1 – Comment se définit un médicament issu de la biotechnologie ?
Les biomédicaments peuvent être d’origine naturelle et faciles à reproduire à l’identique (par synthèse chimique ou biologique) ou issus de sources biologiques modifiées, obtenues par génie génétique. Ce sont ceux-ci, appelés biologiques, qui nous intéressent ici.
2 – Qu’apportent les biologiques à la médecine ?
Des solutions thérapeutiques innovantes aux patients atteints de maladies très graves qui ne bénéficiaient pas de traitements efficaces. Aujourd’hui, plus d’un nouveau médicament sur deux autorisés en Europe est un biologique.
3 - Quel est l’apport des techniques de biotechnologie ?
La technique des protéines recombinantes permet de produire des substances dont la structure est trop complexe pour qu’elles puissent être obtenues autrement. Elle offre aussi une alternative à des substances existantes issues de sources naturelles mais pouvant présenter de graves risques pour les patients, notamment des risques infectieux comme on l’a vu avec l’hormone de croissance issue d’hypophyses bovines.
4 – En quoi les médicaments biologiques diffèrent-ils des médicaments chimiques ?
Ils sont beaucoup plus complexes par leur taille et leur structure. Par ailleurs, alors qu’en chimie classique un fabricant peut modifier sensiblement ses procédés industriels sans que le produit fini en soit affecté, c’est en général impossible avec les biomolécules : les organismes vivants qui produisent les substances sont extrêmement sensibles à de légères variations des procédés de fabrication. Le procédé n’est pas séparable du produit.
5 – Que représente le marché des médicaments biologiques ?
Aujourd’hui, plus d’une centaine de molécules de biotechnologie sont disponibles, qui représentent en France environ 25 % du marché pharmaceutique total. C’est un marché en croissance (de 3 à 4 % par an) alors que le marché pharmaceutique total stagne, voire régresse depuis 2011. Sur les 20 produits les plus vendus en officine, 6 sont biologiques.
6 – Qu’est-ce qu’un biosimilaire ?
Comme tous les produits pharmaceutiques, les biologiques sont protégés par des brevets pendant 20 ans, après quoi ils tombent dans le domaine public et peuvent être copiés. Dans le cas des molécules chimiques, les copies sont des génériques et dans celui des biologiques, des biosimilaires.
7 – Pourquoi les biosimilaires ne sont-ils pas des génériques ?
Parce que, contrairement aux génériques, il ne suffit pas de constater une similitude moléculaire par rapport à la référence pour être certain de la similitude de leur profil efficacité/risque, c’est-à-dire de la similitude des effets thérapeutiques. Cette similitude doit être évaluée au cours d’un processus d’enregistrement autrement plus contraignant que celui des génériques. Les lignées cellulaires d’origine, le réglage des bioréacteurs, les conditions d’obtention et de purification des produits peuvent induire des modifications dans la structure tridimensionnelle des produits, les profils de glycosylation, les rapports acido-basiques, etc. Autant de modifications qui, même légères, peuvent modifier la pharmacocinétique du médicament, son efficacité et surtout son immunogénicité.
8 – Quel est l’état de la réglementation des biosimilaires dans les autres pays ?
Le Japon et surtout l’Europe ont mis en place très tôt un cadre réglementaire et publié des guidelines. Les États-Unis sont en retard, les discussions portant simultanément sur les critères de similarité des produits et sur les conditions de leur interchangeabilité, c’est-à-dire de la possibilité de remplacer la molécule originale par son biosimilaire chez des patients déjà traités par la première. Les agences européenne et japonaise ont fait le choix judicieux de séparer les deux questions. Elles ont établi des cadres pour l’enregistrement et la mise sur le marché des biosimilaires, mais laissé ouverte la question de leur substituabilité, sinon dans son principe du moins dans ses modalités.
9 – Quelle dénomination pour les biosimilaires ?
Pour l’instant, la plupart des biosimilaires sont désignés par des noms de marque propriétaire comme les produits de référence. L’OMS recommande qu’ils reçoivent la même DCI que le produit princeps, mais ce système de nomenclature fait débat car le biosimilaire n’est pas la reproduction exacte du médicament princeps et pourrait provoquer des substitutions accidentelles. En outre, le fait d’adopter des noms différents permettrait d’assurer une meilleure traçabilité des traitements reçus par les patients.
10 - Quels biosimilaires sont actuellement sur le marché ?
En France, seulement 3 molécules ont été officiellement « biosimilarisées » et commercialisées : Génotorm, une somatropine (hormone de croissance) de Pfizer ; Neupogen (filgrastim), facteur de croissance hématopoïétique Amgen ; et Eprex, une époïétine-alpha de Janssen.
11 – Quelles sont les parts de marché de ces biosimilaires ?
Elles dépendant du contexte concurrentiel mais aussi de l’opinion des prescripteurs, différente selon le traitement, et varient donc d’une molécule à l’autre. En France, par exemple, ils représentent plus de 60 % du marché du filgrastim en ville comme à l’hôpital, mais à peine 20 % du marché ville pour l’érythropoïétine et la somatropine.
12 – Quels sont les prix des biosimilaires par rapport aux biologiques de référence ?
En raison de la relative lourdeur de leurs conditions de développement et d’enregistrement et de la complexité du processus de production biotechnologique, les différences de prix sont très inférieures à celles que l’on observe avec les génériques. En France, elles sont de l’ordre de 15 à 25 %. Cela étant, compte tenu du niveau de prix des biologiques, des écarts relativement réduits peuvent entraîner des gros écarts en euros.
13 – Quelles sont les perspectives de développement des biosimilaires ?
D’ici à 2020, les brevets des « molécules vedettes » Enbrel, Humalog, Mabthéra, Rémicade, Lantus, Neulasta, Herceptin, Avastin, Erbitux, Lucentis, tomberont dans le domaine public. Sur la base du chiffre d’affaires 2012 généré par ces 10 produits, c’est entre 500 millions et 1 milliard d’euros par an qui pourraient être économisés en France.
14 – Quel cadre juridique pour les biosimilaires en France ?
Les pouvoirs publics français, pionniers en la matière, ont, par le biais de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2014, autorisé la substitution des biosimilaires par les pharmaciens d’officine, mais seulement en initiation de traitement, et prévu la création d’une liste de référence des biosimilaires. Le pharmacien devra informer le prescripteur de la substitution.
15 – Existe-t-il d’autres moyens que la substitution pour encourager le développement des biosimilaires ?
La substitution n’est pas une condition nécessaire au développement des biosimilaires comme le montrent les exemples de l’Allemagne et du Japon. D’ailleurs, la France occupe une place intermédiaire la situant parmi les pays où les biosimilaires ont d’ores et déjà, sans mesure incitative, gagné des parts de marché respectables. La procédure complexe prévue par la LFSS risque même d’être contre-productive. On peut aussi redouter que les patients assimilent les biosimilaires à des génériques, ceux-ci faisant l’objet de polémiques récurrentes, qui pourraient être limitées par le maintien d’un statut de produits de prescription.
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