Une étude américaine, qui a analysé l’hépatotoxicité en vie réelle de 149 médicaments, conclut que 17 molécules sont fortement hépatotoxiques, dont onze qui n’étaient pas considérées comme telles.
Des chercheurs américains ont remis en cause le système actuel d’évaluation d’hépatotoxicité des médicaments qui se fait à partir du nombre de lésions hépatiques aiguës rapportées. Pour avoir une vision de l’hépatotoxicité des médicaments en vie réelle (et non à partir de rapports de cas publiés), l’équipe a mesuré, sur la période 2000-2021, le taux d’hospitalisation pour lésion hépatique aiguë de personnes ayant consommé au moins un des 194 médicaments ayant à leur actif au moins quatre rapports d’hépatotoxicité. Des études de cohorte réunissant plus de 8 millions de patients ont été analysées.
Leurs résultats, publiés dans le « Jama Internal Medicine », révèlent que 17 molécules sont fortement hépatotoxiques, dont 11 n’étaient pas classés dans cette catégorie de risque élevé avec la méthode classique (où elles étaient liées à moins de 50 cas rapportés). Parmi ces onze molécules, on retrouve la stavudine, un antirétroviral classé à risque hépatotoxique intermédiaire, qui atteint dans l’étude 86 évènements par 10 000 personnes-année, le plus haut risque de tous les médicaments testés. Mais en France, la stavudine (Zerit) n’est plus commercialisée depuis mars 2018, en raison de l'évolution des recommandations thérapeutiques dans le traitement de l'infection par le VIH, qui préconisent des inhibiteurs de la transcriptase inverse aux profils d’efficacité et tolérance plus favorables.
S’ajoutent à la liste des gros hépatotoxiques plusieurs antibiotiques comme la moxifloxacine, lévofloxacine, , ciprofloxacine, clarithromycine, mais surtout l’antiparasitaire et antibactérien métronidazole : il était noté à faible taux de réaction hépatique sévère, et se révèle l’antibiotique le plus toxique au sein de ceux évalués. On trouve également l’antimycosique fluconazole, les anticancéreux erlotinib et lenalidomide, l’IEC captopril et la prochlorpérazine, médicament antipsychotique non commercialisé en France.
Les cinq molécules dont on connaissait déjà l’hépatotoxicité et dont celle-ci est confirmée dans l’étude sont la chlorpromazine (antipsychotique), l’immunosuppresseur azathioprine, le kétoconazole (antifongique), et les antibiotiques isoniazide, acide clavulanique/amoxicilline et sulfaméthoxazole.
À l’inverse, certains médicaments comme les statines, les AINS, des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) et des antiépileptiques ne seraient finalement pas si hépatotoxiques que cela. Ils étaient classés comme à haut risque (avec plus de 50 cas de lésions hépatiques rapportés), mais dans l’étude ils se situent dans un groupe d’incidence inférieure à 1 évènement par 10 000 personnes-année.
Pour les auteurs, cette étude laisse à penser que les contre-indications précisées sur les notices et les prescriptions médicales devraient être revues à la lumière de la balance bénéfice-risque observée en vie réelle.
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