La prescription électronique est très demandée depuis quelques années par la profession.
Son intérêt a été, par la force des choses, d’autant plus validé pendant la crise sanitaire alors que les téléconsultations allaient bon train et que les patients arrivaient à l’officine sans ordonnance papier. Les pharmaciens se sont retrouvés confrontés à des difficultés pour authentifier les ordonnances reçues par mail ou photographiées sur le téléphone…
Heureusement, le projet de prescription électronique avance, lentement mais sûrement. L’ordonnance du 18 novembre 2020 portant sur sa mise en œuvre en a défini les grandes lignes : une généralisation par étapes d’ici à fin 2024, pour les prescripteurs et les dispensateurs, à l’exclusion pour l’instant des établissements de santé. Un décret devrait suivre, fixant notamment les conditions de mise en œuvre et d’application, les exceptions à la prescription électronique (connexion internet insuffisante, absence d’environnement informatique adéquat), le droit d’opposition du patient à l’accès du prescripteur aux données relatives à l’exécution de la prescription.
Expérimentée dans trois départements
Une expérimentation, dont l’objectif est de dématérialiser le circuit et mettre en place une base de données partagée, a été lancée en juillet 2019 par la CNAM dans trois départements (Maine-et-Loire, Saône-et-Loire et Val-de-Marne). Après un bilan début 2020, une extension à l'ensemble des médecins et des pharmaciens volontaires équipés des solutions logicielles évaluées a commencé en septembre dernier dans ces 3 mêmes départements. 219 médecins et 111 pharmacies ont participé à cette expérimentation « e-prescription » et les dernières données de début avril comptabilisaient déjà près de 350 000 e-prescriptions. Près de 9 % d’entre elles ont été délivrées et transmises à la CNAM par ce biais. Cette différence s’explique par le fait que les patients ne choisissent pas nécessairement une pharmacie équipée d’un logiciel e-prescription et que géographiquement, les médecins et pharmaciens expérimentateurs ne sont pas toujours proches, le déploiement étant toujours en cours.
Julie Autier, pharmacienne titulaire de la pharmacie Du Moutier à Sucy-en-Brie, fait partie de ces expérimentateurs. Elle explique le fonctionnement : « Nous enregistrons d’abord comme d’habitude les données du patient et celles du prescripteur. Ensuite, nous scannons le code Datamatrix qui est présent en bas de l’ordonnance et qui concentre l’ensemble des lignes de prescription également présentes sur l’ordonnance. Cette action nous permet alors de visualiser sur écran les lignes de médicaments prescrits. Nous préparons les médicaments et en les scannant un à un comme d’habitude, un rapprochement se fait entre les lignes issues du code Datamatrix et les lignes correspondant à ce que nous scannons, y compris pour des génériques dont nous dispenserions une marque différente de celle prescrite (à l’exception de génériques dont les sels diffèrent, pour lesquels il est nécessaire de forcer le rapprochement informatique). L’articulation avec le dossier pharmaceutique est identique au fonctionnement habituel. » Pour Julie Autier, le processus n’engendre ni gain, ni perte de temps. En revanche, « il offre une sécurisation dans la dispensation car en cas d’erreur de dosage par exemple, l’absence de rapprochement informatique est un signal et donc un verrou supplémentaire ».
Simple et sûr
Globalement, l’évolution vers la prescription électronique est indéniablement positive. C’est d’ailleurs ce que souligne Mme Carriau, chargée de communication à la CNAM : « Les utilisateurs ont souligné la simplicité d’utilisation dans leur processus métier et dans leurs logiciels, la sécurisation apportée par ce nouveau dispositif, l’intérêt pour les médecins de pouvoir consulter les délivrances réalisées par les pharmaciens et la qualité de l’accompagnement par les CPAM et les éditeurs. »
La sécurisation est aussi le cheval de bataille de la société Ordoclic. Son fondateur, Guillaume Gobert explique : « Ni les ordonnances papier, ni les circuits de transmission ne sont à ce jour assez sécurisés. Tous les mois, près de 2 millions d’ordonnances dématérialisées sous forme de PDF ou de photos sont partagées en pièce jointe et stockées sur des serveurs de messageries non sécurisées. Pour répondre aux problématiques de la falsification des ordonnances, nous avons développé un canal plus sécurisé et qui implique le patient, tout en lui laissant son libre choix. »
Ainsi, dès la rédaction de l’ordonnance par le médecin, une signature électronique horodatée permet d’authentifier l’ordonnance. Le patient, quant à lui, accède à un espace personnel sécurisé, sur lequel il retrouve ses ordonnances, qu’il peut transmettre au pharmacien de son choix via un lien sécurisé ou via un code Datamatrix (le pharmacien a le choix de créer ou non son compte sur Ordoclic). Et pour que la boucle soit bouclée, le prescripteur peut recevoir une notification en cas d’intervention pharmaceutique. 2 000 praticiens sont à ce jour inscrits sur le module de prescription électronique d’Ordoclic et 5 000 pharmaciens ont déjà délivré des médicaments via Ordoclic. L’objectif prochain de Guillaume Gobert est la certification du LAP qui permettra d’intégrer la prescription unifiée et l’interopérabilité avec l’assurance-maladie.
Article précédent
Ces missions qui unissent les professionnels de santé
Article suivant
La boîte à outils (électroniques) de l’interprofessionnalité
Petit lexique pratique des mots de l'interpro
Jamais seul dans mon officine !
Les messageries sécurisées au service du dialogue interprofessionnel
Ces missions qui unissent les professionnels de santé
L'ordonnance électronique, un modèle d’interprofessionnalité
La boîte à outils (électroniques) de l’interprofessionnalité
Un statut qui reste à définir
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin