ÉTUDE À L’APPUI, Leclerc lance une deuxième campagne de communication pour réclamer le droit de vendre des médicaments de prescription médicale facultative (PMF). Menée en décembre par le cabinet Bipe, l’étude concerne 30 médicaments et a été réalisée dans cinq villes (comme la précédente enquête de 2009) : Vitry-Sur-Seine (Val de Marne), Rodez (Aveyron), Mont-de-Marsan (Landes), Echirolles (Isère) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Si, en moyenne, les prix ont légèrement baissé (-0,38 %), il existe des disparités. « Sur le même produit, certaines pharmacies ont augmenté leurs prix, quand d’autres les ont baissés. Les comprimés contre le mal des transports ont ainsi reculé de 0,5 % à Clermont-Ferrand mais augmenté de 8 % à Mont-de-Marsan », constate le journal « Le Parisien » qui publie les résultats de l’étude, citant aussi le cas de comprimés contre les brûlures d’estomac qui varient de 1,69 euro à 3,70 euros dans la même ville, Rodez. Il remarque que l’un des produits de l’étude a été déremboursé en 2010 et s’attarde sur une augmentation de son prix de 40 % en un an, « principalement du fait du laboratoire qui compense des baisses de vente ».
Michel-Edouard Leclerc s’appuie sur ces résultats pour étayer sa nouvelle campagne de communication, relayée par des annonces presse, des spots radio et un affichage dans son réseau de parapharmacies. « Il est temps d’ouvrir la concurrence pour rendre du pouvoir d’achat aux patients. Avec notre force de négociation, nous pouvons faire baisser les prix de façon très importante. »
Meilleure visibilité.
Un discours qui provoque une vive réaction de Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO). « Ce type d’études est une méthode éculée de M. Leclerc, consistant à choisir quelques médicaments et à comparer le prix dans quelques officines. Ce qu’il faut comparer c’est l’offre par molécule. Dans le sevrage tabagique, 15 groupes pharmaceutiques sont en concurrence et le pharmacien ne peut négocier le meilleur prix avec tous. En Italie, le prix moyen du Nurofen est de 3,30 euros en pharmacie et de 6 euros chez Leclerc ; je doute de sa capacité à baisser les prix ! »
L’observatoire des prix mis en place par Familles Rurales, dont les derniers résultats ont été publiés le 15 décembre, parvient à des résultats similaires, mais la lecture de l’étude est différente et relève que, « par rapport aux relevés effectués en janvier, les prix des médicaments vendus en libre accès ont pratiquement tous diminué ». Familles Rurales reconnaît également une meilleure visibilité des prix et l’importance du rôle du pharmacien. « Contrairement à ce que dit M. Leclerc, les prix ont baissé de 3 à 4 % ces deux dernières années et sont désormais stables, souligne Gilles Bonnefond. Ce n’est pas le cas du prix fabricant, qui lui a encore augmenté en ce début d’année. C’est pourquoi l’USPO, avec l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France), avait demandé la constitution d’un observatoire des prix qui afficherait les prix fabricants et les prix publics, pour savoir qui fait des efforts sur les prix : les laboratoires ou les pharmaciens ? »
Corridor de prix.
Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), observe que le prix des médicaments a baissé, alors même que les prix à la consommation ont augmenté de 3 à 4 % sur la même période. « Le prix du médicament n’a pas suivi l’inflation et le libre accès a concentré, là où il est mis en place, la baisse des prix. » Quant à la hausse des prix des médicaments déremboursés, l’étude du Bipe se focalise sur un seul médicament déremboursé, qui est par ailleurs fortement concurrencé par une offre générique. « Si on compare produit à produit, il peut y avoir des écarts. La comparaison doit se faire sur une molécule. Le tarif le moins élevé ne concerne pas le même ibuprofène d’une officine à l’autre. La France est l’un des pays où le prix du médicament est le plus faible, y compris en se comparant à des pays qui autorisent la vente hors pharmacie. »
Néanmoins, face à des écarts de prix qui peuvent, dans de rares cas extrêmes, passer du simple au triple, Philippe Gaertner réitère sa proposition de corridor de prix, comme cela existe pour le livre. « Ce qui me désole, c’est de profiter d’une déferlante médiatique contre le médicament pour revenir à la charge. C’est brillant d’un point de vue communication, mais c’est inacceptable dans un contexte où il faut pouvoir garantir la sécurité du médicament. Sur ce plan, la France est l’un des pays les plus sûrs aujourd’hui. »
Des arguments que Michel-Edouard Leclerc n’entend pas : « Notre réseau est prêt, nous employons 210 docteurs en pharmacie dans nos 155 parapharmacies. Si le gouvernement ne nous autorise pas (la vente des médicaments sans ordonnance – NDLR), la Commission européenne l’imposera. » La menace est claire, le lobbying intensif est en cours.
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