Il faut savoir que tous les nouveau-nés subissent au moins un geste douloureux dans les premiers jours de vie, ne serait-ce qu’un test de dépistage sanguin au 3e jour (ancien test de Guthrie), alors que certains nécessitent une prise en charge particulière du fait d’une pathologie maternelle.
Et aussi que la plupart des soins sont douloureux ; or ces gestes douloureux, en dehors d’urgences vitales, peuvent être prévus et leurs conditions de réalisation doivent être anticipées.
L’anxiété et la douleur sont intimement mêlées et le délai nécessaire à la préparation peut permettre de séparer ces deux composantes. Les premiers soins douloureux doivent être particulièrement bien pris en charge afin de ne pas laisser s’installer la phobie des gestes suivants.
La préparation des gestes doit être individualisée selon le développement de l’enfant, la durée et l’intensité de la douleur attendue. L’histoire préalable de l’enfant, les gestes antérieurs et son anxiété doivent guider les soignants. Il est important de connaître les désirs de l’enfant et les stratégies de gestion du stress et de la douleur (« coping ») qu’il emploie habituellement. Des informations sur le déroulement du geste et sur la douleur qu’il peut ressentir aident l’enfant, de même que la préparation du geste avec lui : présence ou non des parents, antalgiques, méthodes psychologiques, sédation en cas de forte anxiété et/ou de forte douleur attendue.
Un grand principe : l’information est un droit de l’enfant, comme de l’adulte, et une obligation du professionnel de santé.
Il est toujours important de parler à l’enfant, même nouveau-né car cela permet d’être en relation avec lui, d’une voix calme et douce.
Plus l’enfant est jeune, plus la douleur peut être pour lui une agression incompréhensible.
Les produits.
Le but est d’obtenir une analgésie rapide, ce qui influe sur le choix de la molécule et son mode d’administration.
La thérapeutique antalgique doit correspondre à la fois à l’intensité de la douleur (choix de la molécule et posologie) et au tableau clinique (une migraine ne se calme pas avec de la morphine, ce qui peut être le cas en revanche des douleurs liées à une crise vaso-occlusive sévère chez un patient drépanocytaire ou après une amygdalectomie).
La situation doit être réévaluée en tenant compte du délai d’action de l’antalgique et de la voie d’administration. C’est notamment vrai pour l’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène, qui doivent être administrés en première intention à leur posologie maximale.
Palier 1.
Pour les douleurs légères à modérées : EVA inférieure ou égale à 3.
- Paracétamol.
- Voie orale : 60 mg/kg/jour (possibilité d’aller jusqu’à 80 mg/kg/j) en 4 ou 6 prises (délai d’action : 30 minutes).
- Voie rectale : 90 mg/kg/j en 3 fois (délai d’action : 2 heures), à n’utiliser que si la voie orale n’est pas praticable.
- Voie intraveineuse lente : 60 mg/kg/j en 4 fois (délai d’action : 20 minutes).
Palier 2.
Pour les douleurs modérées à sévères : EVA comprise entre 4 et 6.
- Ibuprofène : à partir de 3 mois. Posologie par voie orale : 30 mg/kg/j en 3 prises (délai d’action : une heure).
- Sirop de codéine : à partir de 1 an (délai d’action : 20 minutes). Posologie : 2 à 4 mg/kg/j en 4 à 6 prises (ne pas dépasser 1 mg/kg/par prise et une dose journalière de 6 mg/kg/j : risque de dépression respiratoire).
Attention : la proportion de métaboliseurs lents (polymorphisme du cytochrome CYP2D6 convertissant la codéine en morphine qui est le produit antalgique) serait plus élevée dans la population pédiatrique expliquant une inefficacité antalgique (dans ce cas, ne pas augmenter la dose et changer de médicament).
Certaines associations codéine + paracétamol sont utilisables à partir de 3 ans (15 kg) : délai d’action de l’ordre de 30 minutes.
- Sirop de Tramadol (1 goutte = 2,5 mg) : à partir de 3 ans.
Posologie : 3 à 5 mg/kg/j en 3 prises (dose maximale : 8 mg/kg/j).
- Tramadol comprimés LP (100, 150 ou 200 mg) : à partir de 12 ans. Posologie : un comprimé matin et soir.
- Association tramadol – paracétamol (37,5/325 mg) : à partir de 12 ans. Posologie : au maximum 2 cp toutes les 6 heures (selon le poids).
Palier 3.
Pour les douleurs sévères : EVA supérieure ou égale à 7.
- Morphine.
- Sirop, ampoules : à partir de 6 mois/Gélules, comprimés : à partir de 6 ans.
Posologie : dose de charge de 0,3 à 0,5 mg/kg, puis 1 mg/kg/j en 6 prises + interdoses si douleurs persistantes.
- Patch de fentanyl (12 ou 25 microgrammes/heure) : à partir de 2 ans, pour une douleur cancéreuse stable
Posologie (indicative) : fonction de la dose quotidienne de morphine orale (30 – 44 mg/j : 12 microgrammes/j ; 45 – 134 mg/j : 25 microgrammes/h).
Les moyens non médicamenteux.
Il ne faut pas méconnaître l’intérêt chez l’enfant d’autres types d’approches non médicamenteuses, comme les « distractions », les bulles de savon (jusqu’à 8 à 10 ans), l’hypnose (à partir de 3 ans), la relaxation, sophrologie, détente, musicothérapie, les « certificats de courage »…
Article précédent
Chez le médecin
Article suivant
Les questions à l’officine
Chez le médecin
Les traitements
Les questions à l’officine
Les mots du client
Rappel physiopathologique
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques