Le Quotidien du pharmacien.- Quelles sont les prises de position et les interventions qui vous ont le plus marqué durant cette Journée de l'économie ?
Antoine Leroyer.- Premièrement, le retour sur la crise du Covid, on mesure à quel point cela a touché tout le monde et on prend encore davantage conscience de l'ensemble des aménagements qui ont dû être faits par les officinaux. J'ai également été marqué par les chiffres sur la baisse d'activité des pharmacies durant cette période. En dehors de cela, c'est l'aspect économique général qui a retenu le plus mon attention, c'est une question qui génère une bonne part de stress me concernant. Il est en tout cas très important pour une association étudiante comme l'ANEPF de pouvoir être présente à ce type d'événements car nous pouvons apporter notre vision et l'évoquer avec celles et ceux qui décident des évolutions du métier aujourd'hui, parce que ce qui se négocie aujourd'hui concernera bien sûr les futures générations de pharmaciens.
Par rapport à l'idée que vous vous faites du métier de pharmacien d'officine, quels éléments débattus lors de ces échanges vous ont-ils surpris voire étonné ?
Personnellement j'ai toujours eu envie de me diriger vers l'officine, donc les discussions sur les méga-pharmacies, comme celle qui vient d'ouvrir dans le quartier des Halles à Paris, m'ont interpellé. Pour moi, ce modèle principalement tourné sur l'aspect commercial, ce n'est clairement pas l'exemple à suivre.
Quel regard portent les étudiants sur les nouvelles missions confiées aux pharmaciens ces dernières années ? Avez-vous l'impression qu'elles contribuent à renforcer l'attractivité de l'officine ?
Clairement, ces nouvelles missions valorisent le métier de pharmacien. Beaucoup d'étudiants en pharmacie sont très satisfaits de cette nouvelle « culture » et ont à cœur de la développer. Il y a parfois un peu de crainte aussi parce que, quand on est entré en filière officine, on ne s'imaginait pas forcément faire certains actes. On ne pouvait pas parier qu'on allait faire des tests nasopharyngés par exemple. Quoi qu'il en soit, j'ai eu la chance de côtoyer beaucoup de promotions d'étudiants en pharmacie depuis le début de mon cursus et ce qui est flagrant, c'est que ce n'est plus du tout une filière choisie par défaut. L'attractivité de la filière officine notamment est beaucoup plus forte qu'avant. Elle attire même de plus en plus.
Sentez-vous les étudiants concernés par la question du maillage territorial des officines dans le contexte de la désertification médicale et alors que les officines rurales ont souvent du mal à attirer les jeunes diplômés ?
Bien sûr que c'est un sujet important et on en prend encore davantage la mesure quand il y a une crise sanitaire comme celle que nous vivons. L'interprofessionnalité est en plein essor, c'est un enjeu fondamental qui peut vraiment motiver des jeunes à venir s'investir dans des zones rurales.
Que faudrait-il améliorer dans le contenu des études de pharmacie ?
Il faudrait davantage prendre en compte les retours d'expériences des patients et des associations qui les représentent. Les patients sont au cœur du métier et ils ne sont pratiquement pas évoqués dans notre formation, même si quelques signes montrent que nous sommes en légère voie d'amélioration. Davantage de retours d'expériences des pharmaciens eux-mêmes, plus de mises en situation en officine également. C'est vraiment sur ces aspects-là qu'il faudrait beaucoup plus insister selon moi.
Avez-vous l'impression que la parole des étudiants en santé, et des syndicats qui les représentent, est suffisamment entendue ?
Nous travaillons bien avec tout le monde et notamment avec les différentes instances. Nous estimons que notre voix est suffisamment entendue et nous continuerons de la porter quoi qu'il advienne.
La réforme des études de santé, effective depuis la rentrée, vous semble-t-elle aller dans le bon sens ?
Il est encore beaucoup trop tôt pour dégager de premières tendances, nous serons très vigilants sur la manière dont les choses vont se passer dans les prochains mois. Le contexte est bien sûr très particulier avec le Covid. Nous sommes très attentifs aux difficultés que pourraient rencontrer les étudiants plus généralement, notamment sur l'aspect financier au vu des conséquences économiques de cette crise pour les futurs diplômés. On veille aussi à vérifier que des étudiants ne se retrouvent pas dans des situations d'isolement, alors que nous sommes souvent contraints d'assister aux cours à distance cette année. Le contexte Covid ne facilite pas non plus la vie des associations étudiantes, ce n'est pas forcément simple de se mobiliser, mais cela nous pousse à innover.
Quels seront les grands chantiers de l'année pour l'ANEPF ?
Il y aura tout d'abord la question du déploiement du numérique en santé. Le diplôme d’études spécialisées en officine (DES) sera aussi un sujet majeur pour nous et, plus globalement, la question de la réforme du 3e cycle.
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