UNE ÉTUDE réalisée en avril dernier auprès d’un échantillon de 50 pharmaciens par la société Smart Pharma Consulting avait pour objectif d’expliquer certains freins à la substitution, en s’intéressant à trois produits, à savoir à la buprénophine (Subutex), au fentanyl en patch (Durogésic) et à la rispéridone (Risperdal).
De fait, ces médicaments de classe très différente étaient très en deçà à 1 an des objectifs de substitution avec 8 % pour la buprénophine, 10 % pour le fentanyl et 58 % pour la rispéridone.
S’agissant de Durogésic, les freins sont le fait, semble-t-il, surtout du pharmacien (qui ne propose la substitution que dans environ 30 % des cas) et du patient (qui la refuse dans 60 %), alors que dans le cas du Subutex, la responsabilité en revient majoritairement au patient (60 % de refus).
Côté pharmacien, l’absence de stocks de fentanyl et de rispéridone, produits à faible rotation, semble jouer un rôle de premier plan.
Quant à l’influence négative du médecin, elle est loin d’être négligeable dans les trois cas.
En ce qui concerne les réticences des patients, les pharmaciens mettent majoritairement en avant la perception d’un risque de perte d’efficacité par rapport au princeps, parfois une crainte d’effets indésirables (Risperdal et Durogésic) et, pour le Subutex, une galénique moins pratique ou moins agréable.
L’obstination paye.
Face à un premier refus du patient, une majorité de pharmaciens (Subutex 73 %, Durogésic
68 %, Risperdal 65 %) ne tentent pas d’argumenter.
Pourtant, le fait de se donner la peine d’argumenter (efficacité équivalente, tiers-payant contre générique…) porte significativement ses fruits, avec 46 % de réussite pour le Risperdal, 27 % pour le Durogésic et 20 % pour le Subutex).
Les médecins sont souvent supposés être dans leur ensemble, si ce n’est peu favorable aux génériques, pour le moins relativement indifférents.
La première enquête réalisée par BVA Healthcare en décembre 2009, à l’initiative du GEMME, sur un échantillon représentatif national de médecins généralistes (203) apporte un éclairage intéressant sur la perception et le comportement de ces derniers au moment où se multiplie le nombre de mentions « Non Substituable » (NS) sur les ordonnances (Voir aussi notre article en page 17).
Médecins : une attitude plus positive qu’on pourrait le penser.
En effet, certains seront peut-être étonnés d’apprendre que 63 % des médecins interrogés pensent que les génériques sont des médicaments éprouvés sur le plan de l’efficacité et de la sécurité et que 60 % affirment qu’il n’y a aucune raison de ne pas prescrire des génériques en première intention.
Encore plus encourageant, pour 86 % d’entre eux, les génériques sont un moyen d’économies, pour 80 % ils ne sont pas des médicaments du passé et pour 78 % ce ne sont pas des « sous-médicaments ». Et 62 % sont favorables à leur développement.
Pour autant, seulement 51 % estiment que prescrire des génériques ne revient pas à abandonner son indépendance de prescription.
Au chapitre de l’optimisme, soulignons encore que près d’un sur deux (47 %) affirme être favorable au développement de la prescription des génériques et que 42 % (sans doute en grande partie les mêmes) pensent que « les médicaments génériques ne sont pas que l’affaire du pharmacien ».
Cela étant, l’enquête révèle aussi quelques freins notables en ce qui concerne la prescription en DCI, 81 % trouvant plus facile de prescrire un nom de marque et 55 % qu’il est impossible de connaître toutes les DCI. Si 72 % indiquent utiliser un logiciel de prescription, la moitié de ceux-ci (53 %) ne comporterait pas de fonction « prescription en DCI »…
Quant au Répertoire, si 73 % en connaissent l’existence, seulement 22 % de ces derniers le consulteraient, dont seulement 4 % très régulièrement et 18 % de temps en temps. Enfin, 94 % souhaitent être informés sur les génériques, dont un tiers par la CNAM !
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