DANS UN CONTEXTE de rigueur budgétaire, le gouvernement décide de ramener l’ONDAM* pour 2012 à 2,5 %, contre les 2,8 % envisagés dans un premier temps. Concrètement, François Fillon cherche à réaliser 500 millions d’euros d’économies supplémentaires sur le budget de l’assurance-maladie. Des économies qui viennent s’ajouter à celles prévues par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012 initial. Une mauvaise nouvelle pour l’officine dont la situation économique est déjà chancelante. Car, pour tenir ses objectifs d’économies, le gouvernement compte essentiellement mettre à contribution l’industrie pharmaceutique, à hauteur de 960 millions d’euros. Comment ? En exerçant une pression sur les prix des médicaments de marque, mais surtout des génériques.
10 000 euros par pharmacie.
« On consomme trop de médicaments en France et ils sont trop chers, insiste le ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Il y a donc des économies à faire de ce côté-là. » Parallèlement, le renforcement de la maîtrise médicalisée des dépenses, l’instauration de nouveaux TFR, les déremboursements de spécialités et la modification de la marge des grossistes répartiteurs, sont autant de mesures qui corsent encore un peu plus l’addition pour les pharmaciens. « Malgré une croissance de 200 millions d’euros, l’ardoise pour l’officine l’année prochaine est de 230 millions d’euros, soit 10 000 euros par pharmacie en moyenne », calcule Philippe Besset, président de la commission économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un coup de massue. « L’impact sur la profession est complètement disproportionné, estime ainsi le président de la FSPF, Philippe Gaertner. L’officine supporte à elle seule 15 % des économies prévues par le plan de rigueur, alors qu’elle ne représente que 2,91 % du budget. » « Les dispositions envisagées sont dures et injustes pour le réseau, puisqu’elles se concentrent sur le poste qui était le plus maîtrisé », renchérit Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Une perche pour Leclerc.
Une autre disposition du plan de rigueur inquiète les syndicats d’officinaux, l’augmentation du taux de TVA de 5,5 % à 7 % pour les spécialités conseil. « Si nous ne remettons pas en cause la volonté d’un nécessaire retour à l’équilibre des comptes sociaux, nous contestons le traitement différencié des produits de santé de premiers recours par rapport aux autres produits de première nécessité, indique la FSPF. La santé n’est pas un bien de moindre importance. » Avis partagé par l’USPO pour qui « cette augmentation va limiter encore plus l’accès aux soins de l’ensemble de la population ». « Je comprends qu’il faille rechercher des économies, mais je ne suis pas certain que les mesures envisagées produisent véritablement l’effet escompté », souligne pour sa part Michel Caillaud, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). En effet, le relèvement du taux de TVA va augmenter mécaniquement le prix de médicaments intégrés dans un parcours de soins à la charge des patients. Du coup, ces derniers auront peut-être tendance à vouloir se reporter sur les spécialités remboursées par l’assurance-maladie. À moins que ce ne soit une perche tendue à Michel Édouard Leclerc, toujours prêt à mettre des médicaments dans les rayons de ses supermarchés. La rigueur, oui, mais pas à n’importe quel prix, semblent dire les syndicats.
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