ÉTUDES À L’APPUI, les spécialistes du monde entier s’accordent à chiffrer l’incidence des embolies pulmonaires graves à 0,4 cas par million de passagers et à 4,8 cas pour les vols de plus de 10 000 km. Sur les 60 millions de passagers annuels, les médecins de l’aéroport de Roissy enregistrent une dizaine de cas graves dont 2 ou 3 mortels. Mais cette incidence est certainement sous-estimée car les patients qui font une embolie secondairement, parfois plusieurs semaines plus tard, ou un arrêt cardiaque, ne sont pas comptabilisés. Une analyse espagnole montre que les femmes sont nettement plus à risque, avec 7,2 cas par million de passagères de vols de plus de 10 000 km, contre 2,3 pour les hommes. Parce qu’elles sont de plus petite taille ? Ou qu’elles osent moins déranger leurs voisins pour se lever ? Les hypothèses restent discutées.
Malaise sur la passerelle.
Premier stade, la phlébite correspond à la formation d’un thrombus qui bloque complètement ou partiellement la circulation sanguine dans une veine. Quand la veine touchée est superficielle - surtout chez les patients à varices -, la phlébite peut sembler anodine, mais c’est un signe d’insuffisance veineuse avancée pouvant conduire à une phlébite profonde, beaucoup plus grave. Dans une veine profonde (du mollet en général), le caillot risque de se détacher de la paroi, de traverser le cœur, d’obstruer l’artère pulmonaire ou une de ses branches et de provoquer une embolie pulmonaire. Exemple connu : après avoir pris un somnifère pour éviter le jet-lag à l’arrivée, le passager d’un vol qui a duré 10 heures se lève pour descendre de l’avion et fait une syncope sur la passerelle…
Lève-toi et marche !
Pourquoi y a-t-il davantage de phlébites en avion ? Essentiellement à cause de l’immobilité. Le sang stagne au lieu de circuler de façon fluide et cette stase veineuse entraîne en plus une augmentation de la viscosité sanguine. En favorisant la compression prolongée des cuisses sur le bord du siège, la position assise serait également à l’origine des lésions de la paroi des vaisseaux sanguins. C’est la triade de Virchow. Selon une expérience hollandaise, l’hypoxie hypobarique, c’est-à-dire la plus faible teneur en oxygène de l’air en cabine sous une moindre pression, influe aussi sur la coagulation sanguine et accroît le risque de formation d’un caillot.
La liste des facteurs augmentant la probabilité d’avoir une phlébite en avion est assez longue : antécédent de maladie thromboembolique, cancer, opération chirurgicale récente, âge, grossesse, obésité, prise d’estrogènes et… siège côté fenêtre qui limite les déplacements. D’où ces conseils à répéter aux voyageurs à risque, surtout pour des vols de plus de 5 à 6 heures : choisir, si possible, un siège côté couloir ; se lever souvent (idéalement toutes les heures) pour étirer les muscles du mollet et marcher ; ne pas croiser les jambes ; vérifier que la face postérieure du genou n’est pas coincée contre le siège ; ne pas encombrer l’espace sous le siège d’en face pour pouvoir faire des mouvements de flexion et d’extension des chevilles stimulant le retour veineux ; bien s’hydrater (ne serait-ce que pour aller aux toilettes !) ; éviter alcool et somnifère pour ne pas dormir des heures immobile.
Quelle pression ?
Le port systématique de bas de contention (bas jarret, bas cuisse, collant) reste cependant la méthode prophylactique la plus efficace. Simple et peu coûteuse de surcroît. La compression de confort (de maintien, de soutien, antifatigue), qui exerce une pression à la cheville entre 6 et 14 mm Hg, est suffisante en cas de troubles veineux légers, mais elle n’est pas remboursée.
Sur les 4 classes remboursables, la contention de classe 2 (15 à 20 mmHg) est la plus fréquemment prescrite pour les voyages long courrier. Mais attention, l’article doit être parfaitement adapté à la taille du membre, d’où l’importance de prendre les mesures de façon rigoureuse.
Parmi les fabricants spécialisés (Thuasne, Innothéra, Gibaud, Bauerfeind…), Sigvaris propose la gamme Traveno spécifiquement dédiée aux voyages aériens de longue durée, et Medieven des bas « travel » en tricot anti-transpirant et aéré.
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