« IL N’Y A PLUS d’officine moyenne. Il y a des pharmacies qui tirent leur épingle du jeu grâce à leur taille et leur volume d’activité, et beaucoup d’autres qui régressent à tout point de vue », explique, d’emblée, Philippe Besset, en présentant les résultats de l’enquête économique de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), réalisée sur les bilans clôturés en 2011. L’an dernier, en effet, les ratios économiques de l’officine ont été mauvais pour un grand nombre de pharmaciens, et seules les bonnes performances d’une partie d’entre eux permettent d’obtenir des résultats d’ensemble à peine corrects.
C’est d’abord la stagnation de l’activité qui inquiète le plus les responsables syndicaux. L’analyse de 861 bilans clôturés l’an dernier fait en effet apparaître un chiffre d’affaires moyen qui s’établit à 1 573 800 euros, en progression de 1,1 % seulement par rapport à 2010. Mais cette moyenne est inégalement répartie : 47 % des pharmacies ont eu en 2011 une évolution de chiffre d’affaires négative, 40 % ont progressé entre 0 et 6 %, et 13 % ont progressé de plus de 6 %. « La hausse moyenne de chiffre d’affaires en 2011 est la plus faible enregistrée depuis vingt ans, explique Philippe Besset. En outre, les perspectives pour la fin de l’année 2012 et le début de l’année 2013 ne sont pas bonnes, puisqu’on s’attend à une régression du chiffre d’affaires moyen. »
Une marge sous perfusion.
Du côté de la marge commerciale, avec un montant moyen en volume de 430 900 euros – soit 27,8 % du chiffre d’affaires – et une progression de 1,8 % par rapport à l’année 2010, les indicateurs ne sont guère meilleurs. Comme pour le chiffre d’affaires, en effet, les résultats sont très dispersés selon la typologie des pharmacies. Par exemple, la marge moyenne des officines de centre-ville est de 28 % du chiffre d’affaires, alors qu’elle n’est que de 27,4 % pour les officines de quartier et de 27,2 % pour les pharmacies de banlieue. Inversement, les officines de centre commercial ont toujours la meilleure marge, avec une moyenne de 29 %. En outre, par rapport au chiffre d’affaires, les pharmacies les plus importantes sont celles qui ont le meilleur taux de marge. Enfin, on peut remarquer que 15 % des officines ont un taux de marge inférieur ou égal à 26 %.
« Globalement, la marge est sous perfusion, car elle est soutenue essentiellement par les prestations de services entre pharmaciens et laboratoires pharmaceutiques, fait remarquer Philippe Besset. C’est la performance d’achat qui dope les officines ayant un gros volume d’activité. C’est un souci pour la profession, car cette évolution modifie le métier du pharmacien. De dispensateur de médicaments, il devient acheteur. »
Des charges en progression.
Les salaires, les charges et les cotisations personnelles ont augmenté de 3,1 % en 2011, avec un montant moyen de 236 200 euros (soit 15 % du chiffre d’affaires en moyenne). Dans le total des charges de l’officine, les salaires et les cotisations représentent toujours la part la plus importante (57 %), avec un montant de 197 000 euros en moyenne. Les cotisations personnelles de l’exploitant progressent un peu également : leur montant est de 39 000 euros en moyenne (12 % des charges totales). L’enquête de la FSPF montre aussi que cette augmentation des charges est supérieure à l’évolution du chiffre d’affaires, de la marge et du résultat courant de l’officine. En effet, le résultat net moyen d’exploitation augmente très peu en 2011 (+ 2,5 %), permettant tout juste un maintien du pouvoir d’achat du pharmacien. De plus, avec une moyenne de 116 600 euros, soit 7,4 % du chiffre d’affaires, ce résultat courant est très inégalement réparti : si les officines à chiffre d’affaires élevé (plus de 1 500 000 euros) ont un résultat courant en augmentation, celles qui ont un petit chiffre d’affaires (moins de 1 200 000 euros), à l’inverse, ont un résultat courant en baisse (de 3 % en moyenne). Or, selon l’enquête de la FSPF, les pharmacies faisant moins de 800 000 euros de chiffre d’affaires représentent 13 % des effectifs, et celles qui font entre 800 000 et 1 200 000 euros en représentent 19 %.
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