L'intérêt de la téléconsultation en officine est double. Elle permet au patient d'accéder plus rapidement à son médecin - notamment, s'il réside dans un désert médical - ainsi qu'aux nouvelles technologies. « Aujourd'hui, près de 15 % de la population n'a pas accès à Internet. Or, toutes les pharmacies sont informatisées et peuvent proposer une connexion Internet au patient, indispensable à la médecine connectée. Par ailleurs, pour la bonne marche de la téléconsultation, un stéthoscope et un otoscope connectés ainsi qu'un tensiomètre et un oxymètre non connectés sont nécessaires. L'officine doit permettre au patient d'avoir accès à tous ces outils », indique Sophie Sergent, présidente de la Commission URPS et nouvelles missions à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Une mise en place prévue pour la fin de l'année
L'avenant 15 à la convention pharmaceutique, signé le 6 décembre dernier, offre la possibilité aux pharmaciens de pratiquer la télémédecine en officine. « Nous n'aurions pas pu signer cet avenant sans l'avenant 6 de la convention médicale, signé les 13 et 14 juin 2018. Car la télémédecine implique la présence d'un médecin », rappelle Sophie Sergent. L'article 54 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2018 identifie le pharmacien comme un professionnel pouvant promouvoir le développement de la téléconsultation. Cette disposition permet au patient de pousser la porte d'une officine pour y consulter - à distance, via un ordinateur ou un smartphone - son médecin traitant ou un médecin spécialiste, en étant accompagné (ou non) par le pharmacien. La téléconsultation en officine devant s'effectuer dans un espace de confidentialité. « Aujourd'hui, l'arrêté relatif à l'avenant 15 n'a pas encore été publié au JO : les pharmaciens ne peuvent donc pas encore effectuer la téléconsultation en officine dans le cadre conventionnel. Ils ne peuvent proposer des services de télémédecine qu'à titre expérimental. Par ailleurs, une fois que l'arrêté sera paru, il faudra attendre sa date d'application (soit, 6 mois après sa parution). Les officinaux ne pourront, ainsi, démarrer la téléconsultation dans le cadre conventionnel que vers la fin de l'année 2019 », souligne Sophie Sergent.
L'indispensable respect du parcours de soins
D’ores et déjà, plusieurs sociétés telles que Doctolib, Médicitus, Médaviz, Télédok ou Docavenue proposent des solutions pour faciliter la téléconsultation en officine. Pour que celle-ci puisse être facturable à l'assurance-maladie et remboursable par cette dernière, elle doit être réalisée dans le cadre du parcours de soins. « Il faut que la téléconsultation soit effectuée par le médecin traitant ou par un médecin recommandé par le médecin traitant (lorsque ce dernier n'est pas disponible). Par ailleurs, le patient doit avoir vu le médecin (avec lequel il envisage une téléconsultation) dans les 12 derniers mois. Ces règles s'appliquent également aux médecins spécialistes en accès direct. Les pharmaciens seront rémunérés par l'assurance-maladie à condition d'effectuer au moins une téléconsultation facturable et remboursable par an au sein de leur officine », assure Sophie Sergent. Des exceptions au parcours de soins sont prévues pour les enfants de moins de 16 ans (pas de médecin traitant) ou pour les urgences. En outre, les patients qui n’ont pas de médecin traitant ou un médecin traitant non disponible, seront orientés par le pharmacien vers un médecin téléconsultant exerçant au sein d’une structure de soins coordonnés ou d'une organisation validée par la commission paritaire médecin. « Dès aujourd'hui, les pharmaciens doivent donc s'organiser pour créer ou intégrer des structures coordonnées telles que les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour faciliter la mise en place de la téléconsultation ainsi que toutes leurs nouvelles missions qui seront réalisées et financées dans le cadre d'exercices coordonnés », conclut Sophie Sergent.
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