Après l'inauguration de la maison médicale de Ghlin, en Belgique, en février dernier, le Dr David Bouillon a souhaité aller plus loin dans l'aide qu'il apporte aux plus démunis. Il a créé, pendant l'été, une « pharmacie d'urgence » grâce à des dons de médicaments non utilisés et non périmés.
Son idée ? Faire appel à la collectivité, par le biais des réseaux sociaux, pour récolter des vêtements, du matériel médical et des médicaments, afin de les redistribuer aux personnes en ayant besoin. Une initiative qui a déjà permis de collecter plus de 60 kg de médicaments non périmés, provenant de particuliers ou de professionnels de santé. Mais David Bouillon se heurte à un problème de taille. En Belgique, un arrêté royal du 21 janvier 2009 oblige les pharmaciens à envoyer les médicaments rapportés par les patients à la destruction. Un système similaire à ce qui existe en France, où Cyclamed a cessé toute réutilisation de ces médicaments non utilisés (MNU) périmés ou non au 1er janvier 2009 (lire notre article « abonnés »).
Ce que David Bouillon conteste, dans un courrier envoyé à la ministre de la Santé belge, Maggie de Block : « Si la loi permettait, à titre d'exemple, aux maisons médicales de récupérer des médicaments non périmés et de constituer des pharmacies solidaires destinées aux patients en extrême pauvreté, imaginez les économies que réaliseraient l'INAMI et la Sécurité sociale ». Car le médecin, qui comptabilise plus de 100 gardes par an, fait face à de plus en plus de patients « dans l'impossibilité financière de payer leurs médicaments (...) Cette situation est inacceptable, entraîne de la souffrance et est contraire à la loi relative aux droits du patient de bénéficier d'une médecine de qualité ».
Mais selon le site de la Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF), la ministre de la Santé n'est pas favorable à un changement législatif, craignant que « l'efficacité des médicaments soit en danger à cause des conditions de conservation des médicaments par les particuliers ». Toujours selon le site de la RTBF, l'Association pharmaceutique belge (APB) s'y oppose également.
Au-delà de la question du gaspillage et de celle de réutiliser un médicament sorti de la chaîne pharmaceutique, se pose la problématique de personnes très démunies dans l'incapacité de payer leurs traitements.
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