LA BAISSE du résultat courant avant impôt (RCAI) qu’ont subi de nombreuses pharmacies l’an passé a entraîné une baisse des revenus du pharmacien. En effet, 32 % des officines ont vu ce résultat baisser en 2011. Aujourd’hui, près de 21 % des pharmaciens titulaires ont un revenu inférieur à 30 000 euros par an, et 34 % d’entre eux ont un revenu inférieur au salaire net d’un pharmacien gérant. En moyenne, toutes officines confondues, les revenus d’un titulaire s’élèvent à 93 000 euros. Un chiffre que l’on peut comparer aux 51 000 euros de salaire net que perçoit un pharmacien adjoint au coefficient 800.
Si l’on ajoute à ce constat que le taux de retour sur investissement d’une officine, aujourd’hui, est de 3,97 % seulement, alors qu’il était de 7,99 % en 2001, on peut dire qu’investir dans une pharmacie libérale n’est désormais plus très rentable. « Le risque entrepreneurial est beaucoup moins rémunéré que par le passé. Avec la rentabilité qui est celle des officines aujourd’hui, les jeunes pharmaciens prêts à investir dans un fonds d’officine sont de moins en moins nombreux », indique Philippe Besset. Il est même presque aussi rentable d’investir dans des bons du Trésor, qui offrent une rentabilité de 3,29 % : par rapport à une officine, la différence de retour sur investissement n’est que de 0,68 %.
Heureusement, plusieurs facteurs ont néanmoins permis de maintenir la rémunération de nombreux pharmaciens. D’abord la hausse du volume d’activité des officines à chiffre d’affaires élevé, dont la marge, de ce fait, permet d’être préservée. Mais aussi, et peut-être surtout, la coopération commerciale, dont Philippe Becker, expert-comptable et directeur du Département pharmacie de Fiducial, estime pour sa part qu’elle représente aujourd’hui entre 15 et 20 % de la rémunération des pharmaciens. Selon les chiffres de Fiducial, cette coopération commerciale aurait augmenté en moyenne de 52 % en 2011, et jusqu’à 55 % pour les officines de quartier et de centre-ville.
L’honoraire, la solution ?
Dans ces conditions de stagnation d’activité et de marge et de baisse de rémunération des pharmaciens, la mise en place des honoraires est-elle la solution ? Sans doute, d’abord pour les petites officines, qui ne bénéficient pas ou peu de l’accroissement des prestations de services accordées par les fournisseurs. Comme le rappelle Philippe Gaertner, Président de la FSPF, il est prévu de transférer vers les honoraires, dès 2013, 12,5 % de la marge commerciale des pharmacies, et un avenant à la convention pharmaceutique doit être signé d’ici à la fin de l’année 2012 pour porter le montant des honoraires de dispensation à 25 % en cinq ans. « C’est un enjeu majeur pour la profession », indique de son côté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Autre piste, enfin, pour relancer la marge et les revenus des officinaux : la substitution générique. Philippe Gaertner souligne que doit être mis en place un paiement individualisé fondé sur la qualité de la dispensation du médicament générique et sur l’atteinte d’objectifs de substitution sur l’ensemble du répertoire. Mais là encore, Gilles Bonnefond prévient : « L’honoraire de dispensation doit être clairement financé. C’est pourquoi nous demandons un contrat d’objectifs sur cinq ans avec l’assurance-maladie. »
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