Bien que la fumée de tabac renferme plus de 4 000 composés différents, c’est la nicotine et elle seule qui est responsable de la dépendance (très intense).
Une cigarette renferme une dizaine de mg de nicotine, dont 2 à 3 passent dans le sang en atteignant le cerveau en seulement quelques secondes. Cette rapidité (effet « flash » recherché par le fumeur) explique l’installation rapide d’une dépendance lorsque la nicotine est administrée par voie inhalée. En revanche, sa biodisponibilité par voie orale étant faible (environ 30 %), sa résorption progressive et les effets se dissipant lentement ; cette voie n’entraîne donc pratiquement jamais (tout comme la voie transdermique, pour les mêmes raisons) de dépendance.
La forme active de la nicotine ressemble à l’acétylcholine. Mais, alors que l’acétylcholine est une molécule flexible pouvant se lier à la fois aux récepteurs muscariniques et nicotiniques, celle de la nicotine l’étant moins ne peut se fixer qu’aux seuls récepteurs nicotiniques en les activant.
Il est important de souligner qu’il existe une ontogénèse particulière des récepteurs nicotiniques (l’ontogénèse décrit le développement progressif d'un organisme depuis sa conception jusqu'à sa forme mûre, voire jusqu'à sa mort.) et une régulation de leur expression variant en fonction du tissu, de l’âge (ce qui explique une installation plus rapide de la dépendance chez le sujet jeune) et de certains facteurs pathologiques.
La nicotine agit sur un très grand nombre de systèmes biologiques, avec des effets variants selon la dose et influencés par le développement d’une tolérance.
Au niveau central, elle entraîne une stimulation de la vigilance, de l’attention et de la concentration ; alors qu’a contrario, le sevrage tabagique entraîne des troubles de la concentration et de l’apprentissage. En plus de son action directe sur les récepteurs nicotiniques postsynaptiques, la nicotine module (via des autorécepteurs) la libération de nombreux neurotransmetteurs (acétylcholine, noradrénaline, dopamine, sérotonine, bêta -endorphine) et hormones (vasopressine, hormone de croissance, ACTH, prolactine, cortisol).
Au niveau périphérique, elle entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire ainsi que de la pression artérielle.
Enfin, le tabagisme stimule le péristaltisme intestinal, augmente le LDL-cholestérol, diminue l’HDL-cholestérol, augmente le taux plasmatique de fibrinogène et active les plaquettes (effet pro-agrégant). On a l’habitude de dire que le tabagisme est un poison du système cardiovasculaire.
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