« La démarche d'optimisation thérapeutique chez le sujet âgé est partie du centre hospitalier d'Aix-les-Bains en 2008-2009, suite à la demande d'un gériatre dans le cadre de la certification de l'établissement, explique Émeline Pineau-Blondel, pharmacienne au centre hospitalier Annecy Genevois. J'étais pharmacienne assistante et je me suis beaucoup investie dans ce travail. » Les résultats ont été satisfaisants et l'agence régionale de santé de Rhône-Alpes a donc souhaité déployer l'expérience sur une filière gériatrique. « J'ai accepté de la mettre en place à Annecy en 2012 », poursuit la pharmacienne. L'expérimentation s'est déroulée au sein de 4 centres hospitaliers et de 38 EHPAD. Quatre d'entre eux fonctionnent avec des pharmacies à usage intérieur (PUI) et les autres avec des pharmacies d'officine. « La démarche d'optimisation des prescriptions médicamenteuses chez le sujet âgé a été identique sur le versant sanitaire et médico-social. Nous avons travaillé avec le conseil de l'Ordre des pharmaciens et des médecins et les URPS pharmaciens et médecins. C'était important, car la démarche a été validée par ces instances, ce qui a facilité son déploiement sur le terrain », note Émeline Pineau-Blondel. Un comité de pilotage représentant tous les acteurs du terrain a été constitué, ainsi qu'un comité scientifique regroupant des médecins généralistes, des pharmaciens d'officine, un pharmacien inspecteur de santé public de l'ARS, des infirmières, des médecins coordonnateurs d'EHPAD, des gériatres et des pharmaciens cliniciens coordonnateurs de la démarche.
Des listes préférentielles gériatriques
« Nous avons écrit un livret, qui sert d'outil d'aide à la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé et nous avons établi des listes préférentielles gériatriques, détaille Émeline Pineau-Blondel. Nous avons aussi écrit une formation de DPC afin d'apprendre à se servir de ces outils. Nous avons fait participer l'hôpital et la ville pour que tous les acteurs travaillent sur le même livret, que ces outils soient bien acceptés et qu'ils soient communs pour tout le monde. » Les deux pharmaciennes coordinatrices du projet se sont ensuite déplacées dans les EHPAD afin de travailler sur le circuit du médicament : prescription, dispensation, fourniture de médicaments, détention stockage, préparation des médicaments et administration des traitements. Un cahier des charges a également été rédigé pour préciser les missions des 34 pharmaciens d'officine qui travaillent avec les EHPAD. « Cela permet de montrer la plus-value du pharmacien dans l'EHPAD et de démontrer qu'il n'est pas seulement là pour livrer des paquets de médicaments », souligne Émeline Pineau-Blondel. Et le bilan de l'expérimentation est positif : « Nous avons réussi à diminuer la prescription de médicaments inappropriés, en accord avec le médecin généraliste pour chaque patient. Nous avons également pu sécuriser chaque étape du circuit du médicament dans les EHPAD. »
Sécuriser le circuit du médicament
Pour Bruno Prin, pharmacien d'officine à Seynod, qui s'occupe de deux EHPAD impliquées dans l'expérimentation, « l'expérience a été très positive pour la pharmacie. Cela a permis de mieux cadrer la démarche de distribution, et donc d'améliorer la sécurisation du circuit du médicament. Quant à la prescription de médicaments potentiellement inappropriés, elle a été diminuée de 10 à 20 %, pour un état de santé qui ne s'est pas détérioré. De plus, ce travail permet d'avoir un lien privilégié avec le médecin généraliste. Avant, on se contentait de déposer les médicaments à l'EHPAD le soir, on ne croisait personne. Aujourd'hui, on est davantage impliqués. On y va en journée, 2 à 3 fois par semaine pour la réalisation des piluliers et quotidiennement pour l'approvisionnement. Cela nous permet aussi de gagner en réactivité quand il y a des changements de traitement », apprécie-t-il. Il note que l'expérimentation a aussi permis de « changer notre vision des choses sur la prescription chez le sujet âgé dans la pharmacie. On se pose davantage de questions et on a tendance à appeler plus facilement le médecin ».
Forte de ces résultats, l'ARS envisage de déployer cette démarche sur deux autres filières gériatriques en Rhône-Alpes, avec les mêmes pharmaciens coordonnateurs. « Le but est à la fois de diminuer la iatrogénie médicamenteuse, mais aussi de favoriser le décloisonnement ville-hôpital », indique Émeline Pineau-Blondel.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %