Les deux maladies présentent des symptômes similaires. Elles se manifestent après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne. Une fièvre élevée (supérieure à 38,5 °C) apparaît brutalement, accompagnée de frissons, de maux de tête, de courbatures ou de douleurs articulaires, qui peuvent être intenses, touchant principalement les extrémités des membres (poignets, chevilles, phalanges). D’autres symptômes peuvent également être associés, comme une conjonctivite, une éruption cutanée, des nausées, des vomissements. Ces manifestations varient d’un malade à un autre, certaines personnes ne présentent aucun de ces signes, l’atteinte reste asymptomatique.
Comment évoluent les deux maladies ?
L’évolution du chikungunya peut être rapidement favorable si le malade répond bien au traitement symptomatique. Cependant, la maladie peut évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistant plusieurs mois après le diagnostic initial et très invalidantes. Pendant la convalescence qui peut durer plusieurs semaines, la fatigue peut rester importante.
La dengue évolue sur une semaine à dix jours, elle est suivie d’une fatigue pouvant persister plusieurs semaines. La guérison s’accompagne d’une convalescence d’une quinzaine de jours.
Existe-t-il des formes graves ?
Alors que les formes compliquées de chikungunya n’étaient qu’exceptionnellement décrites, l’épidémie de 2005 survenue sur l’Île de La Réunion a permis de montrer l’existence de formes neurologiques graves, présentant des méningo-encéphalites et des atteintes des nerfs périphériques. Ces dernières sont principalement rencontrées chez des personnes âgées, ou celles qui ont un système immunitaire affaibli, et chez des nouveau-nés infectés in utero par leurs mères malades. Des saignements des gencives ou du nez ont été fréquemment décrits, principalement en Asie. Il ne semble pas que le virus soit la cause directe des quelques cas mortels rapportés lors des épidémies.
Le plus souvent bénigne bien qu’invalidante, la dengue peut se compliquer de formes graves. Dans sa forme hémorragique (1 % des cas de dengue), la dengue, est extrêmement sévère : la fièvre persiste et des hémorragies multiples surviennent (gastro-intestinales, cutanées et cérébrales notamment). Les saignements sont principalement dus à la baisse du nombre de plaquettes dans le sang. La guérison peut être rapide (3 à 4 jours), totale et sans séquelles. Mais, chez l’enfant de moins de quinze ans un état de choc peut s’installer signalant une défaillance circulatoire, pouvant évoluer en quelques heures vers le décès en l’absence de soins hospitaliers de réanimation.
Y a-t-il une transmission du virus d’homme à homme ?
Il n’y a pas de transmission naturelle du virus directement d’homme à homme. La transmission se fait uniquement par le biais du moustique vecteur. Les personnes atteintes ne sont donc contagieuses ni par contact, ni par le biais des postillons. Néanmoins, la transmission artificielle par la transfusion sanguine et la greffe apparaissent théoriquement possibles.
Quelle est la situation épidémiologique en Europe ?
- Le chikungunya a fait son apparition en Europe en 2007, quand le moustique vecteur aèdes albopictus s’y est établi. Les premiers cas autochtones dans le Sud de la France ont été recensés en 2010. Fin 2013 et en 2014, le virus s’est propagé aux Antilles et a atteint le continent américain. Actuellement, en France, 18 départements rassemblent toutes les conditions propices à l’émergence de la maladie.
- La dengue est l’arbovirose la plus répandue dans le monde. Selon les estimations actuelles de l’OMS, il pourrait y avoir chaque année de 50 à 100 millions de cas. Le virus circule régulièrement dans les départements français des Amériques (Martinique, Guadeloupe, Guyane), dans les îles françaises du pacifique et de l’océan indien. En France métropolitaine, le risque d’une circulation autochtone du virus de la dengue existe dans les départements où aèdes albopictus est présent. Le risque que la dengue et le chikungunya se propagent en Europe du sud est surveillé par les autorités de santé. Des points de situation réguliers sont disponibles sur le site Internet de l’Institut de Veille Sanitaire, http://www.invs.sante.fr
Comment réaliser une prévention efficace ?
La prévention de cette infection est à la fois collective et individuelle, reposant sur la lutte antivectorielle. À l’échelle individuelle, il s’agit de limiter sa propre exposition au moustique vecteur, en portant des vêtements longs couvrants les bras et les jambes jusqu’aux chevilles, en s’appliquant des répulsifs cutanés, en utilisant des insecticides sur les vêtements et les moustiquaires, en limitant les activités en extérieur, surtout en fin d’après-midi au crépuscule et à l’aube, périodes d’intense activité du moustique vecteur. Collectivement, une lutte antivectorielle à large échelle consiste en des épandages précautionneux d’insecticides et une élimination des gîtes larvaires potentiels, particulièrement autour des habitations (pots de fleur, récipients divers, pneus usagés, déchets encombrants…)
Comment protéger les nourrissons ?
Pour les très jeunes enfants, les moyens de protection contre les piqûres de moustiques sont limités (impossibilité d’utiliser des répulsifs corporels avant 2 mois, seule la moustiquaire imprégnée de perméthrine et le port de vêtements couvrant les membres peuvent les protéger). Les familles, en lien avec le médecin traitant, doivent déterminer l’intérêt d’un séjour touristique avec un nourrisson dans les zones où des maladies transmises par les moustiques sont endémiques ou épidémiques.
Qui alerter en cas de suspicion d’un cas ?
La dengue et le chikungunya sont des maladies à déclaration obligatoire (DO) sur l’ensemble du territoire métropolitain et toute l’année. Dans les départements de métropole où aèdes
albopictus est implanté et pendant sa période d’activité (du 1er mai au 30 novembre), le plan ministériel anti-dissémination de la dengue et du chikungunya prévoit le signalement à l’agence régionale de santé (ARS) de tous les cas « suspects », en précisant si la personne a séjourné en zone de circulation de ces virus (cas importés) dans les quinze jours précédant le début des signes. La liste des départements dans lesquels la transmission des données est obligatoire peut être modifiée en cas d’épidémie. Vous pensez avoir observé un moustique tigre dans votre commune ? Vous pouvez le signaler sur le portail dédié et contribuer ainsi à la surveillance de son implantation : http://www.signalement-moustique.fr/
Article précédent
Les mots du client
Article suivant
Rappel physiopathologique
Les traitements
Les examens
Les mots du client
Les questions à l’officine
Rappel physiopathologique
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques