Consommation d’antibiotique, climat, niveau du système de santé du pays… Des chercheurs ont passé au crible plusieurs facteurs qui pourraient favoriser le développement de l'antibiorésistance dans le monde.
Quels sont les facteurs qui favorisent l’antibiorésistance au niveau mondial : le fait de consommer beaucoup d’antibiotiques ? Un climat chaud ? L’absence de système de santé performant ? Afin de mieux cerner cette question, une équipe de recherche a analysé, entre 2006 et 2019, les données d’antibiorésistance dans plus de 50 pays (données issues de la base ATLAS). Pour cela, ils ont identifié 13 paires antibiotique/bactérie et ont étudié l’impact de 11 facteurs sur l'antibiorésistance. Les chercheurs ont ainsi observé que ces facteurs n’étaient pas les mêmes selon le couple bactérie/antibiotique étudié. Leur travail a été publié dans « The Lancet planetary health ».
Facteur 1 : le niveau de consommation d’antibiotiques
De façon surprenante, la consommation nationale d’antibiotiques n’est pas associée significativement à la résistance chez la majorité des bactéries testées, sauf pour la consommation de quinolones pour les Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa résistantes aux quinolones, ou encore la consommation de carbapénèmes chez les Acinetobacter baumannii résistantes aux carbapénèmes. « Nous avons effectivement constaté que les taux d’ E. Coli résistantes aux fluoroquinolones, de P. aeruginosa résistants aux fluoroquinolones et d'A. baumannii résistants aux carbapénèmes étaient significativement associés aux ventes de leurs antibiotiques sélectionnés dans l’analyse », confirment les auteurs. Étonnamment, aucune des résistances aux céphalosporines de troisième génération n'a été associée à des ventes d'antibiotiques. « Cela pourrait être dû au fait que les taux de résistance aux céphalosporines de troisième génération sont relativement stables et que la consommation de ces antibiotiques diminue, en particulier dans les pays à revenus élevés », expliquent-ils.
Facteur 2 : la qualité du système de santé
La bonne qualité du système de santé d’un pays est associée à de faibles niveaux d’antibiorésistance chez toutes les bactéries à Gram négatif testées (mais pas sur les deux couples avec des bactéries Gram +). « Ce résultat met en évidence le rôle crucial des mesures d'hygiène et de contrôle des infections pour contenir la résistance, en particulier dans les hôpitaux », commentent les auteurs.
Facteur 3 : le climat
Les températures élevées sont associées à des forts niveaux d’antibiorésistance, mais uniquement chez les entérobactéries (E. coli et Klebsiella pneumoniae).
« Cette étude met en évidence la diversité des déterminants conduisant à l’antibiorésistance de différentes bactéries pathogènes au niveau mondial, et la nécessité d’adapter les approches de contrôle de la résistance au contexte local (pays, contexte de transmission) et à la combinaison bactérie-antibiotique en question », conclut Philippe Glaser, de l’Institut Pasteur, co-auteur de l’étude.
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