Se protéger contre les parasites, est un combat à plusieurs niveaux. Notamment parce que ceux-ci sont le plus souvent « véhiculés » par des insectes. La lutte antivectorielle occupe ainsi une place prépondérante en ce domaine. Mais la chimioprophylaxie lui est parfaitement complémentaire. Il s'agit donc d'éviter à la fois piqûres et morsures, mais aussi d'empêcher la contamination et ses effets délétères sur l'organisme.
La protection antivectorielle
La protection antivectorielle individuelle est toujours indispensable, même en cas de chimioprophylaxie.
Moustiques et paludisme :
Bien connaître les espèces en cause : tandis que les Anophèles et les culex (paludisme, arboviroses, encéphalite américaine ou japonaise, filaires…) piquent en début de soirée et la nuit, les Aedes (dengue, chikungunya, Zika, filaires lymphatiques…) piquent plus souvent le jour, avec un pic d’activité en début et fin de journée.
Moyens (personnels) recommandés : moustiquaires imprégnées d’insecticide (les non imprégnées sont beaucoup moins efficaces) – de préférence industriellement -, moustiquaires grillagées aux portes et aux fenêtres, répulsifs cutanés sur les parties du corps non couvertes en complément du port de vêtements ample, couvrants et légers.
Les moyens d’appoints sont représentés par les vêtements imprégnés d’insecticides (de préférence la perméthrine) – à réserver aux situations de très fortes expositions -, les raquettes électriques, les diffuseurs électriques d’insecticides (intérieur), les serpentins fumigènes (extérieur).
Les moyens non recommandés : bracelets anti-insectes, huiles essentielles (courte durée d’effet, risque d’irritation cutanée et de photosensibilisation), appareils à ultrasons, vitamine B1, homéopathie.
Répulsifs (efficaces aussi contre les tiques) : les substances actives recommandées sont le DEET, l’IR3535, l’icaridine (picaridine ou KBR3023 et l’huile d’Eucalyptus citriodora, hydratée et cyclisée.
Recommandations : conseiller aux sujets de préférer les crèmes ou lotion aux sprays (risque d’inhalation ou d’ingestion), de n’appliquer le produit que sur les zones de peau exposées (pas sous les vêtements, sauf au niveau des chevilles, même en cas de port de chaussettes), de ne pas faire d’application sur une peau lésée ou irritée, de ne pas pulvériser les sprays directement sur la peau (d’abord sur les mains, puis sur la peau), d’appliquer éventuellement une crème solaire avant le répulsif en respectant un intervalle d’au moins 20 minutes, de réappliquer le cas échéant le répulsif après une baignade (en respectant le nombre maximal d’applications quotidiennes recommandé). Ne pas oublier de laver la peau avec de l’eau et du savon quand le risque de piqûre a disparu (par exemple avant de se coucher sous une moustiquaire). Enfin, il est essentiel de stocker les répulsifs hors de portée des enfants.
À savoir : la durée de protection varie de 2 à 5 heures. Elle dépend de la concentration du produit et de la température extérieure.
Tiques :
Des vecteurs de nombreuses maladies : ces acariens, répartis dans le monde entier, peuvent transmettre des pathologies diverses, parfois graves. Par exemple, des rickettsioses et des fièvres récurrentes dans l’hémisphère Sud, la maladie de Lyme et l’encéphalite à tiques dans l’hémisphère Nord (toute l’Eurasie, France comprise – prioritairement dans l’Est) ; avec un risque élevé en Allemagne, Autriche, Suisse et les pays de l’Est en général.
Circonstances à risque : promenades en forêt (feuillus, conifères), à la campagne, et aussi les parcs urbains et les jardins privatifs où la végétation est abondante (litières de feuilles, herbes hautes, broussailles, bords de rivière), camping… Les Ixodes sont à redouter d’avril à novembre.
Prévention : port de vêtements longs et couvrants (chapeau protégeant la tête et le cou), serrés aux poignets et aux chevilles, chaussures fermées (insérer les bas de pantalon dans les chaussettes), application d’un répulsif (DEET) sur les parties découvertes, examen corporel minutieux au retour de la promenade, extraction rapide de la tique. Vaccination contre l’encéphalite à tiques (Ticovac) : trois injections (J0, 1 – 3 mois* puis 5 à 12 mois ; et rappel tous les 3 ans).
La chimioprophylaxie antipaludique
Le paludisme reste une maladie grave, potentiellement mortelle, très répandue en zone tropicale. Parmi les espèces de parasites responsables, la plus dangereuse est Plasmodium falciparum. C’est aussi la plus fréquente, en Afrique, en forêts et zones humides d’Amérique et d’Asie.
Évaluer le risque avant le départ : de multiples paramètres doivent être pris en compte, parmi lesquels le continent et les zones visitées, la saison (le risque est majoré en saison des pluies), l’altitude (en principe, pas de transmission au-dessus de 1 500 m en Afrique et de 2 500 m en Amérique/Asie, la durée du séjour (bien qu’une seule piqûre suffise pour contracter le paludisme, le risque augmente avec le temps), la nature urbaine ou rurale de l’hébergement (il n’y a généralement pas de transmission du paludisme dans les grandes villes du Moyen et Proche-Orient, du reste de l’Asie – sauf en Inde – et d’Amérique du Sud, excepté en Amazonie), Il convient de tenir compte également du type d’activité et du profil du voyageur (âge, grossesse, comorbidités, allergies, immunodépression, splénectomie, antécédents de prise d’antipaludiques - bonne tolérance ou à l’inverse intolérance -, poids – surtout les faibles poids -, prise concomitante de médicaments).
Les médicaments : les indications de la chloroquine – Nivaquine et de la combinaison chloroquine/proguanil - Savarine sont maintenant extrêmement limitées. Le choix des antipaludiques préventifs se limite en pratique à l’atovaquone-proguanil (Malarone), à la doxycycline – Doxy, Doxypalu et Granudoxy et à la méfloquine – Lariam. Leur efficacité est élevée et comparable. Le choix dépend essentiellement des possibilités financières du voyageur et des contraintes de prise (tolérance et simplicité du schéma) ; la méfloquine est la moins bien tolérée des trois.
Important : aucune méthode n’étant efficace à 100 %, il est essentiel de préciser aux voyageurs que toute fièvre survenant dans les 2 mois (néanmoins, dans de rares cas, ce délai est parfois dépassé) suivant le retour d’une zone d’endémie palustre (quels que soient les symptômes associés), doit être considérée par principe comme pouvant être d’origine palustre, ce qui implique de consulter en urgence.
* Pour une protection plus rapide, il est possible de réaliser les deux premières injections à 15 jours d’intervalle.
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