Alors que le nombre de cas de COVID-19 augmente régulièrement et rapidement en France, l'équipe de la Pharmacie du Marché passe beaucoup de temps à rassurer les patients. L'effectif est serré et l'activité est intense ; chaque membre essaie de servir le mieux possible tout en maîtrisant le temps passé avec chaque personne. Julien s'apprête à accueillir la patiente suivante quand le téléphone sonne. Il s'excuse et va répondre. Jean-Paul le remplace aussitôt pour ne pas la faire attendre. Quand il découvre l'ordonnance, il écarquille les yeux et regarde la femme qui se tient devant lui.
- C'est une blague ?, lance-t-il avec son ironie habituelle.
- Comment ça, c'est une blague ?, répond la cliente, sans un sourire.
Sur l'ordonnance, le médecin a inscrit la mention "Non substituable MET" devant chaque ligne de médicaments, alors qu'il s'agit d'antihypertenseurs, de clopidogrel et de zopiclone.
- Ça va pas marcher, explique Jean-Paul en pointant du doigt la mention manuscrite. En plus, c'est pas MET mais MTE.
- Je m'en fiche. Je ne comprends rien à ce que vous me racontez. Vous ne me donnez pas les génériques, c'est tout.
- Alors je vous fais payer !, répond du tac au tac le remplaçant.
- Sûrement pas. Je ne paierai rien. Faudrait quand même vous mettre d'accord, les pharmaciens et les médecins ! La dernière fois, on m'a dit qu'il fallait inscrire une de ces trois mentions pour ne pas avoir les génériques, reprend la cliente sur un ton de plus en plus désagréable, en sortant un papier de sa poche.
Sur la feuille, quelqu'un avait en effet écrit les trois mentions recevables pour justifier le refus de substitution.
- Eh bien je ne sais pas qui a écrit ça, Madame, mais c'est une ânerie. Vos médicaments n'entrent pas dans ces catégories. Donc c'est soit le générique, soit vous payez ma belle !
- Mais je ne veux pas de vos poisons de génériques et je ne suis pas votre belle, s'énerve son interlocutrice. Appelez-moi votre patron.
- Si vous croyez qu'elle n'a que ça à foutre la patronne, à devoir gérer des petits caprices de cliente insupportable ! On a une crise sanitaire sur le dos, des grippes, des angines, des cancers, et vous venez faire votre caca nerveux parce que vous ne voulez pas débourser 10 euros ? Vous êtes sérieuse là ?
La cliente n'en croit pas ses oreilles ; le remplaçant poursuit :
- Et puis je ne vous permets pas de m'insulter.
- Mais je ne vous ai pas insulté ; c'est vous qui êtes grossier.
- Si ! Vous m'avez insulté, moi et mes confrères ; vous avez dit que vous ne vouliez pas des poisons de génériques. Si je vous donne du poison, ça veut dire que je suis un assassin. Sachez Madame, puisqu'on dirait que vous n'êtes pas sortie de Saint-Cyr, que le pharmacien est justement le gardien du poison !
Dans la pharmacie, personne ne bronche. La cliente se trouve prise à son propre piège ; elle reprend son ordonnance et se prépare à partir. Finalement, elle change d'avis et revient au comptoir, jouant sa dernière carte :
- Mais pourquoi le médecin a écrit cela alors ?
- Parce que vous lui avez demandé et qu'il voulait avoir la paix. Bon, on va essayer de trouver une solution pour vous, si vous faites un effort de votre côté.
Julien, resté en retrait, a tout entendu. S'il trouve la méthode de Jean-Paul un peu musclée, il est admiratif de son aplomb.
(À suivre…)
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