Recherche

Le tabagisme néfaste pour le système immunitaire, même longtemps après le sevrage

Par

Publié le 15/02/2024

Des chercheurs de l’Institut Pasteur sont parvenus à démontrer que le tabagisme avait des effets sur le système immunitaire à long terme, pendant 10 à 15 ans après l’arrêt du tabac. Une approche inédite qui donne un autre aperçu des conséquences néfastes du tabagisme sur la santé.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Le tabagisme a des effets à court terme sur le système immunitaire. Si ce fait était déjà connu, nous ignorions encore si le fait de fumer pouvait également avoir des conséquences sur le système immunitaire à plus longue échéance.

Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont pour la première fois réussi à mettre en évidence l’influence au long cours du tabagisme sur les réponses immunitaires. Leurs résultats, publiés le 14 février dans « Nature », montrent précisément que fumer occasionnerait « une modification de l'expression des gènes impliqués dans le métabolisme des cellules immunitaires », résume Violaine Saint-André, première auteure de l’étude. Cette dernière s’est appuyée sur des données issues de la cohorte Milieu intérieur, créée en 2011 avec 1 000 individus en bonne santé, âgés de 20 à 70 ans. Les chercheurs ont exposé des échantillons sanguins à une grande diversité de pathogènes (virus, bactéries…) puis mesuré le taux de cytokines sécrétées en réponse afin de déterminer quels facteurs avaient le plus d’influence sur la réponse immunitaire. En tout, 136 variables ont été analysées (sommeil, vaccinations, activité physique, maladies infantiles…). Le tabac faisait partie des trois variables ayant le plus d’influence, avec l’infection latente au cytomégalovirus (CMV) et l’indice de masse corporelle.

Comme l’ont démontré les scientifiques, les fumeurs présentent à la fois une réponse inflammatoire accrue (immunité innée) et des altérations de l’immunité adaptative. « En comparant les réponses immunitaires de fumeurs et d’ex-fumeurs, nous avons constaté que la réponse inflammatoire revenait rapidement à la normale après l’arrêt du tabac mais que l’impact sur l’immunité adaptative perdurait dans le temps, pendant 10 ou 15 ans, rapporte Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur. C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long cours du tabagisme sur les réponses immunitaires », mentionne-t-elle. Pour Violaine Saint-André, cette découverte va permettre « de mieux comprendre l’impact du tabagisme sur l’immunité d’individus en bonne santé mais aussi, par comparaison, sur l’immunité d’individus souffrant de diverses pathologies ».