S’il pèse ses mots et refuse de mettre en cause une doctrine, le Pr François Chast n'admet pas l'idée de rembourser des médicaments homéopathiques. « Le postulat est de rembourser un médicament qui a fait la preuve de son efficacité et de son innocuité », rappelle-t-il, soulignant que les produits homéopathiques n’en ont pas fait la démonstration. Opposé à toute forme d’interdiction, il accepte le principe d'une autorisation des produits homéopathiques mais ne cautionne pas leur remboursement, même partiel, par la communauté nationale. Et le faible coût des tubes de granules n’influence en rien son jugement, d’autant qu’il n’est pas convaincu par la pertinence de l'argument. Et de citer une étude parue dans « Plos One » il y a un an sur près de 45 000 patients dont la moitié était traitée avec des médicaments homéopathiques et l’autre moitié avec des traitements classiques. Résultat : le coût global de santé (incluant le nombre de consultations, d’hospitalisations, de recours aux urgences) était de 20 % plus élevé chez les patients traités par homéopathie.
La réaction de certains doyens d’université de suspendre le diplôme universitaire (DU) d’homéopathie ne le surprend pas. « Vu le niveau scientifique général demandé aux étudiants, il n’est pas illégitime que les doyens se penchent sur le contenu de l’enseignement. » Il regrette, en revanche, l’absence de réactions du monde de la pharmacie sur la question, qu’il soit universitaire, académique ou ordinal. « La pharmacie doit se poser les mêmes questions que la médecine sur ses pratiques, sur la légitimité de conserver une AMM à certains médicaments, sur le fait de voir chaque hiver des officines annoncer l’arrivée du "vaccin homéopathique". L’Ordre devrait réagir pour protéger les patients de tout charlatanisme, ne serait-ce qu’en agissant auprès des pharmaciens responsables – donc inscrits à l’Ordre – des entreprises qui commercialisent ces produits en utilisant un vocabulaire plein d’ambiguïté. »
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