Avec le développement des bilans de médication, de la vaccination à l’officine et des contacts avec des médecins hospitaliers pratiquant la conciliation médicamenteuse, il devient difficile de se passer des messageries sécurisées de santé.
Celles-ci favorisent en effet les échanges de données médicales des patients entre professionnels de santé en garantissant l’inviolabilité du secret médical. Ce qui n’est pas le cas des services de messageries traditionnelles comme Orange, Free ou Gmail. Les messageries sécurisées de santé répondent d’ailleurs à une obligation légale : ne pas protéger ces données peut engager la responsabilité du pharmacien comme de tout professionnel de santé. Elles satisfont aussi aux exigences du Code de la santé publique et de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) : garantir l’identité de l’émetteur du message et de son destinataire en vérifiant leur appartenance à un référentiel d’identification et assurer la sécurisation du message et des pièces jointes, en particulier leur confidentialité et leur intégrité, lors de leur transfert.
Traçabilité des échanges
Les messageries sécurisées permettent aussi une traçabilité des échanges. Autres intérêts : un gain de temps (moins d’archivage, de scans et de recherches) et d’argent (moins de photocopies et d’affranchissements) et une facilitation de l’exercice (instantanéité des échanges, structuration de l’information dans le logiciel).
Consciente de cette nécessité, l’ASIP Santé - aujourd’hui Agence du Numérique de Santé (ANS) - a conçu en 2013, en concertation avec les ordres professionnels, un système de messageries sécurisées intégrées à l’espace de confiance MSsanté et compatibles entre elles, dans lequel les différents professionnels de santé peuvent échanger, de manière dématérialisée et en toute sécurité, messages et documents (comptes rendus d’hospitalisation ou de consultation, résultats biologiques, photos, radios…).
Dès lors qu’ils respectent les règles définies de sécurité, d’interopérabilité et de conformité à la loi, tous les opérateurs de messagerie peuvent intégrer l’espace de confiance. Aujourd’hui, quelque 200 opérateurs MSsanté, privés et publics, gèrent des services à l’échelle nationale ou locale autour de l’infrastructure MSsanté : des centres hospitaliers, des maisons de santé et bien sûr des opérateurs privés - une quarantaine proposent des services aux professionnels de santé libéraux. Aujourd’hui, 64 % de ces derniers sont équipés et, parmi eux, 60 % des pharmaciens… qui l’utilisent encore assez peu.
Mailiz et Apicrypt2
La messagerie sécurisée MSsanté, devenue Mailiz en 2018 pour la distinguer de l’espace de confiance MSsanté auquel elle appartient, est gratuite et accessible depuis un logiciel métier compatible, une application mobile ou directement par Webmail. Son système de protection des données est performant et son installation simple et rapide. Seul l’annuaire national des professionnels de santé mérite quelques aménagements mais l’ouverture d’un nouveau portail est prévue prochainement pour permettre une meilleure identification des boîtes. Par ailleurs, l’ANS va basculer l’ensemble des professionnels enregistrés dans le répertoire ADELI vers le référentiel RPPS qui deviendra ainsi l’unique référentiel des professionnels de santé. Autre projet : à partir de juillet, la messagerie Mailiz sera ouverte aux usagers, une nouveauté de taille.
Apicrypt (d’Apicem), l’autre grande messagerie des professionnels de santé créée à la fin des années 1990, a lancé il y a 2 à 3 ans une nouvelle version perfectionnée. Son utilisation est très simple et l’assistance technique gratuite moyennant un abonnement annuel de 78 à 81 €. Mais son gros atout, depuis le début, est la grande fiabilité de son annuaire. Selon un récent sondage, 98 % des utilisateurs actifs d’Apicrypt2 en sont satisfaits. En 5 ans, leur nombre a d’ailleurs augmenté de 37 % (89 600) et le flux des messages de 53 % (110 millions échangés en 2020). Les principaux utilisateurs sont les laboratoires d’analyses (98 % d’entre eux), les établissements de soins et les EHPAD. Les médecins de ville, spécialistes et généralistes, l’utilisent aussi beaucoup (49 800), bien moins les pharmaciens (seulement 221 à ce jour) mais leur nombre augmente peu à peu.
PandaLab Pro dans le groupe Elsan
Dans le secteur privé, il faut noter l’arrivée récente de PandaLab Pro, un outil de messagerie instantanée sécurisée conforme à la réglementation des données de santé, développé par PandaLab - une start-up créée en 2016 par un oncologue, aujourd’hui filiale du groupe Pharmagest - et utilisé dans les établissements du groupe d’hospitalisation privée Elsan. Objectif de cette messagerie instantanée complémentaire de MSsanté, simple d’emploi et intuitive : fluidifier les relations et la communication en interne mais aussi avec les professionnels de santé de ville.
À la faveur de la crise sanitaire et du besoin d’être informé et de communiquer rapidement, elle s’est déployée dans la moitié des 120 établissements Elsan avec près de 750 000 messages échangés en moins d’un an. PandaLab est, par exemple, employé entre les services de médecine des cliniques Elsan et les EHPAD, entre les pharmaciens d’établissement et les officines de ville ou encore par les services de plaies chroniques pour communiquer avec les infirmières libérales. Près de 800 professionnels de ville sont déjà connectés aux cliniques Elsan en lien avec leur activité. La finalisation d’un partenariat stratégique entre Elsan et Pharmagest, en avril dernier, devrait encore accélérer le développement de cette messagerie instantanée et des relations avec les professionnels de ville dont les pharmaciens d’officine.
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