Économies d'énergie

La pharmacie zéro carbone est-elle possible ?

Par
Publié le 20/10/2022
Article réservé aux abonnés

L'écoresponsabilité en pharmacie peut prendre de nombreuses formes. Le plus souvent, elle s'incarne par des comportements écoresponsables de la part de l’équipe officinale ainsi que par la vente et la mise en avant de médicaments naturels produits localement, ou l'utilisation de matériel (sac, emballage, étiquette…) fabriqués à partir de matériaux biodégradables et/ou recyclés. Et si l'activité pharmaceutique peut se teinter d'écoresponsabilité, c’est aussi le cas pour l'officine elle-même.

ampoule

L’éclairage représente jusqu’à 60% de la consommation énergétique d’une officine
Crédit photo : Voisin/Phanie

Les commerces sont polluants, et les pharmacies ne font pas exception. Selon un rapport de la Banque mondiale, en mai 2017, on estime que le secteur de la santé est responsable de 5 % des gaz à effets de serre émis dans le monde. Et si les officines elles-mêmes ne sont à l’origine que d'une petite fraction de cette pollution, la nécessité de mieux faire reste présente.

De nombreux angles d'attaques

Pour réduire l'empreinte carbone d’une officine, le plus efficace est de s'atteler à réduire les dépenses énergétiques. En effet, selon Christophe Le Gall, directeur de Le Gall Santé Services, « en baissant la température d'un degré dans les pharmacies, on peut économiser 23 millions de kilowattheures. Il s'agit de l'équivalent de la consommation annuelle de 33 000 foyers ». En apparence, une goutte dans l'océan, mais un exemple d'initiative simple, avec un effet concret, autour de laquelle il est possible de fédérer les équipes.

L’éclairage, par exemple, représente jusqu’à 60 % de la consommation énergétique d'une officine. Le chauffage et l'utilisation des appareils électriques (réfrigérateurs et ordinateurs notamment) en représentent aussi une part prédominante. Des aspects que l’on peut améliorer, que ce soit en optant pour des systèmes d'éclairage basse consommation ou LED, en installant un système de chauffage plus performant ou en refaisant l'isolation de la pharmacie, un point particulièrement pertinent pour les officines les plus anciennes dans un contexte d’augmentation des prix de l’énergie. Ces travaux, en permettant de faire des économies d'énergie, n'ont pas qu'un intérêt écologique, mais sont aussi source d’économies sur le long terme.

Un chantier pour les groupements

Ces travaux nécessitent toutefois un certain investissement initial, qu'il soit financier ou temporel. Deux aspects dans lesquels les groupements peuvent intervenir. Ainsi, Alphega développe un programme d'accompagnement de ses adhérents qui souhaitent réduire leur consommation d’énergie. De son côté, Excelpharma soutient financièrement les pharmaciens s'engageant dans des travaux, que ce soit au travers d'une aide financière ou en faisant appel à des prestataires dédiés.

D'autres groupements encouragent leurs adhérents à aller encore plus loin, jusqu'à une pharmacie 100 % écoresponsable et la plus proche possible du « zéro carbone ». Ainsi, Pharm O'naturel, un groupement engagé sur la question du développement durable depuis 15 ans, s'est associé à Mobile Wood, une entreprise de construction écologique, pour concevoir des Concept Store 100 % bois écoresponsable. De son côté, Pharma Santé Développement travaille à l'élaboration d'une pharmacie type respectant au maximum toutes les normes RSE. « Nous sommes encore en discussion avec les fabricants, notamment vis-à-vis des matériaux à utiliser », explique son président Philippe Besnard, qui compte concrétiser ce projet en 2023. Ce dernier est prévu pour également s'appliquer aux futures nouvelles installations du groupement.

Chercher à être écoresponsable au point d’en transformer l'officine physiquement, et d'aller au-delà des activités du pharmacien, est vu comme une question de cohérence, mais répond également à une demande : « Comparé aux années précédentes, les pharmaciens sont plus enclins à l'idée de se lancer dans ce genre de démarche, quitte à y mettre le prix », souligne Philippe Besnard. Associé aux écogestes habituels, c’est l'opportunité pour les pharmacies de ces groupements de montrer l'exemple en matière d'écoresponsabilité.

François Tassain

Source : Le Quotidien du Pharmacien