Noémie G.
8 mois, 9 kilogrammes
Doliprane 100 mg 3 fois par jour durant cinq jours.
Le contexte
Noémie souffre, cela est banal en cette saison, d’une forme légère bronchiolite aiguë inaugurée par une rhinite. Rapidement, la fièvre s’est élevé à 38°C et la petite fille a manifesté des difficultés lors de l’expiration : elle faisait de visibles efforts pour expulser l’air des poumons encombrés. La prise en charge de cette forme légère ne relève évidemment pas d’une hospitalisation.
Votre conseil
Le pharmacien rassure la maman qui juge cette ordonnance « légère » (le paracétamol est indiqué ici comme antipyrétique). Il lui rappelle comment fractionner les apports alimentaires et comment aider Noémie à mieux respirer grâce aux techniques de désobstruction des voies aériennes supérieures, sans aspirations nasopharyngées. Cette désobstruction doit être systématique et faite plusieurs fois par jour. L'antibiothérapie n'est pas recommandée dans la bronchiolite, même accompagnée de fièvre, car c’est une pathologie virale : elle se justifie par une infection bactérienne concomitante, documentée ou suspectée (otite moyenne aiguë, pneumonie confirmée radiologiquement). De même, le traitement d’une bronchiolite simple, non récidivante, n’impose pas l’utilisation d’un anti-inflammatoire, d’un antitussif, d’un mucolytique ni, sauf exception, d’un bronchodilatateur. Rappelons qu’une kinésithérapie systématique n’est désormais plus recommandée : elle se discute en cas de comorbidités (ex : pathologie sous-jacente neuromusculaire ou respiratoire chronique) ou en cas de trouble de ventilation avec un retentissement clinique significatif.
Monsieur Edmond T.
71 ans
Tamiflu 75 mg 1 gélule matin et soir, pendant 5 jours
Dafalgan 500 jusqu’à 6 gél/j si besoin
Madame Anne-Lise T.
68 ans
Tamiflu 1 gélule chaque matin pendant 10 jours
Le contexte
Monsieur T. présente les signes cliniques d’une grippe. Le médecin souhaite prendre toutes les précautions pour ce patient vulnérable car atteint d’une maladie neurodégénérative, et, bien sûr, pour son épouse qui s’occupe de lui. Il a donc rédigé deux ordonnances : l’une, curative, pour le patient déjà touché par la grippe, l’autre, prophylactique, pour sa femme qui a été en contact avec le virus mais n’est pas (encore) vaccinée.
L’oseltamivir (Tamiflu, Ebilfumin) inhibe la neuraminidase, l’enzyme de la paroi du virus qui permet sa séparation des cellules épithéliales infectées après sa réplication. Son administration minimise la symptomatologie de la grippe et diminue sa durée. Ce traitement oral peut être prescrit en prophylaxie post-exposition (sur 10 jours) ou en curatif d’une grippe déclarée (sur 5 jours) dont il atténue la sévérité : il doit être pris dans les deux jours suivant le contact avec le sujet infecté ou le début des symptômes. L’oseltamivir ne nécessite pas d’adaptation posologique selon le terrain (insuffisance rénale ou hépatique) et ne donne pas lieu à interactions médicamenteuses : il est donc compatible avec le traitement neurologique de Monsieur T. Le paracétamol est administré dans le syndrome grippal pour ses propriétés antipyrétiques et antalgiques.
Votre conseil
Les époux T. auraient dû être vaccinés contre la grippe mais Madame T. a oublié de s’en préoccuper. La tolérance du vaccin saisonnier est satisfaisante : en général, seules des réactions locales (érythème, œdème, douleur locale, ecchymose, induration) et transitoires sont observées, parfois des courbatures fébriles voire un syndrome… pseudo-grippal. Le traitement prescrit n’empêche pas la vaccination, que le médecin réalise immédiatement chez Madame T. et qui permettra de la protéger durablement sur la saison hivernale.
Pierre S.
8 ans
Phloroglucinol 3 cp/j
Diosmectite sachet 1 sachet matin et soir durant 3 jours
Régime adapté et hydratation.
Le contexte
Le petit Pierre n’a pas échappé à l’épidémie de « gastro », classique en cette saison : courbatures, spasmes intestinaux, nausées, quelques diarrhées. Son père l’a emmené chez le médecin qui a prescrit un traitement symptomatologique par diosmectite, une argile destinée à traiter les épisodes diarrhéiques (rappelons que les antidiarrhéiques à base d'argile doivent être évités chez les enfants < 2 ans en raison d’un risque théorique de passage d'infimes quantités de plomb dans le sang) et de phloroglucinol, un antispasmodique qui limite la douleur abdominale et bénéficie d’une bonne tolérance. Le prescripteur aurait dû définir la durée de son administration qui n’a pas de raison d’être prolongée.
Votre conseil
Tout rentrera dans l’ordre rapidement. Un régime alimentaire adapté durant quelques jours limite les diarrhées : appauvri en légumes verts et en laitages, il associe riz, pâtes, purée de carottes, compote de pomme et de bananes, gelée de coings sans oublier une hydratation abondante.
Les gastro-entérites virales sont prévenues par des règles d’hygiène identiques à celles mises en œuvre pour la prophylaxie du coronavirus : lavages de mains récurrents à l’eau et au savon (ou recours à un soluté hydro-alcoolique), nettoyage régulier des jouets, des poignées de porte, individualisation des verres, des couverts, etc.
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