Bénigne dans la majorité des cas, l'acné est une maladie chronique particulièrement mal vécue par les adolescents. Pour preuve, la perception faussée qu'ils ont de ses manifestations qu'ils jugent généralement plus sévères que ne l'estime le dermatologue. Quant à l'impact sur la vie quotidienne, il est, psychologiquement parlant, comparable à celui de maladies chroniques graves telles que le diabète ou l'épilepsie. Pour autant, la moitié de la population acnéique n'a pas recours au médecin même si l'acné demeure la première cause de consultation en dermatologie. Très commune, la pathologie n'a pas encore révélé tous ses mécanismes physiopathologiques. On sait néanmoins que son apparition résulte de trois phénomènes, tous concentrés au niveau du follicule pilo-sébacé. L'hyperséborrhée est l'un d'entre eux.
Papules, pustules, nodules…
À la puberté, l'augmentation de la sécrétion hormonale entraîne un accroissement de la production de sébum, condition essentielle à la formation des lésions acnéiques. Un autre phénomène va voir l'apparition de troubles de la kératinisation sous l'action d'une multiplication des kératinocytes qui constituent la paroi du follicule pilo-sébacé. L'accumulation de sébum et la prolifération des kératinocytes finissent par produire un bouchon corné qui bouche le canal folliculaire et empêche l'évacuation du sébum. C'est alors que se forment les lésions rétentionnelles, points noirs (comédons ouverts) et points blancs (comédons fermés). Sous le bouchon corné, le sébum accumulé crée un milieu riche en lipides qui fournit l'environnement idéal au développement d'une bactérie naturellement présente dans le follicule pilo-sébacé, Propionibacterium acnes ou p. acnes.
Quand la pression du sébum, ou celle qu'exerce l'adolescent en pressant la lésion, finit par rompre la paroi du follicule, des antigènes bactériens se libèrent et, au contact du derme, provoquent l'apparition d'une inflammation. Celle-ci peut donner lieu à différentes formes de lésions inflammatoires : les papules, de couleur rose ou rouge, sont légèrement saillantes et ne contiennent pas de pus contrairement aux pustules qui se manifestent par un soulèvement épidermique. Les nodules, enfin, sont des formations arrondies de plus de 5 mm de diamètre et palpables sous la peau. Dans 95 % des cas, les lésions se situent sur le visage, plus particulièrement au niveau de la zone T – menton, nez, front - très riche en follicules. Chez les garçons, le dos, le torse et les épaules peuvent également être touchés car la densité des follicules y est importante.
Associer les soins
Caractéristique de l'adolescent, l'acné polymorphe juvénile associe une acné rétentionnelle et une acné papulo-pustuleuse. La première se manifeste par des points noirs et points blancs, la forme papulo-pustuleuse, signe d'une acné inflammatoire, se caractérisant quant à elle par des lésions superficielles, papules et pustules. Les lésions de rétention sont chronologiquement les premières à apparaître, parfois très tôt, en particulier chez la jeune fille (9-10 ans) et elles se manifesteront pendant toute la durée de l’acné. « Pour les traiter, le mieux est d'appliquer un kératolytique ou exfoliant dont les principes actifs les plus utilisés en cosmétique sont les AHA (Alpha-Hydroxy-Acides), l’acide glycolique, le LHA (Lipo-Hydroxy-Acide), l’acide salicylique… », indique Philippe Deshayes, dermatologue et consultant scientifique chez La Roche-Posay. Plus la concentration de ces actifs est importante, plus ils seront efficaces. Ils risquent cependant d’irriter la peau, d'où l’intérêt d'utiliser de façon concomitante des soins hydratants (acide hyaluronique, glycérol…) et apaisants (niacinamide...), pour permettre une meilleure tolérance. « En ce qui concerne les lésions inflammatoires, l’actif de choix est le peroxyde de benzoyl qui, en France, est soumis à la prescription médicale ».
Exfoliation, hydratation et apaisement
Les soins du champ dermocosmétique peuvent être proposés en monothérapie en début ou en fin d’évolution de l’acné combinant les actions d’exfoliation, d’hydratation et d’apaisement. Pour éviter le risque phototoxique ou photoallergisant de certains actifs médicaux et la formation de séquelles cicatricielles pigmentaires, il faut penser à associer aux traitements une protection solaire d’indice élevé, adaptée à la peau grasse ou acnéique.
Dans la prise en charge de l'acné, il ne faut cependant pas omettre d'évoquer l'hygiène qui constitue sûrement la toute première étape du protocole de soin. « Chez les adolescents, en particulier les garçons, elle est souvent oubliée. C’est pourquoi dans nos conseils, il faut se rapprocher des habitudes quotidiennes et proposer de remplacer le gel douche habituel par un gel moussant adapté à la peau acnéique (l’utilisation d’un gel purement antiseptique n’a aucun intérêt car l’acné n’est pas une infection). Il existe également des lotions dites purifiantes dont l’action exfoliante est généralement bien tolérée. Elles s’adaptent souvent mieux aux soins quotidiens chez la jeune fille. Dans l'idéal, ce nettoyage précédera, le soir, l’application du topique traitant, médicament ou dermocosmétique ». À bon entendeur…
Article précédent
Vaccination : retour aux fondamentaux
Article suivant
L'adolescence, période de tous les dangers
« On ne soigne pas l'ado sans ses parents »
Enfants occupés, parents libérés
Jeux d'enfants sur ordonnances
L'énurésie n'est pas une fatalité
Préparation aux examens : merci mon pharmacien
Du lait infantile à la diversification alimentaire
Vaccination : retour aux fondamentaux
Acné et peau grasse : l'adolescence victime des hormones et des mauvaises habitudes
L'adolescence, période de tous les dangers
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques