasion pour le syndicat algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) d'appeler alors à un encadrement plus strict de ces médicaments. À elle seule, cette affaire résume assez bien le trouble dans lequel se trouve aujourd'hui la pharmacie algérienne qui, confrontée à une réglementation insuffisante ou mal adaptée, conduit certains professionnels au dérapage.
Entorses à la déontologie, horaires de garde mal ou pas respectés, délivrances illicites, en Algérie, le mal est profond. Mais il concerne une infime partie du réseau, s'empressent de préciser les instances professionnelles. Suffisamment toutefois pour justifier une remise à plat du cadre institutionnel. « Un nouveau projet de la loi sanitaire (dont le texte original date de 1985) a ainsi été, pour la 4e fois en 6 ans, soumis à l’assemblée populaire nationale (APN). Même s'il n'a pas encore abouti, ce texte est passé de 280 à plus de 480 articles. Il semblerait qu’il y ait une avancée cette fois », explique au « Quotidien » l'ancien président du SNAPO, Abdellatif Keddad. Vigilants et réactifs, le syndicat et l'Ordre surveillent le projet comme le lait sur le feu. Ainsi, lorsqu'un amendement au projet envisage la suppression pure et simple du monopole de distribution au détail des médicaments, l'appel à la grève est immédiat. Heureusement, les autorités sanitaires se ravisent et confessent une « erreur » d'écriture dans le texte…
Ruptures de stock critiques
L'autre fléau supporté par les officinaux algériens est celui des ruptures d'approvisionnement en médicaments, qui touche actuellement plus de 200 références. Le mal n'est pas propre au pays mais il atteint là-bas des seuils critiques. Le problème, explique Abdellatif Keddad, réside dans le fait que « la connaissance très approximative des besoins en médicaments de la population pénalise l'élaboration des programmes d'importation et la fixation des orientations en matière de production ». En Tunisie, pays voisin, les contraceptifs oraux sont désormais quasi introuvables. Selon l’Association tunisienne des pharmaciens libres, qui craint une aggravation de la pénurie, la faute incombe aux pouvoirs publics qui n’honorent plus leurs dettes auprès des laboratoires. Responsable ou victime de cette situation, le PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie a été limogé en avril dernier…
Au Maroc, où le revenu mensuel moyen des titulaires plafonne à 800 euros, les pharmaciens ont aussi quelques raisons de manifester. Il y a quelques mois, 98 % des officines de Casablanca s'étaient ainsi mises en grève pour protester contre certaines pratiques et surtout contre l'impunité dont jouissent les contrevenants à la déontologie. Plus récemment, une même colère animait les jeunes officinaux sénégalais venus manifester contre le marché parallèle des médicaments et la concurrence déloyale.
En avril dernier, l'Algérie se dotait (enfin) d'une Agence nationale des produits pharmaceutiques et lançait le chantier de l'e-ordonnance pour la prescription des psychotropes. Façon, pour le plus grand pays du Maghreb, d'afficher clairement sa volonté de mieux encadrer une profession en mal de repères.
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