1 - Cancer des voies aérodigestives
Le cancer des voies aérodigestives se situait au 8e rang des cancers les plus fréquents en France en 2012 (lèvre, cavité orale, pharynx). Il touche principalement les hommes même si son incidence diminue tandis que l’incidence chez la femme augmente (en lien avec l’évolution de la consommation de tabac)*. Le plus fréquent est le carcinome épidermoïde. La consommation de tabac et d’alcool est la principale cause de ces cancers, l’effet de l’un augmentant celui de l’autre. On retrouve aussi l’exposition professionnelle à des produits toxiques (poussières de bois, nickel, acide chromique…). Au début, le cancer présente très peu de symptômes (un symptôme ORL unilatéral et persistant, en particulier devant une adénopathie cervicale isolée, fait suspecter un cancer des voies aérodigestives supérieures).
En cas de suspicion, le diagnostic se fait par endoscopie avec biopsie et imagerie (tomodensitométrie +/- IRM).
2 - Cancer de l’œsophage
Le cancer de l’œsophage est un cancer relativement peu fréquent. 80 % des cas concernent des hommes, âgés de plus de 55 ans. Cependant, l’incidence chez l’homme a chuté ces dernières années*. La majorité des cancers de l’œsophage sont des carcinomes épidermoïdes (80 % des cas environ) qui se développent sur de l’épithélium malpighien. On retrouve aussi des adénocarcinomes, plus fréquents à la partie basse de l’œsophage. Les principaux facteurs de risque sont le tabagisme et l’alcool, le RGO, l’obésité. Le symptôme dominant est une dysphagie progressive ou persistante, habituellement élective pour les solides et responsable d’un état de dénutrition. On retrouve aussi des régurgitations, une altération de l’état général et les symptômes révélateurs d’une complication (douleur thoracique, infection bronchopulmonaire, dyspnée, dysphonie…).
Le diagnostic repose sur une endoscopie œsogastrique avec biopsies et un scanner thoracoabdominal. Le pronostic est péjoratif, y compris dans ses formes localisées (survie relative à 5 ans de 37 %).
3 - Cancer de l’estomac
Le cancer de l’estomac est un cancer relativement peu fréquent. On le retrouve plus souvent chez les hommes (2/3 des cas) que chez les femmes, le plus souvent âgés de plus de 65 ans. 90 % des cancers de l’estomac sont des adénocarcinomes gastriques. On distingue les adénocarcinomes du cardia et les adénocarcinomes de l’estomac distal.
Les symptômes, au départ, sont non spécifiques : on retrouve des épigastralgies, des nausées, des vomissements, une complication hémorragique, une dysphagie, une altération de l’état général… Les principaux facteurs de risque sont une consommation excessive de viande, de poisson fumé, de sel, une gastrite chronique causée par Helicobacter pylori, le tabagisme, des antécédents familiaux. Le diagnostic repose sur une biopsie à partir d’une endoscopie œsogastrique (l’aspect habituel est représenté par une tumeur bourgeonnante ulcérée) et un scanner thoraco-abdomino-pelvien.
Le pronostic du cancer de l’estomac est intermédiaire, avec un taux de survie de 59 % à 5 ans sur une forme localisée, 21 % pour les formes locorégionales, 2 % pour les formes métastatiques. Le cancer proximal a un pronostic moins bon que le cancer distal.
4 - Cancer du pancréas
Le cancer du pancréas se situait au 6e rang en nombre de cas de cancers en France en 2012. Il touche autant l’homme que la femme. 90 % des cancers du pancréas sont des adénocarcinomes canalaires pancréatiques qui touchent le plus souvent la tête du pancréas. Le tabac, le surpoids, l’obésité et des prédispositions génétiques sont incriminés dans son apparition. Les symptômes sont tardifs et ne sont pas spécifiques : on retrouve des douleurs derrière l’estomac ou au niveau du dos (surtout si le cancer concerne la queue du pancréas), des troubles de la digestion, une jaunisse…
Le diagnostic repose sur une échographie, une tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne et l’analyse anatomopathologique. Tous stades confondus, la survie à 5 ans n’est que de 5 % (20 % en cas de chirurgie suivie de chimiothérapie, 10 à 20 % des patients pouvant bénéficier d’un traitement curatif).
5 - Cancer du foie
Au 10e rang des cancers en terme d’incidence en 2012, le cancer du foie touche majoritairement des hommes. Le carcinome hépatocellulaire, se développant sur les hépatocytes, est le plus fréquent et se développe le plus souvent sur un foie de cirrhose (9 cas sur 10) ou suite à une hépatite B ou C. En France, il est essentiellement d’origine alcoolique. D’autres facteurs de risque sont aussi identifiés : l’hémochromatose, la stéatose hépatique, le tabac. En l’absence de cirrhose, les symptômes apparaissent souvent lorsque le cancer est déjà évolué : fatigue, amaigrissement, nausées, vomissements, douleurs, fièvre, ictère, hémorragie digestive… Le diagnostic repose en premier sur l’échographie et le dosage d’AFP ou alphafoetoprotéine (c’est également un marqueur pronostique) qui sont surveillés tous les six mois chez un patient cirrhotique.
Environ 30 % des patients peuvent bénéficier d’un traitement curatif. Le diagnostic étant le plus souvent tardif, tous stades confondus, le taux de survie à 5 ans est proche de 10 %, il peut atteindre 25 % à un stade localisé.
6 - Cancer colorectal
Le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent chez l’homme (derrière le cancer de la prostate et du poumon) et le 2e chez la femme (derrière le cancer du sein). Il est la seconde cause de mortalité par cancer en France chez l’homme (après le cancer du poumon) et la troisième cause chez la femme (après le cancer du sein et le cancer du poumon)*. Il touche des personnes de plus de 50 ans dans 95 % des cas.
Il existe divers facteurs de risque associés à ce cancer : maladies inflammatoires du tube digestif, hérédité, consommation excessive de viande rouge, de charcuterie ou d’alcool, sédentarité, tabagisme…
Les symptômes sont souvent tardifs et évocateurs mais pas spécifiques : rectorragies, troubles du transit d’apparition récente, douleurs abdominales, anémie ferriprive (la découverte d’une anémie ferriprive impose de rechercher un cancer colorectal dans tous les cas chez l’homme, et en l’absence d’un syndrome gynécologique évident et après 50 ans chez la femme). Parfois même, le diagnostic est posé au moment des complications : occlusion digestive, péritonite, métastases…
Le diagnostic initial du cancer colorectal repose sur la coloscopie totale et l’examen anatomopathologique des biopsies.
Le cancer colorectal est le seul cancer digestif qui bénéficie d’un dépistage gratuit : le test Hémoccult II permet de détecter la présence de sang dans les selles. Il est proposé gratuitement tous les deux ans aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans.
Lorsqu’il est diagnostiqué à un stade précoce, ce cancer est de bon pronostic, la survie à 5 ans étant de 91 % pour les formes localisées, mais elle chute à environ 11 % pour les formes métastatiques. Tous stades confondus, le taux de survie à 5 ans est de 57 %.
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