• La réglementation
L’arrêté de 15 février 2002 modifié (article R5125-10 du CSP) laisse au pharmacien la possibilité d’exercer la vente, la dispensation et le conseil d’audioprothèses. Pour cela, il doit posséder un diplôme d’état d’audioprothésiste (3 ans d’études) ou salarier un professionnel détenteur du diplôme. Un audioprothésiste libéral ne peut pas effectuer des prestations à l’officine (R.4235-67 du CSP). L’activité doit faire l’objet d’un rayon individualisé (R.5125-10 du CSP) et ne peut s’exercer sans une installation précise, local dédié entièrement équipé (article L4361-6 du Code de la santé publique) qui doit s’inscrire dans les locaux de l’officine ne formant qu’un seul tenant. Des lieux de stockage ne comportant ni signalisation ni vitrine extérieure peuvent se trouver à proximité immédiate à condition qu’ils ne soient pas ouverts au public (R.5125-9 du CSP).
• Les principaux acteurs du marché et leur offre
Six fabricants principaux (Siemens, Widex, Starkey, Gn Resound, Phonak, Oticon) se partagent le marché des prothèses auditives en France. Le matériel se répartit entre deux grandes catégories : les prothèses extra-auriculaires représentent 90 % de l’appareillage, une grosse moitié d’entre elles misant sur la discrétion. Elles prennent la forme d’un contour d’oreille - abritant un microphone, un amplificateur et un écouteur - que l’on place derrière le pavillon et qui est relié à un embout situé dans l’oreille. Les prothèses intra-auriculaires se logent, quant à elles, directement dans le creux de l’oreille et nécessitent une prise d’empreinte au préalable.
Une nouvelle catégorie d’aides auditives, lancée il y a quelques années, vient compléter l’offre en prothèses. Il s’agit d’un assistant d’écoute, appareil préréglé qui ne demande donc pas d’adaptation par un professionnel. Solution prêt à porter destinée à pallier les pertes d’audition légères dues à l’âge, elle dispose désormais du statut de dispositif médical et ne nécessite pas un suivi régulier hormis l’entretien de l’appareil (nettoyage, renouvellement des piles). Développé en tout premier par la société Sonalto, l’assistant d’écoute Octave est aujourd’hui dispensé par près de 2000 pharmacies orientées vers le conseil ou rurales pour une question de proximité.
• L’aide au dépistage
Seul le médecin ORL peut diagnostiquer une perte d’audition. Un test restreint de dépistage peut cependant être effectué à l’officine à partir d’une borne qui va soumettre l’oreille à quelques fréquences et permettre, s’il y a lieu, d’orienter la personne vers un spécialiste. La solution la plus simple, cependant, reste le questionnement du patient. Il suffit de l’interroger sur une éventuelle difficulté à entendre ressentie au quotidien : « Êtes-vous gêné quand plusieurs personnes parlent en même temps ? », « Avez-vous tendance à écouter la télévision, la radio, à un volume sonore plus élevé que les autres ? » Si la réponse à ces questions est positive, il faut conseiller d’aller consulter un ORL. Celui-ci pourra prescrire une aide auditive mais le choix du modèle, qui dépend des caractéristiques propres à chaque individu, reviendra à l’adaptateur.
• Quelle Rentabilité ?
8 % des Français sont touchés par une perte d’audition parmi lesquels près de 30 % portent un appareil auditif. Ce qui assure au marché un potentiel de développement important. Le prix de vente d’une prothèse oscillant entre 1 000 (entrée de gamme) et 2 000 euros (haut de gamme) paraît tout aussi prometteur d’autant que 60 % des malentendants nécessitent une adaptation des deux oreilles. Mais la rentabilité de l’activité ne peut s’envisager sans tenir compte de la prestation – adaptation et suivi – qui occupe une quinzaine d’heures sur cinq ans (la durée de vie de l’appareil), la plus grande partie du temps étant concentrée sur la première année de l’appareillage, notamment la première séance (recueil d’informations médicales, tests spécialisés, explications sur le matériel, questions/réponses). À cela s’ajoutent les frais d’installation d’un local dédié entièrement équipé qui peut coûter entre 50 000 et 100 000 euros sachant que l’activité d’audioprothésiste est un métier à part entière qui englobe le choix, l’adaptation, la délivrance, le contrôle d’efficacité immédiate et permanente de la prothèse auditive et l’éducation prothétique de la personne appareillée (article L4361-1 du Code de la santé publique). « Il ne faut pas attendre un bénéfice supérieur à 10 % par appareil adapté », précise Luis Godinho, président de l’UNSAF*. Cinquante euros de marge par heure passée avec le patient, confie, pour sa part, un pharmacien audioprothésiste.
Certes, le vieillissement de la population, en augmentant mécaniquement les besoins, est de bon augure pour le marché de l’adaptation mais de nombreux freins existent quant au port de prothèses auditives à commencer par la faible part de la prise en charge qui laisse en moyenne 1 000 euros de charge par appareil à l’utilisateur. Enfin, c’est un domaine où la concurrence se renforce avec une population d’environ 3 000 audioprothésistes dont 60 % sont indépendants, 30 % sont des enseignes (Amplifon, Audika, Conversons…) et 10 % sont des centres d’adaptation mutualistes.
• Animer l’espace audioprothèse à l’officine
Dans le cadre d’une opération de sensibilisation aux dysfonctionnements de l’ouïe, l’officine peut accueillir, le temps d’une journée, un professionnel de l’adaptation auditive (généralement une enseigne). À cette occasion, des tests de l’audition effectués à l’aide d’un audiomètre seront proposés à la clientèle afin de détecter un éventuel trouble de l’ouïe (avant d’orienter, le cas échéant, vers un médecin ORL). L’objectif est aussi d’interpeller le public sur le thème de la presbyacousie et de ses manifestations. 40 % du trafic à l’officine étant générés par une population de seniors, la pharmacie a un rôle clé à jouer dans cette problématique.
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