Les antibiotiques exercent inéluctablement une pression de sélection environnementale sur les populations bactériennes. Cette sélection de bactéries résistantes et pré-existantes peut avoir lieu en situation pathologique, au sein d’un foyer infecté. Elle peut également se faire en situation physiologique, par exemple au sein du microbiote intestinal, lieu privilégié présentant une densité élevée de bactéries et une diversité importante d’espèces, propice aux échanges horizontaux de gènes de résistance. Ainsi, la prise d’antibiotique, même de courte durée, a-t-elle toujours des conséquences sur les microbiotes.La consommation et la dissémination des antibiotiques, et donc des bactéries résistantes, se réalisent dans trois secteurs principaux : les élevages, l’environnement et en santé humaine. Ces constats montrent l’importance de l’approche globale « Une seule santé » (One Health) promulguée par l’Organisation mondiale de la santé dans son plan d’action contre la résistance aux antibiotiques.La principale cause de l’accélération de l’antibiorésistance est la surconsommation des antibiotiques (en 2021, la France était le 5e pays européen le plus consommateur d’antibiotiques), principalement en médecine de ville, qui comprend un usage inadapté de ces médicaments (notamment dans le cas d’infections virales). Parallèlement, l’usage d’antibiotiques est resté stable dans les hôpitaux et a diminué en santé animale grâce aux plans ÉcoAntibio, avec pour conséquence une baisse de la prévalence des résistances chez les animaux d’élevage.À ce jour, même si des succès ont été observés (par exemple, diminution de la prévalence des pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline et de S. aureus résistant à la méticilline), l’inquiétude se concentre sur l’augmentation de la résistance des bacilles à Gram négatif responsables de nombreuses infections en santé humaine telles que des infections urinaires ou digestives.La résistance aux antibiotiques entraîne des difficultés de traitement pour des infections autrefois sans gravité et peut mener parfois à des situations d’impasse thérapeutique (absence d’antibiotiques actifs). La situation pourrait s’aggraver à l’avenir en cas d’accélération de l’émergence de résistances ayant pour conséquence l’utilisation de molécules à spectre large, générant elles-mêmes plus de résistances (cercle vicieux) et en l’absence d’un développement suffisant de nouveaux antibiotiques. La problématique est mondiale, certains pays ayant une prévalence très élevée de bactéries résistantes. Des mesures d’hygiène strictes sont d’ailleurs mises en œuvre dans les établissements de santé français lors du rapatriement de patients hospitalisés préalablement à l’étranger.
Antibiorésistance : l’origine du mal
Publié le 16/02/2023
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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