Chez l'enfant, la propreté s'acquiert entre 2 et 4 ans. Pourtant, chez les enfants souffrant d'énurésie, le « pipi au lit » perdure au-delà de l'âge de 5 ans. Il ne s'agit pas d'une maladie mais d'un symptôme fréquent puisqu'il touche 6 à 10 % des enfants de 7 ans. Avec le temps, il évolue favorablement dans la plupart des cas. Néanmoins, cette situation intime, souvent inavouable à l'extérieur du cocon familial, freine le développement social (sortie scolaire ou chez un camarade). Chez l'enfant, elle a un retentissement psychologique plus ou moins lourd. Plus il est âgé, plus l'enfant réalise les conséquences de son énurésie, sans pourtant être en capacité de la résoudre puisqu'il s'agit d'un trouble involontaire.
Mieux connaître l'énurésie pour mieux l'accepter
On estime que 42 % des parents pensent que leur enfant fait pipi au lit volontairement, ce qui culpabilise l'enfant et a pour conséquence d'amplifier le trouble. L'information sur l'énurésie mérite d'être partagée pour faire évoluer la perception sur ce problème. On parle d'énurésie lorsque la miction est involontaire la nuit, ou le jour pendant la sieste, et qu'il n'y a pas de lésions organiques urinaires ou neurologiques. Le diagnostic d'énurésie est posé chez un enfant de plus de 5 ans. Dans 60 % des cas, il s'agit d'une énurésie primaire isolée, c'est-à-dire que l'enfant n'a jamais été propre la nuit. Le sommeil profond, le facteur génétique ou l'immaturité du système de contrôle urinaire sont généralement présentés comme des causes possibles. On rapporte également que 20 % des enfants souffrant de TDA/H (trouble du déficit de l'attention/hyperactivité) présentent une énurésie. Dans 20 % des cas, l'énurésie primaire peut se manifester par une polyurie nocturne normale ; l'enfant urine dans son lit. Dans 30 % des cas, il s'agit plutôt de mictions peu abondantes mais répétées, qui traduisent une capacité vésicale réduite. L'énurésie est dite secondaire lorsque les mictions nocturnes surviennent chez un enfant propre, après un choc psychologique par exemple.
Adopter un discours encourageant
Le dialogue et la motivation sont deux piliers de la prise en charge de l'énurésie nocturne. La prise en charge est une suite d'étapes, ou le traitement pharmacologique n'intervient que si les mesures éducatives comportementales échouent et si l'enfant adhère à cette solution. Le laboratoire Ferring qui commercialise Minirinmelt a élaboré le site pipi-au-lit.net pour aider les enfants, les parents et les professionnels de santé à comprendre et à parler de l'énurésie. Un support pédagogique et positif qui accompagne et rassure, intéressant pour animer son officine lors de la journée mondiale de l'énurésie qui a lieu le 30 mai.
Les bons gestes à adopter
Il s'agit de ne pas culpabiliser l'enfant, de le rassurer et surtout, de lui expliquer ce phénomène qu'il subit sans comprendre. Chaque nuit sèche est une victoire qui peut être rapportée sur un calendrier, tenu par l'enfant lui-même. Parmi les mesures hygiéniques, il est recommandé de réduire les apports hydriques en fin de journée (éviter de boire dans les 2 heures avant le coucher) et de programmer un passage aux toilettes le soir avant d'aller se coucher. L'accès aux toilettes doit être facile. Il est possible par exemple de placer des veilleuses pour aider l'enfant à se repérer la nuit. Les couches, qui constituent une solution de confort, peuvent entraîner une démotivation. Il est préférable de s'en affranchir le plus possible et de privilégier des systèmes de protection de la literie comme des alèses. La participation de l'enfant au lavage du linge peut l'aider à accepter l'énurésie. Cependant, cette tâche ménagère ne doit pas être présentée comme une punition qui ferait suite à une bêtise.
Les traitements comportementaux et pharmacologiques : pour qui et quand ?
La desmopressine est le médicament indiqué pour traiter une énurésie nocturne chez l'enfant de plus de 6 ans, si celle-ci n'est pas liée à une pathologie sous-jacente. Il s'agit d'un analogue de l'hormone antidiurétique ADH. Les antidépresseurs tricycliques peuvent être envisagés en dernière intention, sur avis d'un spécialiste. Ils ont une action sur le sommeil et sur le système vésical. Parmi les méthodes non médicamenteuses, les systèmes d'alarme sonore (pipi-stop) permettent à l'enfant de prendre conscience et de maîtriser ses mictions nocturnes. Cette thérapie comportementale est souvent associée à la desmopressine.
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