Totalement achevé en 2008, le processus de déremboursement des spécialités veinotoniques a eu de lourdes conséquences pour le marché. À commencer par la baisse de vente des phlébotropes, qui affichent une décroissance continue que certains chiffrent à -10 % en valeur sur les quatre dernières années.
La chute des sorties sur prescription, qui auraient régressé de 10 %, est la cause principale avancée par les acteurs du marché. Les médecins seraient de moins en moins impliqués dans la prise en charge de la maladie veineuse depuis le déremboursement et le nombre de diagnostics qu’ils ont effectué aurait beaucoup diminué en cinq ans.
En revanche, la part des ventes issues de l’automédication (67 % des sorties en volume) est stable et permet d’amortir la chute des prescriptions. Médicament veinotonique et protecteur vasculaire leader du marché, Daflon 500 (fractions flavonoïques purifiées) est utilisé dans le traitement symptomatique des jambes lourdes, impatiences et autres troubles liés à une mauvaise circulation veineuse et lymphatique, mais aussi en cas de crise hémorroïdaire.
Une double indication que l’on trouve chez Ginkor Fort (Laboratoires Tonipharm), Esberiven (Laboratoire Centre Spécialités Pharmaceutiques), Cyclo 3 Fort (Pierre Fabre Médicament), Veinamitol (Laboratoire Negma), Diovenor (Innothech), mais pas chez Endotélon (Laboratoire SERB), principalement voué au traitement symptomatique des jambes lourdes et de l’œdème du bras.
« Avec l’efficacité des formules, la double indication est un des avantages qu’ont les phlébotropes sur les compléments alimentaires présents sur le marché, précise Lauren Azoulay, responsable de la gamme Ginkor Fort, en soulignant la capacité antalgique de son médicament. Bien que sans AMM, les produits à base de plantes représentent une concurrence pour les veinotoniques car les formules naturelles sont régulièrement demandées par les consommateurs. »
Les spécialités historiques doivent également faire face à la présence des génériques (diosmine, troxérutine) qui se multiplient dans le champ OTC, comme l’illustre parfaitement la Fraction Flavonoïque Purifiée (Mylan Pharma) classée en troisième position du marché global (AMM, compléments alimentaires).
Pour défendre leur marque, de nombreux laboratoires ont voulu étoffer leur offre en présentant des formules topiques vouées à soulager les jambes lourdes. Certaines sont des vasculoprotecteurs cutanés voués au traitement des troubles dus à une insuffisance veineuse, tels Cyclo 3 ou Esberiven crème ; d’autres sont aussi des formules topiques, comme Ginkor Frais Gel et Ginkor Spray, à utiliser en complément des traitements de fond par voie orale.
Incontournable en pharmacie
Le versant des formules naturelles vouées à prendre en charge l’insuffisance veineuse et ses signes suit la même tendance de développement des gammes. Antistax, médicament de phytothérapie à base de vigne rouge (Boehringer Ingelheim) est ainsi secondé d’un gel cosmétique, Antistax double fraîcheur (menthol, huile essentielle de menthe poivrée) pour tonifier les jambes lourdes.
La gamme de phytothérapie Jouvence de l’Abbé Soury (Oméga-Pharma) abrite plusieurs vasculoprotecteurs sous forme de comprimés, solution buvable et gel, notamment formulés à base d’hamamélis, substance (hamamélis virginiana) également présente dans la composition du médicament homéopathique L28 (Lehning).
Ces formules à base d’ingrédients naturels continuent d’être plébiscitées par le public. Aux côtés de la phytothérapie et de l’homéopathie, la nutrithérapie a aussi ses cartes à jouer en matière de soulagement des jambes lourdes. « L’avantage des compléments alimentaires est de pouvoir associer les plantes plus facilement », explique Carole Froger, responsable marketing chez Pileje. Ainsi peut-on cumuler différentes propriétés grâce à des plantes comme la vigne rouge, le marronnier d’Inde, le fragon, le ginkgo biloba…
« Le déremboursement des spécialités veinotoniques a favorisé l’essor des compléments alimentaires plus rapidement disponibles sur le marché et répondant à une demande en solutions naturelles de la part des patients. Ils sont aussi couramment délivrés dans le cadre d’un conseil associé à une vente de dispositif de contention. »
Le segment des compléments alimentaires pour jambes lourdes est cependant dépendant de la saison, le printemps et l’été - périodes de chaleur où les manifestations de l’insuffisance veineuse sont exacerbées - étant le théâtre des plus fortes ventes. Pileje propose pas moins de trois compléments alimentaires qui ciblent des besoins différents : Phytostandard Duo Mélilot/Vigne Rouge, les Phytostandards unitaires Bio permettant un conseil individualisé et un complexe micronutritionnel Angiobiane formulé pour contribuer au fonctionnement normal des vaisseaux sanguins. Arkopharma, pour sa part, a érigé sa marque Veinoflux en gamme.
En 2016, celle-ci abrite trois références, une forme sèche conditionnée en gélules et deux topiques, Veinoflux Gel Jambes légères et Veinoflux Gel Effet froid. « Les nouveaux compléments alimentaires permettent d’obtenir une synergie d’actions comme dans le cas de Veinoflux qui agit sur la circulation, le drainage, l’élimination en plus d’avoir un effet antioxydant et anti-oedémateux, indique Vivian Quandalle, responsable marketing médical chez Arkopharma. Ce type de concept qui propose un prisme d’actions multiples en une seule prise séduit le consommateur. » Une tendance que suivent plusieurs références du segment, comme Lymphaveine (Laboratoire Les 3 Chênes) qui mise sur une synergie de 16 actifs, Circulymphe (Santé Verte) intégrant 14 actifs, Naturactive Circulation associant vigne rouge, cassis et myrtille…
Ces compositions à base d’ingrédients naturels deviennent incontournables en pharmacie, comme le montre l’étude Kantar TGI 2015 selon laquelle un Français sur trois déclare se soigner à l’aide de plantes. La nutrithérapie pour jambes lourdes, qui représente une vente sur dix sur le marché des veinotoniques, profite de cet engouement. « Sans afficher une forte progression, le segment reste stable, là où le champ des AMM est en baisse constante », poursuit Vivian Quandalle. Une régression qu’accentue peut-être la présence de médicaments de phytothérapie - Élusanes Vigne rouge (Naturactive), Arkogélules (fragon, hamamélis, marronnier d’Inde)… - dans le champ des solutions naturelles pour jambes lourdes.
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