Bien que les premiers doutes concernant la tératogénicité du valproate voient le jour dans les années 1980, la Dépakine ne sera officiellement déconseillée à la femme enceinte qu’en 2006. Les nouvelles conditions de prescription et de délivrance chez la femme en âge de procréer seront imposées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à partir du 1er janvier 2016. Malgré les mesures mises en place ces dernières années, qui surpassent ce qui existe ailleurs, pour limiter la prescription de valproate chez la femme au strict nécessaire et pour s’assurer que prescripteurs et patientes sont parfaitement informés des risques, l’ANSM est montrée du doigt. Les prescripteurs aussi. Les pharmaciens doivent quant à eux faire preuve de bon sens lorsqu’ils sont face à une prescription qui ne respecte pas toutes les conditions pour permettre la délivrance à une patiente qui ne peut se passer de traitement.
Rétropédalage
Autre médicament, autre crise. Le changement d’excipients dans la formulation du Lévothyrox est d’abord passé inaperçu. Mais des patients jusqu’alors équilibrés avec l’ancienne formulation subissent, sans y avoir été préparés, la différence de biodisponibilité de la lévothyroxine. Les effets secondaires, sans gravité, impactent le quotidien de certains malades. Qui se fâchent. Pourquoi avoir changé la formulation de leur médicament ? Pourquoi ne pas les avoir prévenus ? Pourquoi n’y a-t-il aucune alternative thérapeutique en France ? Le rattrapage des autorités, qui reconnaissent une communication inadaptée, ne passe pas auprès du grand public, des médecins et des pharmaciens. Il leur faudra rétropédaler, importer l’ancienne formulation d’Allemagne, élargir l’offre thérapeutique… Les pharmaciens n’apprécient pas de devoir justifier au comptoir devant des patients mécontents des décisions qu’ils apprennent par voie de presse. Et de lutter pour obtenir les premières commandes de l’ancienne formule de Lévothyrox.
Perte de confiance
Plus récemment, c’est l’affaire Lactalis qui a fait les gros titres. Des nourrissons contaminés par des salmonelles dans des laits infantiles, une absence de réactivité du groupe agroalimentaire, des retraits de lots imposés par les autorités, puis la découverte de contaminations datant de 2005… À cela s’ajoutent les ratés des rappels de lots à la fois en pharmacie et en GMS. Pour les officinaux, c’est l’incompréhension, ils n’hésitent à pointer du doigt les moutons noirs de la profession, allant jusqu’à réclamer leurs noms et leur interdiction d’exercer, rappelant que « qualité, confiance et sécurité » sont les raisons d'être du métier de pharmacien.
Trois affaires portées devant la justice par des patients et utilisateurs de ces produits de santé, qui se considèrent floués par les industriels, les autorités et parfois même par leurs professionnels de santé. Dans ce contexte propice à la perte de confiance du consommateur-patient, les solutions qui se dégageront des différents groupes de travail mis en place devront intégrer nombre d’améliorations : de la transparence, de l’anticipation, de la veille sanitaire, de la prise en compte de la parole des patients, de la communication, de la réactivité… La liste n’est pas exhaustive.
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