Le statut de pharmacien correspondant a été introduit, pour la première fois, en 2009, par la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » (HPST).
Dix ans plus tard, après de multiples rebondissements, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 vient simplifier et clarifiera mise en œuvre de ses missions. Celles-ci apparaissent noir sur blanc, dans l'article L5125-1-1A du Code de la santé publique. De fait, son alinéa n° 2 rappelle que les pharmaciens d'officine « doivent participer à la coopération entre professionnels de santé ». Tandis que l'alinéa n° 7 précise que les pharmaciens « peuvent être désignés comme correspondants par le patient dans le cadre d'un exercice coordonné (...). À ce titre, ils peuvent, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, au besoin, leur posologie ».
Un pouvoir encadré par le médecin traitant
Autrement dit, ce nouveau pouvoir conféré au pharmacien sera strictement encadré par le médecin traitant ou spécialiste. « C'est le praticien qui, dans le cadre d'un protocole de soins, indiquera précisément les conditions dans lesquelles le pharmacien correspondant pourra adapter ou renouveler les traitements pour un patient donné », affirme Gilles Bonnefond, ex-président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Le pharmacien correspondant ne pourra donc déroger au protocole de soins qui le lie au médecin l'ayant rédigé. « Nous avons obtenu, en 2019, via le 19e avenant conventionnel, que les renouvellements de traitements effectués par le pharmacien correspondant soient reconnus par l'assurance-maladie. Un arrêté devrait être publié dans les prochaines semaines : il précisera les modalités de déclaration du patient et du pharmacien correspondant, lors d'un renouvellement réalisé par ce dernier. Par ailleurs, outre les patients chroniques, nous avons ajouté le "grand âge" : les patients âgés, souvent polymédiqués et présentant des comorbidités, pourront bénéficier d'ajustements ou de renouvellements de traitements par le pharmacien correspondant », indique Gilles Bonnefond.
Des freins à la mise en place à grande échelle
Si l'USPO a contribué à la création du statut de pharmacien correspondant, d'autres pays tels le Québec, le Portugal ou le Royaume-Uni, l'ont déjà expérimenté. « Le pharmacien correspondant peut être utile pour faciliter le parcours de soins du patient, en adaptant par exemple le traitement d'un patient chronique, dans le cadre du protocole préétabli, lorsque le prescripteur n'est pas joignable », note Pierre Béguerie, président de la section A (titulaires) de l'Ordre national des pharmaciens. Mais en France, le statut de pharmacien correspondant, tel qu'il est défini par la loi, ne fait pas l'unanimité. « Le principal frein qui subsiste, à mon sens, c'est le fait que le pharmacien correspondant devra exercer ses missions dans le cadre d'un exercice coordonné. Je trouve cela très restrictif. Cela exclut tous les pharmaciens qui ne font pas partie de maisons de santé pluridisciplinaires ou de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) », ajoute-t-il.
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est plus critique vis-à-vis du statut du pharmacien correspondant, tel qu'il est actuellement prévu : « le pharmacien correspondant ne concernera presque personne. Ou alors, uniquement les officinaux faisant partie de maisons de santé, utilisant un certain type de logiciel. » Il faudrait, selon lui, remodeler le texte de loi, en tenant compte de la crise sanitaire et en permettant que le patient puisse désigner le pharmacien correspondant de son choix.
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