États-Unis

Quand l’interdiction de l’IVG limite l’accès aux médicaments

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Publié le 07/10/2022

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Une jeune fille atteinte de polyarthrite rhumatoïde et d’ostéoporose a essuyé un refus de délivrance de son traitement, pourtant prescrit, en pharmacie. La raison : le méthotrexate peut être utilisé pour mettre fin à une grossesse. Or l’Arizona, où vit cette adolescente de 14 ans, fait partie de la quinzaine d’États ayant interdit l’interruption volontaire de grossesse (IVG) depuis que la Cour suprême américaine a supprimé le droit d’avorter de la constitution, laissant la liberté à chaque État de légiférer sur la question.

L’histoire est rapportée par l’adolescente, Emma Thomson, dans les colonnes du quotidien britannique « The Independent » : moins de 48 heures après l’adoption d’une loi interdisant l’IVG en Arizona, une pharmacie a refusé de délivrer le traitement prescrit par son rhumatologue, le méthotrexate pouvant être utilisé pour avorter. La pharmacie « n’a pas regardé mon historique » et « a juste refusé ma prescription à cause de mon âge », raconte Emma Thomson, qui s’est présentée pour un renouvellement.

Atteinte de polyarthrite rhumatoïde et d’ostéoporose, elle explique : « Toute ma vie, je l’ai passée à entrer et sortir d’hospitalisation, je n’ai jamais pu aller à l’école jusqu’à l’année dernière, je n’ai jamais pu faire du vélo… » Pour son médecin, Deborah Jane Power, il ne fait aucun doute que ce refus de délivrance n’aurait pas eu lieu si c’était à un homme qu’elle avait prescrit du méthotrexate. « Mes 25 ans d’expérience en tant que médecin, ce que j’ai appris, ce pour quoi je me suis formée, toutes les heures passées à étudier, tout cela est balayé par des législateurs ! », s’est-elle offusquée. D’autant, ajoute-t-elle, qu’un long travail sur plusieurs années a été nécessaire pour parvenir à une bonne gestion de la douleur chez cette patiente et que l’équilibre obtenu avec son traitement lui permet enfin d’aller au lycée.

Welcome to AZ. Today a pharmacist denied the MTX refill for my adolescent patient. She's on 5 mg/wk to prevent AHCA Ab production. MTX denied purely because she's a female, barely a teenager. Livid ! No discussion, just a denial. Now to fight for what's best for this pt.
— Deborah Jane Power (@bonespower) September 27, 2022

Selon Emma Thomson, « ils essaient de forcer toute femme à présenter un test de grossesse pour obtenir leur médicament, c’est vraiment injuste ». Son médecin s’inquiète de l’impact de la loi sur le comportement des pharmaciens qui « ne veulent pas risquer de se retrouver dans une bataille entre l’État et les personnes à la recherche de ce médicament ». Quant à la mère de l’adolescente, elle craint qu’une modification du traitement ne soit la seule solution, alors qu’Emma, grâce au méthotrexate, « va à l’école pour la première année de sa vie, n’est pas en fauteuil roulant, a une vie sociale et des amis pour la première fois, une vie que tous les jeunes gens devraient avoir (…) Et on ne sait pas si un traitement différent fonctionnera ».