La résistance d’une bactérie peut être naturelle. Elle concerne alors toutes les souches d’un genre ou d’une espèce et détermine le phénotype sauvage de la résistance. Elle est portée par le chromosome de la bactérie et se transmet verticalement lors de la division cellulaire. Elle peut être également acquise. Elle est alors identifiée dans une proportion plus ou moins importante des souches d’une espèce et est variable dans le temps. Dans ce cas, la transmission est verticale ou horizontale (entre bactéries via des éléments génétiques mobiles, comme les plasmides et les transposons**).Les résistances plasmidiques sont les plus répandues (80 % des résistances acquises) et peuvent concerner plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d’antibiotiques ; on parle alors de multirésistance ; le transfert pouvant intervenir d’une souche à l’autre ou d’une espèce à l’autre. Les voies d’acquisition des éléments génétiques mobiles sont de plusieurs types : transformation bactérienne, transduction par bactériophages, conjugaison bactérienne pour le transfert de plasmides. La conjugaison, contrairement à la transduction, n’est pas spécifique d’espèce et est donc très impliquée dans la diffusion de gènes de résistance entre différentes espèces bactériennes notamment au sein des microbiotes.Quatre grands types de mécanismes :- L’imperméabilité bactérienne est impliquée dans la résistance naturelle des bacilles à Gram négatif aux glycopeptides (vancomycine), molécules de grande taille ne pouvant plus entrer dans les porines de la membrane externe de ces bactéries. L’imperméabilité est également impliquée dans la résistance acquise, par exemple celle de Pseudomonas aeruginosa à l’imipénepar perte de la porine D2 de la membrane externe, voie d’entrée de l’antibiotique.- Une modification de la cible de l’antibiotique entraîne une perte d’activité de celui-ci. Un exemple incontournable est la résistance acquise de Staphylococcus aureus, pathogène humain très répandu, à la méticilline. La bactérie développe alors une nouvelle PLP, la PLP2A ayant très peu d’affinité pour les bêta-lactamines.- Un troisième mécanisme très répandu est l’inactivation enzymatique de l’antibiotique. La bactérie peut acquérir, par exemple, des gènes de résistance codant des enzymes nommées bêta-lactamases et capables d’hydrolyser le noyau bêta-lactame des bêta-lactamines, les transformant en produits inactifs. Chez les bacilles à Gram négatif, il existe une grande diversité de bêta-lactamases impliquées dans des résistances naturelles aux antibiotiques.- Des systèmes de pompes à efflux permettent d’éliminer l’antibiotique en dehors de la bactérie. Ce mécanisme de résistance est particulièrement impliqué dans les résistances naturelles et acquises de Pseudomonas aeruginosa.L’accumulation de mécanismes de résistance chez une même souche bactérienne peut conduire à des impasses thérapeutiques.
Les voies multiples de l’antibiorésistance
Publié le 16/02/2023
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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