En juin prochain, la Haute Autorité de santé doit se prononcer sur le bien-fondé du remboursement de l’homéopathie. Un avis qui, s’il est négatif, pourrait amener le gouvernement à dérembourser ces médicaments. Cette possibilité inquiète bien entendu le Laboratoire Boiron et ses salariés, dont certains, à l’usine de Reims, ont manifesté fin avril en blouses blanches et banderoles, pour « sauver l’homéo et ses emplois ». Sur le site du « Quotidien du pharmacien », les professionnels de santé se sont également exprimés sur les conséquences d’un déremboursement.
Hausse des prix
Déjà, certains soulignent la hausse des prix des petits tubes qui en découlera. Pragmatique, Guillaume N., pharmacien, indique que « généralement, suite à un déremboursement, la TVA change, donc le prix aussi ». Mais ce ne sera pas la seule hausse de tarif répercutée, les laboratoires n’hésitant pas à augmenter leurs prix lorsqu’un produit n’est plus pris en charge par l’assurance-maladie. Mais « pour continuer à vendre de l’homéopathie qui serait déremboursée, il ne faudrait toutefois pas que les prix d’achat explosent », alerte Marie Odile M., pharmacienne. Renseignés par les laboratoires, certains officinaux estiment que le prix du tube pourrait atteindre les 5 euros, voire plus. Pour le Dr Gnon, pharmacien, c’est une « menace économique aussi pour l'officine, en cas d'effondrement des ventes lié au déremboursement général ». De plus, « qu’en sera-t-il pour les médecins homéopathes si la visite était déremboursée ? », s’inquiète-t-il.
Effet placebo
Par ailleurs, les professionnels de santé ont engagé une discussion sur l’utilité des petits granules dans notre société. Ainsi Anne F., médecin homéopathe depuis 30 ans, « demande de réfléchir à ce que l’on indiquera comme traitement de fond aux parents d'enfants sous antibiotiques et corticoïdes 5 fois par hiver, de 6 mois à 6 ans. Aux rhumatisants interdits d'anti-inflammatoires. Aux patients atteints de cancer la bouche pleine d'aphtes ou brûlés par la radiothérapie… ». Pour cette médecin convaincue, « l’homéopathie rend service là où la médecine conventionnelle ne peut rien ». En réponse, Laurianne M., pharmacienne, préconise « déjà, d’arrêter de prescrire des corticoïdes à tout va. Le système immunitaire s'en portera mieux ».
Ensuite, la discussion s’est orientée sur la distinction entre utilité d’un placebo et son remboursement. « Pourquoi rembourser l’homéopathie juste pour son effet placebo ? », s'interroge ainsi Patricia L., pharmacienne. En revanche, pour Laurianne, « considérer que l'homéopathie est un placebo n'empêche pas d'en vendre, voire même pourquoi pas de le conseiller ou le prescrire. L'effet placebo a toute sa place en thérapeutique et peut même être parfois, ou souvent, plus adapté qu'un traitement allopathique », expose-t-elle. Selon notre consœur, « le remboursement des placebos est une chose qui peut se défendre, mais pourquoi seuls Boiron et Weleda en bénéficieraient dans ce cas ? » De plus, si l’on se met à rembourser les placebos, il faudrait étiqueter chaque tube de la mention « placebo », ce qui serait « nettement moins vendeur », s’amuse-t-elle.
En revanche, pour Philippe P., pharmacien, pas d’efficacité équivaut à pas de remboursement. Cette médecine alternative « sans fondement scientifique n’a pas à être remboursée ». Il reste à attendre le mois de juin pour que la Haute Autorité de santé tranche sur ce sujet.
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