La Société française de pharmacologie thérapeutique s’inquiète de l’augmentation du recours à l’oxycodone en France dans la prise en charge de la douleur.
En 2017, si en France la morphine était toujours l'antalgique opioïde de palier 3 le plus utilisé, elle était suivie de près par l’oxycodone, en forte augmentation à la fois en ville et à l’hôpital (passant de 0,1 à 1 dose définie journalière/1 000 habitants entre 2006 et 2017, soit +738 %). En parallèle, les signalements de troubles de l’usage impliquant l'oxycodone ont augmenté sur cette période : ils concernaient en grande majorité les sujets exposés initialement dans le cadre d’une prise en charge antalgique (73 %). Les décès dus à l'oxycodone sont également plus nombreux. On en recense 29 en 2019, selon le rapport des décès toxiques par antalgiques.
Ces chiffres, issus du rapport « État des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et leurs usages problématiques » publié en 2019, inquiètent la Société française de pharmacologie thérapeutique (SFPT) : « Ces dernières années, sa prescription en France suit une progression inquiétante alors qu’elle ne présente pas d’avantage pharmacologique par rapport à la morphine », évoque la société savante. Ainsi, la SFPT se positionne fermement en faveur de l’usage de la morphine plutôt que l’oxycodone en primoprescription d’antalgique de palier 3 : « Il n’y a aucun argument pour préférer sa primo-prescription par rapport à la morphine », martèle-t-elle. L'oxycodone n'est pas plus efficace, elle est plus addictogène, présente plus de risques d'interactions médicamenteuses et plus de risque de troubles du rythme cardiaque que la morphine. Enfin, il n’a aucun avantage en termes d’effets indésirables fréquents, notamment sur le risque de constipation strictement comparable à celui de la morphine.
L'augmentation de son utilisation paraît particulièrement préoccupante en Nouvelle-Aquitaine, selon le Pr Francesco Salvo, responsable du centre régional de pharmacovigilance de Bordeaux : « À partir de 2017, il y a eu une augmentation impressionnante de prescriptions en Nouvelle-Aquitaine, de 5 % par an, contre 1 ou 2 % en France », relève-t-il. En 2021, la région comptait 950 consommateurs d'oxycodone pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 460 pour 100 000.
Le Pr Salvo a sollicité des financements auprès de l'agence régionale de santé (ARS) pour étudier ce phénomène et tenter d'en cerner les raisons. « Après une opération, 15 jours sous un opiacé, c'est suffisant, assure-t-il. Nous voudrions voir s'il y a une portion de population qui reçoit des prescriptions plus longues, ce qui pourrait faire penser à un mésusage, ou à un trouble de l’usage. »
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