LA VITAMINE D est en fait une pro-hormone formée dans l’épiderme par les UVB solaires. Ceux-ci transforment la 7-déhydrocholestérol en pré-vitamine D3 qui est stockée dans les adipocytes sous forme de vitamine D3 (cholécalciférol) ; celle-ci donne, après hydrolyse, la 25(OH)D. On le sait, sa synthèse peut être réduite du fait d’un manque d’exposition aux UVB. De multiples obstacles sont en cause, au premier rang desquels les facteurs climatiques : la couverture nuageuse, la pollution, le vent, l’inclinaison des rayons solaires par rapport au zénith qui les rend inefficaces en hiver au-delà de 35° de latitude, le froid et la chaleur. À ces facteurs s’ajoute un changement de mode de vie marqué par la migration des lieux de travail vers les espaces intérieurs (usines, bureaux), la pratique d’activités sportives et ludiques en intérieur, une protection vestimentaire trop large (vêtements trop couvrants), et une prévention et une protection solaires avec des produits écrans anti-uva/UVB. En France, toutes les catégories de la population, enfants, adolescents, femmes enceintes, seniors sont majoritairement déficitaires. En dehors d’une consommation d’aliments naturellement riches en vitamine D pour améliorer le statut vitaminique, la stratégie qui consiste à s’exposer aux UV, sans s’en protéger de façon stricte et systématique, fait l’objet d’une belle polémique… À méditer avant les vacances.
Controverse : protection solaire versus exposition.
Plusieurs arguments plaident en faveur d’un assouplissement de la protection solaire :
- La déficience en vitamine D est un problème mondial du XXIe siècle. Trop se protéger du soleil prive l’organisme d’une source naturelle et accroît le statut déficitaire.
- La vitamine D, en plus de son rôle fondamental dans la minéralisation osseuse, a de multiples effets extra-osseux et sa photosynthèse est importante pour la santé.
- Les crèmes solaires bloquent les UVB et diminuent le taux de la vitamine D. Une protection solaire SPF 15 diminue le taux sanguin de 85 %.
- Il existe une relation entre les variations saisonnières du statut en vitamine D et l’incidence et la gravité des pathologies infectieuses (notamment respiratoires).
- Une exposition solaire brève d’une surface cutanée importante (corps entier) pour des groupes à risque (personnes âgées, obèses, personnes impliquées dans un travail intérieur…) peut avoir des effets bénéfiques et protecteurs sur la santé, sans effet mutagène.
- En cas de malabsorption alimentaire suite à des pathologies digestives, les UV sont la seule source de vitamine D.
Les arguments contre un assouplissement de la protection solaire font valoir d’autres constatations :
- Le cancer de la peau représente plus de 50 % de tous les cancers, et les UV sont le facteur de risque le plus important démontré pour la survenue de ce cancer.
- Une exposition solaire occasionnelle est suffisante pour une synthèse maximum de vitamine D, même avec une crème solaire.
- Au vu des effets secondaires, la recommandation d’une exposition solaire dans le but de prévenir des maladies n’est pas justifiable.
- La supplémentation orale est une méthode fiable et simple pour atteindre les taux recommandés.
P comme prudence et protection.
En pratique, la longueur d’onde optimale pour la production de provitamine D3 est de 290-310 nm (UVB). La couverture des besoins équivaudrait à une exposition du corps entier aux rayons UVB pendant trois semaines, et même si l’exposition est intensive, on n’atteint pas les taux recommandés. En effet, il est difficile d’atteindre un niveau de vitamine D supérieur à 400 UI sans risque d’érythème, et la photosynthèse de vitamine D est indissociable d’un dommage structurel cutané au niveau de l’ADN de la cellule. D’autre part, seuls les UVB sont responsables d’une augmentation de la synthèse de vitamine D, une exposition aux UVA non seulement ne l’augmente pas mais peut même la diminuer. Une exposition intentionnelle aux UV n’est donc pas une manière appropriée de corriger un déficit en vitamine D. Actuellement, beaucoup trop d’inconnues subsistent pour trancher pour ou contre un assouplissement de la protection solaire. Les experts restent prudents et, en cas d’exposition, ils s’accordent à recommander l’utilisation de produits solaires protecteurs, d’autant plus que les connaissances des filtres solaires et des indices de protection ont beaucoup évolué.
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