Isabelle Adenot la méthodique
LORSQU’Isabelle Adenot entre à l’Ordre des pharmaciens, elle n’a pas même 30 ans. Elle grimpe ensuite allégrement tous les échelons de l’institution pour devenir, en juin 2009, la première présidente de la maison ordinale. Elle rappelle à l’époque le credo de son engagement : « la déontologie n’impose pas l’immobilisme ». Et s’attaque aussitôt avec méthode aux nouveaux défis de la profession : mise en place de la loi HPST, lutte contre la pandémie grippale et, bien sûr, finalisation du dossier pharmaceutique, qui sera sans doute le grand chantier de sa vie professionnelle. Au cours de son deuxième mandat, elle engage une vaste réforme de l’Ordre, qu’elle souhaite plus moderne et ouverte sur les jeunes générations. Un troisième mandat l’attend-elle ?
Anne-Marie Ardouin, objectif qualité
TITULAIRE dans la belle ville d’Arcachon, Anne-Marie Ardouin aurait pu couler une vie professionnelle paisible et débarrassée de toutes préoccupations collectives. Oui, mais voilà, cette pharmacienne-là aime s’engager au bénéfice de ses confrères. Véritable mère spirituelle de l’assurance qualité, elle engage - sur mission ordinale - ce vaste chantier en septembre 1997. Presque 4 ans plus tard, Jean Parrot présente officiellement le premier « Guide d’assurance qualité officinale », qui constitue la première étape (évaluation) vers l’amélioration des pratiques professionnelles (formation).
Jacques Attali, un rapport qui passe mal
POUR les pharmaciens, Jacques Attali restera l’homme qui voulait ouvrir la profession à la concurrence. Parmi les propositions de la Commission « pour la libération de la croissance » qu’il présidait en 2008, figurait en bonne place la suppression du numerus clausus à l’installation, l’ouverture du capital des pharmacies à des non-pharmaciens et la fin du monopole pour les médicaments non soumis à prescription. Devant la levée de boucliers d’une profession révoltée par « tant de légèreté et d’injustice » (dixit Jean Parrot, alors président de l’Ordre), ces dispositions resteront lettres mortes. Elles réapparaîtront six ans plus tard, avec le même succès, sous l’autorité d’un certain Emmanuel Macron… qui était à l’époque rapporteur de la commission Attali.
Roselyne Bachelot, une pharmacienne à la Santé
À LA TÊTE du ministère de la Santé de 2007 à 2012, pharmacienne et fille de pharmacien, Roselyne Bachelot est connue pour ses prises de position hautes en couleurs. Militante de la lutte contre le sida, pour le droit des femmes à la contraception et à l’avortement, favorable au mariage homosexuel… elle continuera, une fois avenue de Ségur, à monter au créneau. Roselyne Bachelot n’est pas seulement la cheville ouvrière de la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST), elle est aussi celle par qui le libre accès arrive en pharmacie et l’une des plus ardentes défenderesses des « trois piliers irréfragables » de l’officine - monopole, capital, numerus clausus - face à des Leclerc, Attali, Beigbeider…
Jacques Barrot : un enfant de la pharmacie
FILS de pharmacien, Jacques Barrot est « né dans une officine », avant de devenir, quelques années plus tard, ministre du Travail et des Affaires sociales du gouvernement d’Alain Juppé. À ce titre, il participera aux négociations avec les officinaux qui se concluront, en mai 1997, par l’instauration de la marge à trois tranches, qui fût finalement annulée par le nouveau gouvernement issu des élections législatives anticipées. « Je crois en cette profession, j’en ai vu la compétence, l’accessibilité, la proximité, la disponibilité », affirmait-il. Jacques Barrot est décédé le 3 décembre dernier.
Pierre Béras, président gaullien
SILHOUETTE massive de bon vivant, cigarette aux lèvres, Pierre Béras a présidé pendant onze ans l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Admirateur du général de Gaulle, il en avait épousé de style, émaillant ses propos de formules et de citations. Son humour caustique et son sens politique ont fait de ce syndicaliste hors norme, pharmacien et juriste de formation, un négociateur reconnu et redouté. Son analyse rigoureuse des mécanismes politico-économiques a toujours été au service d’une politique contractuelle. Derrière une ironie mordante, se cachent une profonde humanité et un intérêt pour le monde et pour ses événements futiles ou sérieux, amusants ou tragiques.
Xavier Bertrand, exigeant, mais loyal
C’EST à la soirée des 20 ans du « Quotidien du Pharmacien », en juin 2005, que Xavier Bertrand avait réservé sa première intervention en tant que ministre de la Santé. « Je serai exigeant, mais loyal », déclarait-il alors. Artisan de la réforme de l’assurance-maladie en 2004, en tant que secrétaire d’État à l’Assurance-maladie sous la tutelle de Philippe Douste-Blazy, il portera également la loi sur la sécurité sanitaire censée restaurer la confiance dans le médicament après la crise du Mediator. Si la profession lui est reconnaissante d’être revenu sur sa décision de généraliser le TFR, elle n’a, en revanche, pas oublié son plan Médicament particulièrement drastique de 2006.
Gilles Bonnefond, le frondeur
EN 2001, la baisse de 40 centimes (de Franc) du forfait à la boîte négociée avec le gouvernement provoque une scission au sein de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Plusieurs présidents départementaux, dont Gilles Bonnefond, décident de faire sécession et de créer un nouveau mouvement, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Fin communicant, Gilles Bonnefond, président depuis 2011, a su au fil des années donner de la visibilité à son organisation au sein du paysage syndical officinal. Farouche opposant de l’honoraire à la boîte, il défend des honoraires de dispensation à l’ordonnance afin de déconnecter la rémunération des prix et des volumes des médicaments.
Jean Brudon, d’Ipharmex à la présidence de l’Ordre
ÉLU 7e président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) en 1987, Jean Brudon est pharmacien biologiste de formation et officinal de métier. Il se distingue par son progressisme. Il est à l’origine, en 1969, d’Ipharmex, le premier salon de pharmaciens en France qui s’est tenu durant plusieurs années à Lyon, des Entretiens de Galien, et du premier livre blanc prospectif sur le métier de pharmacien. Il prend les rênes du CNOP pendant une période mouvementée. La pharmacie perd le monopole des laits maternisés, des édulcorants de synthèse et de la parapharmacie ; elle conserve les tests de grossesse et la vitamine C. Il meurt accidentellement en 1993.
Bernard Capdeville, le d’Artagnan de la Fédé
C’EST un roc, c’est un pic, c’est un Capdeville ! Ce cadet de Gascogne du syndicalisme, titulaire à La Brède, où naquit Montesquieu, a ferraillé pendant une décennie à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France avec les pouvoirs publics, et une partie de la profession. À son actif, un contrat avec l’État permettant notamment un nouveau mode de rémunération plus avantageux, la loi de répartition et la convention SESAM-Vitale. Il n’a pas pu, en revanche, éviter la scission d’une quinzaine de départements qui se sont regroupés pour former l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Bernard Charles, l’influent
CE PHARMACIEN très influent est né à Cahors, dans le Lot, ville dont il a été maire de 1989 à 2001. Député du Lot de 1983 à 2002, il incarne à merveille l’élu radical ancré dans le sud-ouest mais très présent dans le débat politique national. Président du Centre d’études et de formation hospitalière (CEFH) il s’est beaucoup impliqué dans la problématique de la stérilisation, organisant un des congrès mondiaux les plus importants dans ce domaine. Il a également œuvré pour développer la chimiothérapie et le MAD à l’officine. Proche conseiller de Pierre Fabre, il est également toujours très écouté dans les cercles influents qui décident de la politique de santé.
Pierre Fabre, l’officinal devenu capitaine d’industrie
DE L’OFFICINE de Castres à l’empire industriel portant son nom, Pierre Fabre est toujours resté fidèle à sa région et à sa profession. « Pharmacien, le plus beau des métiers », confiait-il volontiers. Et c’est en pharmacien qu’il a édifié, pierre par pierre, son entreprise. Médicaments, produits d’hygiène et dermocosmétique ont toujours été pour lui des activités indissociables. Sa disparition, il y a deux ans, a laissé un vide. Mais il avait préparé de longue date sa succession pour garantir l’avenir du groupe. La fondation qu’il a créée poursuit l’œuvre humanitaire à laquelle il était attaché, tout en préservant l’indépendance de l’entreprise, son ancrage régional et ses efforts de recherche.
Paule Fougère témoin de son temps
ELLE FUT, à 22 ans, le plus jeune pharmacien de France. Femme de lettre, tout comme son mari, Jean, elle publia des mémoires à la fin de sa vie, simplement intitulées « Un pharmacien raconte… »*. D’une plume alerte, elle y évoque les bouleversements qu’a connus la pharmacie, témoin de la mainmise progressive de l’État sur la profession et de sa lente dégradation économique. Elle avait auparavant écrit d’autres ouvrages, dont « Grands pharmaciens », série de portraits d’illustres prédécesseurs ayant porté haut et fort les couleurs de la profession. Cette grande dame fut présidente d’honneur de la Société des docteurs en pharmacie.
Philippe Gaertner, le réformateur
PRÉSIDENT de l’UTIP dès 2003, Philippe Gaertner prend les rênes de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) à partir de 2007. « Il existe un lien évident entre la formation continue et la défense professionnelle : le maintien de la compétence qui, pour moi, est la seule façon de justifier le monopole de dispensation des médicaments accordé aux pharmaciens », estime le titulaire de Boofzheim, dans le Bas-Rhin. Au cours de ses mandats successifs, Philippe Gaertner aura défendu les nouvelles missions, la nouvelle convention de 2012 et la nouvelle rémunération mixte. Sa devise reste intacte : « Accompagner les évolutions de l’officine en orientant la profession dans la voie du pharmacien professionnel de santé. »
Claude Japhet, l’avant-gardiste
CLAUDE JAPHET, pharmacien à Élancourt (Yvelines), a été président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) de 2001 à 2010, succédant à Pierre Béras. Avant-gardiste et redoutable négociateur, il a contribué à la mise en place de grandes évolutions : la substitution générique, la sortie de la réserve hospitalière, la dispensation de la contraception d’urgence, la convention avec l’assurance-maladie en 2006, le dossier pharmaceutique, ou encore la réorganisation du réseau avec la loi démo géographique. Toutefois, c’est la révolution de la formation pharmaceutique qui reste sa plus grande satisfaction durant ses trois mandats consécutifs.
Pierre Joly, la passion du médicament
PHARMACIEN de formation, Pierre Joly a consacré toute sa carrière à l’industrie du médicament. Par le biais de la recherche, d’abord chez Pechiney Ugine Kuhlmann, puis chez Roussel-Uclaf, dont il devient directeur général et vice-président du directoire. Toujours courtois et doté d’un humour très british, il sait être convaincant. Des qualités qui le servent quand il prend la tête du Syndicat national de l’industrie pharmaceutique*, en 1981, en plein bouleversements politiques. Il participe à la création de TULIPE, en 1982, une association de l’industrie destinée à apporter une aide en médicaments aux populations en détresse. Auteur de plusieurs ouvrages, dont « Les médicaments du futur » (éd. Odile Jacob), il a présidé la Fondation pour la recherche médicale, ainsi que les Académies de médecine et de pharmacie.
Bernard Kouchner, le french doctor
GASTRO-entérologue officiant notamment à l’hôpital Cochin, militant de l’action humanitaire, il est cofondateur de Médecins sans frontières en 1971, puis de Médecins du Monde en 1980. Différentes missions le mènent aux quatre coins de la planète : Biafra (Nigeria), Jordanie, Kurdistan, Liban, Vietnam, Somalie, Kosovo, Soudan… Bernard Kouchner occupe divers postes au gouvernement dès la fin des années 1980. Il sera ministre ou secrétaire d’État chargé de la Santé à plusieurs reprises, sous Bérégovoy (1992-93) et sous Jospin (1997-99 et 2001-02). Son plus grand fait d’armes, outre la généralisation des antidouleurs dans les hôpitaux ou la mise en route d’une loi sur la bioéthique, reste la loi relative aux droits des malades de 2002, dite loi Kouchner.
Jean Lamarche, un homme de passions
IMPOSSIBLE d’évoquer les années sida sans ce pharmacien du VII arrondissement parisien. Engagé dès le premier Sidaction, Jean Lamarche est à l’origine de « Croix verte et ruban rouge », un forum de 300 confrères unis dans la prévention contre les toxicomanies et le sida. Dans la profession ou dans son quartier, il mène le même combat pour les seringues et préservatifs à un franc, les antirétroviraux, la substitution et le préservatif féminin… avec un souci constant de la prévention et une passion inébranlable pour son métier. Cet amoureux du septième art, qui n’est autre que ttnougat pour les cinéphiles, n’est d’ailleurs pas loin d’avoir trouvé un remède contre le mal de vivre : le cinéma sur ordonnance.
Michel-Edouard Leclerc, l’ennemi public N° 1
RÉGULIÈREMENT, Michel-Edouard Leclerc, ou MEL, président du groupe éponyme, fait du bruit dans le Landerneau officinal. Car celui qui veut aussi concurrencer Amazon a une aversion singulière contre le monopole de la pharmacie. Sa charge la plus historique contre la profession aura été en 2009 quand, dans une campagne publicitaire, il comparait les titulaires à des bijoutiers de luxe et à des prestidigitateurs-manipulateurs de prix. Les ripostes de la profession ne se sont pas fait attendre, à coups de pétitions et de batailles judiciaires. MEL n’a pourtant pas dit son dernier mot - en témoigne l’entrée des tests de grossesse en GMS - ni baissé le rideau.
Catherine Lemorton, l’hyperactive
BIEN QUE jeune en politique, la titulaire toulousaine s’est fait rapidement une place dans l’hémicycle où elle est la seule pharmacienne. La discrétion n’est pas son genre quand il s’agit de défendre les dossiers de la toxicomanie, de l’accès aux soins, ou encore de la sécurité du médicament. Intransigeante envers les conflits d’intérêts, elle appartient à la commission d’enquête sur la grippe H1N1 et à l’équipe santé du candidat Hollande. Hyperactive mais non cumularde, celle qui se serait bien vue ministre de la Santé, préside depuis sa réélection aux législatives de 2012 la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale où elle conserve sa liberté de ton et d’esprit.
Jean-Louis Machuron, le « french pharmacist »
IL Y A TRENTE ANS également, Pharmaciens sans frontières naissait à l’initiative de Jean-Louis Machuron. Depuis, du Kosovo à Haiti, ou encore au Rwanda, aucune opération humanitaire de ces trois décennies n’a échappé à ce pharmacien clermontois. Idéaliste, que « l’action mène davantage que le politique », il crée également Pharmacie et Aide humanitaire, collabore au ministère de Bernard Kouchner et élargit son action aux antirétroviraux dans les pays en développement, aux génériques pour les ONG, et aujourd’hui aux maladies infectieuses au sein du projet Resoalab. Soucieux de la transmission, le pharmacien baroudeur est à l’origine de la création à Caen du diplôme universitaire « pharmacie et humanitaire ».
Lucien Newirth, père de la pilule
LUCIEN NEWIRTH a fait adopter, dans une France très conservatrice, la loi légalisant l’usage de la contraception en France, le 28 décembre 1967. Une loi qui entra lentement en application, deux ans plus tard.
Son combat pour la contraception se poursuivit bien des années encore : par son soutien au projet de loi de Simone Veil sur l’IVG, puis en 2011, en défendant la proposition de loi sur la pilule du lendemain. À son actif également : la loi sur la prise en charge de la douleur et sur les soins palliatifs.
Grand résistant, gaulliste convaincu, député, puis sénateur de la Loire, Lucien Newirth s’est éteint en 2013 à l’âge de 89 ans.
Jean Parrot, une certaine image de l’Ordre
PHARMACIEN à Bellegarde, Jean Parrot a présidé le conseil national de l’Ordre des Pharmaciens de 1993 à 2009. Lors de ses mandats successifs, il a initié plusieurs grands chantiers. Tout d’abord la réforme de l’Ordre, qui a abouti à la création de la section H. Ensuite, la création du Dossier Pharmaceutique et l’élargissement des missions du pharmacien prévu par la loi Hôpital, patients, santé et territoires. Enfin, il a réactualisé le code de déontologie, inchangé depuis 1953. Par ailleurs, il n’a pas hésité à assigner en justice certains groupements jugés trop audacieux en matière de communication.
Jean-Marie Pelt, le pharmécologiste
SON AMOUR et son émerveillement pour la nature guident depuis toujours ce pharmacien-botaniste-enseignant. À tel point qu’il a été l’un des précurseurs de l’écologie en France dès 1972, alors que développement durable et biodiversité étaient encore des concepts inconnus. De sa Lorraine natale, il s’est ouvert au monde pour développer son savoir de botaniste et sa passion des plantes et devenir, entre autres, président de la société française d’ethnopharmacologie. Au cours de ces années passées au chevet de la planète, aucune question environnementale n’a échappé à son expertise (OGM, déforestation, changement climatique…), ni à son talent de pédagogue qu’il diffuse avec générosité sur les ondes et le petit écran.
Jacques Séguéla fils de pub
BEAUCOUP l’ignorent, mais ce « fils de pub » est pharmacien. Doctorat en poche, il propose même à ses maîtres de stage de réaliser, avec un ami, l’étude de marché des plantes médicinales rares à travers un tour du monde en 2 CV. Mais très vite, il abandonne la pharmacie pour le journalisme. « Paris Match » pour « le choc des photos », puis « France-Soir » pour « le poids des mots ». C’est d’ailleurs le directeur du grand quotidien de l’époque, Pierre Lazareff, qui lui conseille de se lancer dans la publicité. Nous sommes au début des années 1960, et Séguéla se lance dans un domaine encore vierge, avec le succès qu’on connaît. Il deviendra ensuite conseiller en communication pour plusieurs personnalités politiques, tant en France qu’à l’étranger.
Franck Sérusclat, militant des pharmacies ambulantes
PHARMACIEN et homme politique de gauche, Franck Sérusclat a été maire de Saint-Fons (1967-1995). Non dépourvu d’humour, il fait sensation dans un rapport sur la pharmacie demandé par Pierre Mauroy, alors Premier ministre, en 1981, en proposant la création de pharmacies ambulantes pour approvisionner les villages ruraux en médicaments, comme le font les épiciers en camionnette encore nombreux à cette époque. Esprit novateur, il propose dans ce même rapport de rémunérer le pharmacien d’officine à l’honoraire comme les autres professions de santé libérales, afin de l’éloigner des aspects commerciaux de son exercice.
Jacques Servier, une carrière ternie
PHARMACIEN et médecin, Jacques Servier a été président fondateur du deuxième groupe pharmaceutique français, avec 20 000 salariés et un CA de 4,2 milliards d’euros en 2013. Homme complexe, cultivant l’opacité et soignant le lobbying, sa carrière a été ternie par l’affaire Mediator, qui serait à l’origine de plusieurs centaines de décès. On lui reprocha son obstination à nier les faits et son mépris à l’égard des victimes. Jacques Servier devait comparaître pour tromperie aggravée, escroquerie et homicide involontaire lors d’un procès au pénal renvoyé à 2015. Il décédera avant, en avril 2014, à 92 ans. Mais des procédures engagées contre le groupe se poursuivent.
Marie-Claude Tesson, la perfection au quotidien
FONDATRICE, avec Philippe Tesson, du « Quotidien du Médecin », puis du « Quotidien du Pharmacien », Marie-Claude Tesson-Millet a inventé une nouvelle façon de s’adresser aux professionnels de santé à travers une presse spécialisée moderne et rigoureuse. Elle a subjugué tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec elle par sa grâce et son intelligence. Exigeante et perfectionniste, elle exerçait un magnétisme irrésistible sur son entourage. Femme aux mille passions, elle était aussi médecin, écrivain et avait créé une fondation humanitaire, Équilibres & Populations. Sa disparition brutale, le 6 mai 2014, a bouleversé tous ceux qui l’ont connue.
Marisol Touraine, une loi pour la santé
MINISTRE de la Santé depuis 2002, on retiendra de Marisol Touraine son implication dans l’un des volets les plus controversés de la loi de santé : la mise en place du tiers payant généralisé en 2017. En ce qui concerne la pharmacie, elle a été plébiscitée pour son attachement au maillage territorial et son opposition à la vente de médicaments en grande surface. C’est aussi sous sa tutelle que sont décidées la disparition de la vignette, la rémunération mixte avec honoraires et la vente de médicaments sur Internet. Ou encore la dispensation à l’unité des antibiotiques, aujourd’hui en expérimentation, et la vaccination à l’officine, déboutée du projet de loi.
Joany Vayssette : le sens des mots
JOANY VAYSSETTE aura particulièrement marqué l’officine. Infatigable pourfendeur des vocables « automédication » et « OTC », ce président honoraire du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens ne voulait entendre parler que de « médication officinale ». Décédé en 2006 à l’âge de 85 ans, il n’aura pu goûter sa victoire sur les mots : les spécialités pouvant être placées en libre accès depuis 2008, se dénomment « produits de médication officinale ».
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