LES CHIFFRES sont là : d’après une énième enquête, pour 6 maladies chroniques, le taux d’observance avoisine 40 %. Pertes financières estimées à 9 milliards d’euros chaque année ! On le sait depuis longtemps, mais ce constat devient de plus en plus accablant pour une majorité de professionnels de santé. D’où la multiplication des initiatives.
Ateliers ETP, entretiens pharmaceutiques, accompagnements téléphoniques portent leurs fruits, même s’il est sûr que le milieu hospitalier recrute beaucoup plus facilement que le milieu libéral et pour cause : les patients n’ont pas le choix ! Plus problématique : la promotion d’outils connectés : piluliers high-tech, applications mobiles qui rappellent les prises de médicaments, avec amendes ou incitations financières, jusqu’au gain de bons de réduction auprès de commerçants partenaires expérimenté aux USA… On le voit, les risques de dérapage ne manquent pas dans notre société consumériste.
Et pourtant, ces aides pédagogiques et techniques sont utiles pour permettre au patient de commencer à devenir acteur de sa santé. Avancer dans la compréhension de son traitement est indispensable pour l’accepter. Quant à respecter des traitements lourds avec x comprimés à prendre 2 heures avant le repas, au moment des repas, une heure après…, un signal de rappel peut être fort appréciable. Mais ces aides ne peuvent qu’être complémentaires à un suivi personnalisé. Chaque patient reste singulier et demeure un sujet pensant. Renvoyé seul par exemple avec un outil impersonnel et souvent conçu pour le surveiller, sa liberté refera tôt ou tard surface, son désir d’autonomie le rappellera à l’ordre.
Car la personne atteinte d’une maladie chronique doit se mettre en chemin dans un travail d’acceptation de sa maladie et trouver les ressources en vue de l’acquisition de nouvelles habitudes de vie. Subsistera toujours à un degré plus ou moins important l’ambivalence liée à notre nature humaine. Qui n’a pas entendu par exemple ces réflexions de la part de la même personne : « J’en ai marre d’avaler tout ça », et quelque temps après : « Je dois prendre soin de moi pour m’occuper de mes petits-enfants. » Ces allers et retours dans la motivation à se soigner sont constants. Cette ambivalence doit être écoutée et réécoutée plus d’une fois. Pour chacun de nous, tels que nous sommes constitués, la relation prime par rapport à l’outil aussi sophistiqué soit-il.
Dans le soin à prendre auprès de chaque patient, c’est cette relation qui doit être soignée dans la durée. C’est par elle que passent notre compétence scientifique et technique, mais aussi notre engagement par le dialogue auprès des personnes, le tout développant progressivement le climat de confiance que tous les patients attendent. Chaque soignant doit se rappeler qu’il lui est indispensable de procéder à un décentrement tel que, pour le patient, « ces deux petits mots que sont : ma vie », selon l’expression du philosophe Gabriel Marcel, seront pris en considération.
Chacun de nous opère tout au long de sa vie un travail personnel de structuration et de maturation. Celui-ci peut passer par l’expérience de la maladie, occasion parfois bien douloureuse de grandir en humanité. Et le pharmacien, comme tout soignant, peut être cet autre qui accompagne le patient dans ce processus. Mais qui dit que cette relation soigné–soignant ne peut pas devenir à son tour pour le soignant occasion de maturation personnelle ?
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