LES VACANCES D’ÉTÉ approchent et avec elles, les grands déplacements de la population française d’un bout à l’autre du territoire. Pour les pharmaciens, notamment ceux exerçant dans les zones très touristiques, « vacances » rime souvent avec « oubli de médicaments ». Comment satisfaire au mieux un patient demandant la délivrance de son médicament habituel parce qu’il a oublié celui-ci, ainsi que l’ordonnance justifiant sa demande, à 500 km de son domicile ? Le problème est encore plus complexe si le patient, et ce n’est pas rare, ne se souvient pas du nom du médicament en question. Détailler la couleur du comprimé ou de la boîte ne suffit pas. Ce que le pharmacien sait en revanche, c’est l’importance de maintenir une bonne observance et donc qu’il convient de faire son possible pour dépanner le patient vacancier. Jusqu’à présent, le plus sûr était de prendre contact auprès de la pharmacie dans laquelle le patient est habituellement client, ou avec son médecin traitant, sauf le samedi ou surtout le dimanche. La plupart des pharmacies de bord de mer sont ouvertes tout le week-end !
L’autre solution consiste à proposer à ce patient de consulter un médecin sur place. Mais pour le médecin comme pour le pharmacien, le fait de ne pas connaître les antécédents médicaux de ce patient pose un réel problème de sécurité. En accédant, grâce au DP, à l’historique médicamenteux au moyen de la carte Vitale du patient, le pharmacien peut savoir le nom, le dosage et la forme pharmaceutique du médicament oublié.
Objectif sécurité !
Mais le DP ne sert pas uniquement à rattraper les étourderies des vacanciers. « Avec le DP, les patients prennent conscience des risques iatrogéniques », explique Robert Alain, pharmacien à Meschers (Charente Maritime) et référent DP pour la région Poitou-Charentes. En effet, rappelons que les interactions entre médicaments seraient responsables chaque année, en France, de 130 000 hospitalisations et de 10 000 décès. En informant le pharmacien de l’historique médicamenteux d’un patient, le DP permet de garantir la sécurité de ce dernier et de lui éviter des mélanges inadéquats. À l’approche de la saison estivale et des flux de vacanciers, les pharmacies situées dans les zones très touristiques, et notamment celles de bord de mer, seront une parfaite illustration de l’intérêt du DP. « En période estivale, nous sommes continuellement face à des patients que nous ne connaissons pas du tout mais que nous devons conseiller le plus justement en limitant les risques, ajoute Robert Alain, qui assure que, le DP aura un impact positif sur la qualité de notre délivrance et de notre conseil ». Et comme le soulignait Isabelle Adenot lors d’une conférence sur le DP à Pharmagora, « avant de formuler son conseil, quel pharmacien n’a pas eu à demander à un patient s’il prenait d’autres médicaments ? Et quel pharmacien a reçu une réponse précise ? ». Le problème n’est pas tant le fait que le patient prenne d’autres médicaments, mais plutôt la méconnaissance qu’il a vis-à-vis de ces derniers, incapable de donner ni leur nom ni leur dosage.
Des comportements qui doivent évoluer.
« En acceptant ou en refusant le DP, c’est le patient lui-même qui choisit le degré de sécurité pour sa santé » résume Isabelle Adenot. « Pour que le DP soit compris et que le comportement des patients évolue, il faut prendre le temps, avec des mots simples, de bien expliquer ce que c’est, son objectif et l’intérêt pour le patient », complète Robert Alain. Non seulement, le DP fait évoluer le comportement du patient, mais également celui du pharmacien. L’un doit apprendre à signaler qu’il dispose d’un DP et à présenter sa carte Vitale lors d’achat de médicaments sans ordonnance, l’autre doit penser à demander la carte Vitale, qu’il s’agisse d’une délivrance avec ou sans prescription. Jérôme Parésys* précisait également à Pharmagora, « la difficulté désormais est de faire évoluer la fonction de la carte Vitale en tant que carte de prise en charge vers une fonction de clé d’accès au DP ». Aussi, quelques mois seulement après le décret permettant sa généralisation sur tout le territoire français, DOM-TOM compris, le DP va vivre son premier été. Si l’intérêt du DP n’est plus à démontrer, cette période estivale pourrait être un test quant à l’utilisation réelle qui est faite de cet outil dans les officines françaises. Bilan en septembre.
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