Qu’est-ce que la mélatonine ?
Il s’agit d’une hormone naturelle synthétisée à partir du tryptophane, transformé ensuite en sérotonine, elle-même convertie en mélatonine. Elle est sécrétée principalement par les pinéalocytes de l’épiphyse, dès la tombée du jour avec un pic entre 2 et 4 heures du matin. Son rôle est de préparer l’organisme au repos et au sommeil en synchronisant notre horloge interne sur l’alternance jour/nuit. L’administration exogène de mélatonine, peu avant le coucher, favorise donc la somnolence et l’endormissement. De plus, elle atténue les effets du décalage horaire (à prendre le jour du départ et les quelques jours suivant le jour d’arrivée à destination).
Une alternative à des traitements plus lourds
Les insomniaques sont nombreux. Certains patients se voient alors prescrire par leur médecin des benzodiazépines ou apparentés. Au-delà du risque d’accoutumance, ces molécules majorent le risque de chute la nuit chez la personne âgée puisqu’une somnolence peut persister alors que le sujet a besoin de se lever. Pour les insomnies occasionnelles, le pharmacien peut également conseiller de la doxylamine (Donormyl®). L’effet sédatif de cet antihistaminique est ainsi mis à profit pour favoriser l’endormissement. Mais il peut entraîner une sécheresse de la bouche, une rétention urinaire, des troubles de l’accommodation et une confusion chez le sujet âgé. Il est d’ailleurs contre-indiqué en cas d’antécédents de glaucome ou de difficultés à uriner. Réputée pour avoir peu d’effets indésirables et ne pas entraîner d’accoutumance, la mélatonine apparaît donc comme une alternative intéressante à ces traitements.
Réglementation
En France, la réglementation autorise la commercialisation sans prescription de compléments alimentaires apportant moins de 2 mg de mélatonine par jour. Pour des doses supérieures, une ordonnance est indispensable. Pour ce qui est des préparations magistrales à base de mélatonine, elles sont réservées aux patients ne pouvant recevoir la spécialité Circadin (dosée à 2 mg, liste II). Cette spécialité est indiquée dans le cadre de son AMM pour le traitement court de l’insomnie primaire chez l’adulte de plus de 55 ans. Elle possède également une RTU (Recommandation Temporaire d’Utilisation) pour le traitement des troubles du sommeil liés à un syndrome de Rett, un syndrome de Smith-Magenis, un syndrome d’Angelman, une sclérose tubéreuse ou à des troubles du spectre autistique chez l’enfant de 6 à 18 ans et est dans ce cas prise en charge. Sa prescription pour des sujets d’autres tranches d’âge ainsi que celles de préparations magistrales à base de mélatonine ne peuvent faire l’objet d’un remboursement.
Les risques de la mélatonine
En 2016, l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a réalisé une expertise sur les risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine suite à la réception de 90 signalements d’effets indésirables (céphalées, vertiges, irritabilité, tremblements, troubles digestifs…). En conclusion, elle recommande aux femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes et personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de mélatonine. De plus, les patients ayant un traitement chronique doivent d’abord demander un avis médical afin d’éviter tout risque d’interactions. Enfin, un usage seulement ponctuel est recommandé.
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