Une cinquantaine de personnes assistait à la conférence donnée à PharmagoraPlus sur la gestion du risque des faux médicaments. Directement concernés par ce fléau, les pharmaciens d'Afrique francophone étaient largement représentés. « La falsification et le trafic des médicaments gangrènent notre système de santé et mettent en danger les populations », explique une pharmacienne sénégalaise venue écouter la présentation du projet Medisafe par sa consœur française, le docteur en pharmacie Hélène Dugui (REMED).
La coopération internationale est nécessaire
Si l'Europe occidentale reste relativement préservée, elle n'en est pas moins très active dans cette lutte qui dépasse le domaine de la pharmacie. « Au-delà des conséquences sanitaires graves, le trafic de faux médicaments est une affaire de sécurité. Il est étroitement lié au crime organisé et au blanchiment d'argent. D'où l'importance d'une coopération internationale, et transversale entre les acteurs concernés. Les autorités de santé seules, dont l'OMS, ne peuvent pas avoir d'impact sur la criminalité. C'est pourquoi la globalisation de la lutte est indispensable », souligne Hélène Dugui. La Convention Médicrime, ratifiée par la France et une trentaine d'autres pays à ce jour, a permis de mettre à disposition des États un corpus juridique commun pour pénaliser l'activité de falsification des produits pharmaceutiques. Il y a une dizaine d'années encore, la fabrication et le trafic de faux médicaments étaient considérés comme un délit ; aujourd'hui, c'est un crime.
L'Union européenne s'engage avec Medisafe
Depuis huit mois, Hélène Dugui est en charge du projet Medisafe initié par la Commission européenne et mis en œuvre par Expertise France. « À travers la rédaction de ce projet, notre objectif est de soutenir la lutte contre la production et le trafic de médicaments falsifiés et de lutter contre le crime organisé dans onze pays d'Afrique de l'Est et centrale. » Le projet s'articule autour de trois éléments piliers : la prévention, la détection et la réponse. Six axes d'intervention sont tracés. « Nous n'avons pas pour mission le développement d'une expertise technique sur les outils. Notre rôle est de proposer des concepts, et de prendre en compte différentes technologies permettant de sécuriser la chaîne du médicament, comme la blockchain ou la sérialisation », précise le Dr Dugui. Parmi les axes définis, le Workpackage 3 prévoit la formation des acteurs de santé locaux, dont les pharmaciens. Les autres axes de Medisafe sont le développement d'un cadre juridique, et le renforcement des actions de coopération internationale. Autour d'Expertise France, ce projet ambitieux rassemble sept partenaires dont l'association Remed (réseau médicament et développement), la Fondation Chirac ou encore la Conférence internationale de l'Ordre des pharmaciens francophones.
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