Partant du principe que l’usage du paracétamol « émousse » la réponse immunitaire attendue après un vaccin, des chercheurs français se sont penchés sur son effet chez des patients sous immunothérapie. Dans une étude regroupant trois cohortes de patients atteints de divers cancers à des stades avancés, ils ont ainsi mis en évidence qu’un niveau de paracétamol détectable dans le plasma au moment de la mise en place d’un traitement par immunothérapie était associé à un résultat clinique significativement moins bon chez les patients sous inhibiteur de checkpoint. Ce qui suggère que le paracétamol « diminue l’immunité tumorale médiée par les lymphocytes T », analysent les auteurs.
L’équipe note que dans la cohorte CheckMate 025, à laquelle participaient des patients atteints d’un cancer du rein et traités par l’anti-PD-1 nivolumab (Opdivo), la survie globale était significativement plus faible chez les patients qui ont pris du paracétamol. Dans la cohorte BIP portant sur les altérations moléculaires et les traitements précoces bénéfiques dans le cancer, aucun des patients ayant pris du paracétamol n’a répondu à l’immunothérapie, contre 30 % chez les autres malades. Enfin, dans la cohorte PREMIS, consacrée aux marqueurs prédictifs d’effets indésirables immunitaires chez les patients sous un traitement stimulant l’immunité, les chercheurs observent une plus faible survie médiane sans progression tout comme une plus faible survie globale médiane chez ceux qui ont pris du paracétamol, qui était respectivement de 2,63 mois vs 5,03 mois et 8,43 mois vs 14,93 mois.
Une pratique à reconsidérer
Les chercheurs ont publié les résultats de leur étude dans les « Annals of Oncology » le 30 mai dernier et les ont présentés début juin au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) à Chicago. Une présentation qui a provoqué quelques inquiétudes au sein de la communauté scientifique, selon Medscape, une oncologue polonaise dans l’assistance soulignant que le centre anti-cancer dans lequel elle exerce effectue systématiquement un prétraitement par paracétamol avant toute immunothérapie. Une pratique qui devra être reconsidérée ? À voir, répond une autre cancérologue, l'Américaine Margaret Gatti-Mays, qui juge que l'étude présentée a le mérite de soulever certaines hypothèses, mais qu'il est encore trop tôt pour exclure toute utilisation du paracétamol.
Elle rappelle par ailleurs qu'une étude récente a aussi pointé du doigt les corticoïdes, les antibiotiques et les inhibiteurs de la pompe à protons car leur utilisation réduit la réponse obtenue avec l’anti-PD-1 pembrolizumab (Keytruda) dans le cancer du poumon non à petites cellules. « Les médicaments couramment utilisés peuvent avoir un impact plus important sur l'efficacité et la toxicité du blocage des points de contrôle immunitaire que ce qui a été observé historiquement avec la chimiothérapie », conclut le Dr Margaret Gatti-Mays.
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