Le marché du générique enregistre une croissance en valeur de 1 % en 2018 par rapport à 2017. Une croissance ramenée à -3,5 % à périmètre constant. Ce n’est pas faute d’engagement de la part des pharmaciens. En 2018, le taux de substitution dans le répertoire s’affiche fièrement à 88 %.
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), les freins sont multiples. D’abord, « la politique de maîtrise des dépenses de santé s’exprime fortement par les baisses de prix sur les médicaments matures, donc sur toute la zone génériquée, princeps compris, avec des écarts de prix de plus en plus réduits ». S’ajoute à cela le problème de la mention « non substituable » (NS), utilisée de manière inégale sur le territoire et qui fait peu l’objet de sanctions en cas d’abus. En sus, les techniques de contournement des laboratoires sont toujours efficaces, par exemple « avec les associations de molécules pour rendre leur médicament non substituable » cite Gilles Bonnefond. Denis Millet, président de la commission Études et stratégie économiques de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) le rejoint sur le constat et espère une amélioration grâce à un élargissement du répertoire aux médicaments hybrides, « à condition qu’il y ait une incitation financière ».
Risque de TFR généralisés
Sur ce point, la baisse drastique de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) pour le générique est loin de contenter les syndicats. De 165 millions d’euros en 2018, elle devait être ramenée à 100 millions en 2019 mais sera finalement de 65 millions. Selon Christian Grenier, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes Federgy, cette ROSP pourrait même disparaître au profit des médecins. Et si le marché du générique progresse peu, c’est aussi à cause de ce répertoire générique que la France est la seule à avoir mis en place. Mais à ses yeux, le pire reste à venir si les pharmaciens et les industriels du générique ne parviennent pas à convaincre le gouvernement de revenir sur les dernières mesures censées favoriser ce marché.
« L’article 66 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019 est une fausse bonne idée. Le but est de faire payer la différence de prix entre princeps et générique aux patients qui refusent la substitution. Le risque c’est que les laboratoires alignent le prix princeps sur le prix générique, ce qui créerait des TFR (tarifs forfaitaires de responsabilité) généralisés », prévient le président de Federgy. En outre, le gouvernement imagine réduire l’usage du NS chez les prescripteurs en instaurant l’obligation de justification médicale. Ce qui pourrait par exemple pousser davantage les médecins à choisir des alternatives hors répertoire. Et dans tous les cas augmenter très largement le travail à fournir par les pharmaciens pour convaincre les patients du bien-fondé de la substitution. Une mesure que Gilles Bonnefond qualifie de « perverse » puisque certaines molécules seraient exclues de toute justification au NS.
Substitution biosimilaire
C’est dans ce cadre que le GEMME, association réunissant les 25 industriels du générique, a présenté ses contre-propositions. Au programme : majoration du tarif de consultation du médecin qui atteint ses objectifs de prescription dans le répertoire et un honoraire spécifique, une franchise moindre pour les patients qui acceptent le générique et un honoraire de substitution dédié aux spécialités complexes pour le pharmacien. « On veut vraiment mettre tout le monde dans la boucle pour pouvoir développer la croissance du générique », explique Jean Loaec, directeur stratégique chez Mylan et représentant du GEMME.
Au-delà du combat à mener « contre l’article 66 », la profession réclame un engagement du gouvernement en faveur de la substitution biosimilaire. Pour Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine, c’est l’avenir puisqu’il n’y a quasiment plus de blockbusters à génériquer et que les nouveaux médicaments sont biologiques. « Les génériques de ces molécules sont appelés biosimilaires, soit. Mais ce sont des génériques. » Que le pharmacien est tout à fait capable de substituer, selon une expérimentation menée par l’UDGPO tout au long du mois de mars et dont les résultats seront présentés sous peu.
* D’après une conférence du « Quotidien du Pharmacien » à PharmagoraPlus
Article précédent
Pharmagest entre au capital de Pharmathek
Article suivant
Les enjeux très concrets d'une nouvelle mission
Retours d’expérience d’une plateforme de télémédecine
La gestion automatisée des stocks à la portée de tous
Évaluez la pertinence de vos projets
Pharmagest entre au capital de Pharmathek
La profession conteste de « fausses bonnes » mesures
Les enjeux très concrets d'une nouvelle mission
Comment vendre des services à l'officine ?
Un outil pour améliorer la transmission entre l'hôpital et la ville
Peut-on faire évoluer la collaboration médecins-pharmaciens ?
Médicaments courants : pas de droit à l’erreur !
Faites entrer le pharmacien investisseur
Quelles solutions pour l'officine ?
Les TROD-VIH ont leur place à l'officine
Quel rôle pour le pharmacien ?
L'Europe contre-attaque