Loin de se résumer à une simple ordonnance dématérialisée, la e-prescription est un dispositif de sécurisation de la prescription médicale doublé d'un support de suivi du patient. « La e-prescription vise à faciliter les échanges entre le médecin prescripteur et le pharmacien dispensateur, avec en ligne de mire l'amélioration de la prise en charge des patients », commente Annelore Coury, directrice déléguée à la gestion et l'organisation des soins auprès de la CNAM. Le principe de la e-prescription est simple : lorsque le médecin rédige une ordonnance, il l'enregistre dans une base protégée gérée par l'assurance-maladie. Une ordonnance papier affichant un QR code est remise au patient.
Un moyen de tracer l'intervention pharmaceutique.
La lecture de ce code par le pharmacien permet d'accéder à la version numérique de la prescription, et ainsi de vérifier sa validité et sa conformité. Lors de la délivrance, le pharmacien doit préciser ligne par ligne ce qui a été dispensé et justifier chaque intervention modifiant la prescription initiale. Contrairement à une prescription normale, la e-prescription permet au prescripteur de prendre connaissance des informations de délivrance et de l'intervention pharmaceutique. « Pour le patient, ce dispositif est assez transparent, mise à part qu'un QR code est apposé sur son ordonnance. Le patient conserve une version papier de son ordonnance, ce qui contribue à garantir l'observance et l'adhésion au traitement. Il conserve aussi le libre choix de son pharmacien », insiste Annelore Coury.
Bilan d'une année d'expérimentation.
L'expérimentation sur la e-prescription a débuté en 2019 dans trois départements (Maine-et-Loire, Saône-et-Loire, Val de Loire). Soixante-quatre médecins libéraux et quarante-huit pharmaciens y ont participé, ce qui a donné lieu à plus de 130 000 e-prescriptions et 16 600 délivrances. « Près de 13 % des e-prescriptions enregistrées ont été délivrées. Ce taux s'explique par le fait que les patients conservent la liberté de choisir leur pharmacien. Si leur médecin participe à l'expérimentation, mais pas leur pharmacien, le processus n'aboutit pas. En outre, il n'y a pas encore assez de pharmacies équipées dans le voisinage proche des médecins expérimentateurs », explique la référente du projet à la CNAM. Après ce premier bilan positif, la e-prescription devrait entrer dans une phase de déploiement plus large. « Lors du bilan en février dernier, nous sommes convenus avec les syndicats d'étendre la e-prescription, dans les trois départements expérimentateurs, à l'ensemble des médecins et des pharmaciens volontaires équipés de solutions logicielles évaluées dans le bilan. Cette nouvelle phase vise une cible de 350 médecins et 350 pharmacies », ajoute Annelore Coury. Cette phase d'expérimentation élargie précédera un déploiement à l'ensemble du territoire d'ici 2022.
La e-prescription pour tous, en 2023.
La systématisation de la e-prescription est programmée à partir du 31 décembre 2022, pour les ordonnances de médicaments émanant des médecins de ville. « À terme, la e-prescription sera élargie aux produits de santé et actes prescrits, et accessible aux autres professions de santé comme les infirmiers ou les masseurs-kinésithérapeutes. En outre, nous avons débuté les travaux avec les acteurs du secteur médicosocial et avec les établissements de santé. Un projet d'ordonnance fixe l'obligation de e-prescription pour tous les acteurs de santé à partir du 31 décembre 2024 », précise la CNAM.
La e-prescription côté technique : les éditeurs s'activent.
Suite au bilan réalisé en février 2020, plusieurs champs d'amélioration ont été identifiés et sont en cours de mise en œuvre, comme la taille des mentions légales sur l'ordonnance remise au patient ou le paramétrage de certains lecteurs en pharmacie. « Au cours de l'expérimentation, nous avons travaillé avec 3 éditeurs de logiciels pour médecins, et 3 éditeurs de logiciels pour pharmaciens », relève Annelore Coury. Parmi eux, le LGPI comptabilise 32 pharmacies sur les 48 établissements expérimentateurs. « Notre secteur consacré à la recherche et au développement nous permet de travailler sur ces projets de transformation de la santé. Une vingtaine d'ordonnances en e-prescription a été traitée en moyenne par jour. Dans le LGPI, le point crucial était la sécurisation des échanges de flux entre la pharmacie et le serveur de l'assurance- maladie. Nous travaillons également à accompagner le pharmacien dans le contrôle de la prescription, puisque chaque ligne de délivrance doit être justifiée », explique Raynald Martino, directeur marketing et commercial Pharmacie France chez Pharmagest. L'éditeur Smart-RX a lui aussi répondu à l'appel de l'assurance-maladie. « Nous avons équipé une quinzaine de pharmacies pilotes depuis septembre 2019. Pour gérer la dispensation de e-prescription, nous avons développé un module spécifique. Le pharmacien identifie le patient avec la carte Vitale, puis scanne le code QR de l'ordonnance. Il doit ensuite procéder à la validation de la prescription, puis à la validation de la délivrance. Grâce aux retours des expérimentateurs, nous améliorons ce module pour le rendre toujours plus ergonomique, tout en y intégrant les évolutions métiers comme le code acte DAD par exemple », détaille Stéphane Roux, directeur recherche et développement chez Smart-RX. Dans la même veine que la e-prescription, Smart-RX a d'ailleurs l'intention de participer à l'expérimentation pour le e-carte Vitale : « nous prévoyons de déposer une demande d'agrément d'ici la fin du mois de septembre ».
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