• Les migraines :
COMMENÇONS donc par les migraines. Celles-ci toucheraient 2 à 3 fois plus de femmes que d’hommes. Un dysfonctionnement neuronal, à type d’hyperexcitabilité, au niveau du cortex et du tronc cérébral, développé sur une prédisposition génétique, semble jouer un rôle capital dans la genèse de la maladie migraineuse.
Le rôle des hormones est mis en évidence (surtout d’ailleurs pour les migraines sans aura, qui représentent 80 % du total) par le fait qu’il n’y a pas de différences au cours de l’enfance entre les filles et garçons et que la prédominance féminine commence à s’affirmer au moment de la puberté. En outre, environ la moitié des migraineuses souffrent de crises cataméniales ; il est important de dire à ces femmes qu’il ne s’agit pas d’une anomalie hormonale, mais que la crise migraineuse est liée à la chute du taux d’estrogènes dans le sang ou à l’arrêt de la pilule. Assez curieusement, une aggravation ou une apparition de crises au cours de la grossesse est plus souvent observée dans la migraine avec aura. Mais la migraine sans aura s’améliore au fil de la grossesse.
• L’ostéoporose :
L’ostéroporose représente, bien entendu, un cas très emblématique de sex-ratio. En effet, près de 40 % des femmes de 65 ans auraient des signes d’ostéoporose post-ménopausique et 1 femme sur 3 de plus de 50 ans, mais tout de même 1 homme sur 5 (on le méconnaît souvent), seraient appelés à souffrir un jour ou l’autre de fractures ostéoporotiques. Le cas des femmes s’explique très bien par la carence en estrogène consécutive à la ménopause qui déséquilibre le remodelage osseux au profit de la résorption osseuse. En effet, les estrogènes dépriment notamment la synthèse des cytokines qui facilitent le recrutement et la maturation des précurseurs des ostéoclastes.
• Les maladies cardio-vasculaires :
Si on a longtemps pensé que les maladies cardiovasculaires étaient l’apanage des hommes, on sait maintenant que les femmes sont également très concernées, avec quelques nuances. Globalement, les femmes disposent d’une réelle protection hormonale de ce point de vue, contre les coronaropathies et l’infarctus du myocarde, mais seulement jusqu’à la ménopause. Les effets bénéfiques des estrogènes s’expliqueraient par une diminution du LDL-cholestérol, une augmentation du HDL-cholestérol, une vasodilatation induite notamment par une ouverture des canaux potassiques et par baisse de la concentration plasmatique de divers facteurs de la coagulation, comme le fibrinogène. En moyenne, les maladies cardiovasculaires touchent les femmes environ 10 ans plus tard que les hommes.
En revanche, les événements cardiovasculaires, quand ils surviennent, sont potentiellement plus graves chez les femmes. C’est ainsi, par exemple, qu’une femme a 50 % de risque de décéder d’un premier accident cardiaque, contre 30 % chez un homme. Les accidents vasculaires cérébraux sont également plus souvent mortels dans le sexe féminin.
• Les maladies auto-immunes :
D’une manière générale, les femmes sont beaucoup plus souvent atteintes que les hommes par les maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde (sex-ratio 2 à 3), le lupus systémique (sex-ratio 8 à 9), les thyroïdites auto-immunes (1 % des femmes atteintes), la maladie de Crohn, la myasthénie…
Leurs mécanismes sont complexes et font intervenir des facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux. Dans le lupus, par exemple, on sait que la prise d’estrogènes ou la grossesse peuvent favoriser la survenue de poussées de la maladie. De nombreux spécialistes font un lien entre une prédominance féminine de ces pathologies et la capacité immunitaire à tolérer le fœtus lors de la grossesse.
• Les varices :
Les varices sont généralement la conséquence d’une anomalie héréditaire de la paroi veineuse. Le risque de développer des varices est plus grand si un parent est affecté et neuf fois plus élevé si les deux parents le sont. On estime que 33 % de la population est atteinte d’insuffisance veineuse, avec un ratio de 3 femmes pour 2 hommes. C’est ainsi que l’on estime à environ 8 à 10 % la prévalence des varices chez l’homme entre 15 et 65 ans et à plus de 20 % chez la femme. Les hormones estrogènes jouent également un rôle favorisant par leur effet vasodilatateur, ce qui explique d’ailleurs la très grande fréquence des varicosités durant la grossesse, dès le 1er trimestre dans 80 % des cas.
• Les infections urinaires :
Est-il nécessaire de rappeler la très grande fréquence des infections urinaires (cystites) chez la femme, 50 fois plus fréquentes que chez l’homme entre 20 et 50 ans (après 50 ans, l’incidence des infections urinaires augmente, conséquence des affections prostatiques et de la mauvaise vidange vésicale qui s’ensuit) ? Cette grande fréquence est attribuée à la faible longueur de l’urètre, la proximité de l’anus (9 fois sur 10, il s’agit d’un germe intestinal) et aux modifications du pH vaginal au moment de la ménopause ; voire également à des habitudes d’hygiène néfastes. Enfin, une prédisposition particulière peut tenir à l’existence dans les voies urinaires de certaines femmes de récepteurs facilitant l’adhésion de diverses bactéries.
L’homme jeune, quant à lui, est protégé par la plus grande longueur de son urètre et par les sécrétions prostatiques acides ayant une activité antibactérienne.
• Le diabète gestationnel :
Pensons aussi au diabète gestationnel, qui est défini, très simplement, comme un trouble de la régulation glycémique découvert pendant la grossesse. Presque toujours asymptomatique, il concerne environ 5 % des grossesses. Il s’agit le plus souvent d’une intolérance aux hydrates de carbone apparaissant à la fin du 2e trimestre, en raison d’une insuffisance de sécrétion d’insuline (elle doit être normalement multipliée par 4) pour compenser l’insulinorésistance physiologique, provoquée par l’augmentation des taux de prolactine, cortisol, progestérone et de l’hormone placentaire lactogène*. Il peut aussi s’agir d’un diabète préexistant méconnu.
Le diabète gestationnel disparaît dans 90 % des cas dans les semaines qui suivent l’accouchement. Le risque de récidive lors d’une grossesse ultérieure est estimé entre 30 et 50 %.
• La cellulite esthétique :
Finissons ce rapide inventaire par la cellulite esthétique (il existe aussi des cellulites infectieuses), dont on distingue trois types (cellulite graisseuse, avec rétention d’eau ou fibreuse), résultat d’un changement de structure du tissu adipeux dans certaines régions bien précises. On estime que 9 femmes sur 10, contre 1 homme sur 50, sont touchées par la cellulite à un moment de leur vie. Cette prédominance écrasante s’explique par le fait que la femme possède deux fois plus de cellules adipeuses (en outre les cellules adipeuses masculines sont plus petites) ainsi que par l’action des estrogènes et de la prolactine (durant la grossesse) qui stimulent l’accumulation des acides gras dans le tissu adipeux et diminuent la souplesse du tissu conjonctif. Une prédisposition génétique jouerait également un rôle.
Mais tout n’est pas si simple, car les femmes noires ou asiatiques ont moins souvent de cellulite, pour des raisons encore mystérieuses !
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